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Trump s’attaque à John Lewis, figure des droits civiques
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Nouvel Obs) John Lewis avait annoncé qu'il ne participerait pas à l'investiture de Donald Trump.
Le président américain élu Donald Trump a vivement critiqué samedi un élu noir démocrate, John Lewis, figure historique du mouvement des droits civiques, à l'ouverture d'un week-end de commémoration de Martin Luther King. Le milliardaire n'a visiblement pas apprécié que John Lewis, un pilier du Congrès depuis trois décennies, ait annoncé qu'il n'assisterait pas à la cérémonie d'investiture du président élu vendredi prochain.
"Je ne considère pas ce président élu comme un président légitime", avait justifié le parlementaire, dans une émission qui doit être diffusée dimanche par la chaîne NBC. "Les Russes ont contribué à l'élection de cet homme. Et ils ont pris part à la destruction de la candidature de (la démocrate) Hillary Clinton", a fait valoir John Lewis, 76 ans.
Cédant à sa propension à livrer des querelles personnelles sur Twitter, Donald Trump a répliqué samedi dans une série de tweets matinaux. "Le parlementaire John Lewisferait mieux de passer du temps à s'occuper d'aider sa circonscription, qui est dans un état déplorable et qui se désintègre (sans parler de la criminalité qui la gangrène) plutôt que de se plaindre à mauvais escient des résultats de l'élection. Paroles, paroles, paroles - pas d'action ni de résultats. Regrettable!", a-t-il écrit.
Donald Trump a posté un nouveau tweet samedi soir, qui reprenait son thème de campagne selon lequel les Noirs américains vivent dans des quartiers pauvres hideux où ils n'ont pas accès à l'éducation et à l'emploi.
John Lewis "devrait enfin se concentrer sur les ghettos en flammes infestés par le crime", a écrit le président élu. "J'ai besoin de toute l'aide que je peux recevoir!"
Lewis, personnalité intouchable
Le futur 45e président des Etats-Unis a immédiatement suscité des réactions outrées, d'abord au nom de la dignité de la fonction présidentielle, ensuite en raison du respect qui entoure la personnalité de John Lewis, tant chez les démocrates que les républicains. John Lewis avait participé aux marches de protestation de Selma à Montgomery, menées dans l'Etat de l'Alabama (sud) en 1965 au nom du droit de vote des Noirs, qui ont marqué la lutte des droits civiques aux Etats-Unis.
Lors de l'une de ces marches en Alabama, les contestataires avaient été attaqués par la police locale et John Lewis avait subi une fracture du crâne.
John Lewis a été un compagnon de route de Martin Luther King, mort assassiné en 1968, dont le mémorial est au coeur de Washington.
Les leaders des droits civiques, le 6 mars 1963. De gauche à droite : John Lewis, Whitney Young, Philip Randolph, Martin Luther King, James Farmer and Roy Wilkins. (AFP)
Il y a quelques jours, lors de l'audition devant le Sénat, de Jeff Sessions, ultra conservateur, icône du Tea Party, fervent opposant à l'avortement, à l'immigration et au libre-échange, propulsé ministre de la Justice, John Lewis a témoigné contre lui en rappelant au public ce qu'était l'Amérique de la ségrégation. "Nous avons besoin de d'un ministre de la Justice qui s'occupera de tous, pas seulement de quelques-uns", avait-il conclu.
"Je ne suis pas d'accord avec ce qu'a déclaré John Lewis, mais je rends hommage à l'homme qu'il est. Son honnêteté. Son intégrité. Son courage. Des qualités inestimables", a estimé David Axelrod, un ancien proche conseiller du président sortant Barack Obama.
Une cérémonie boycottée
Les internautes reprochent aussi à Donald Trump d'être monté au créneau justement au moment où les Etats-Uniss'apprêtent à rendre leur traditionnel hommage annuel à Martin Luther King. Les attaques de Donald Trump contre John Lewis rappellent les attaques du candidat contre les parents d'un soldats mort en Irak. En s'en prenant à des symboles, le futur candidat prend le risque de s'attirer la colère des Américains.
La polémique tombe au moment où, samedi, près de 2.000 manifestants, noirs dans leur majorité, ont marché le long du National Mall, l'esplanade bordée par les principaux musées et mémoriaux de Washington. Ils avaient répondu à l'appel du révérend Al Sharpton, une personnalité respectée du mouvement de défense des droits des Noirs.
Samedi un autre parlementaire démocrate, Mark Takano, a publié sur son compte Twitter une photo de Martin Luther King, en annonçant qu'il n'assisterait pas non plus à la cérémonie d'investiture de Donald Trump.
Au total, 16 parlementaires démocrates, MM. Lewis et Takano inclus, ont déclaré publiquement qu'ils boycotteront la cérémonie.
(Avec AFP)