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Le Pen, Macron, Mélenchon en hausse - Fillon et le PS en baisse
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) L’enquête du Cevipof réalisée pour « Le Monde » et publiée jeudi confirme les tendances observées sur le terrain : consolidation du FN, écroulement du PS, flottement de Fillon et ancrage de Macron.
Les sondages sont volontiers accusés de fabriquer l’opinion publique, voire de pervertir l’esprit des électeurs. L’enquête électorale du Cevipof (centre de recherche de Sciences Po), réalisée par Ipsos Sopra Steria, en partenariat avec Le Monde, apporte la démonstration inverse. Menée du 10 au 15 janvier auprès d’un panel représentatif de 15 921 personnes âgées de 18 ans et plus, régulièrement interrogées depuis novembre 2015, la dixième vague de cette enquête inédite par son ampleur confirme, en effet, les tendances observées sur le terrain ces dernières semaines.
L’affaissement de François Fillon Depuis sa large victoire surprise à la primaire de la droite le 29 novembre 2016, l’ancien premier ministre a suscité, dans son propre camp, davantage d’interrogations que d’assurances. Qu’il s’agisse de la mise en place de son équipe ou de sa communication de campagne, du rassemblement de son camp après les affrontements de la primaire ou encore de points clefs de son projet (réforme de la Sécurité sociale, réduction drastique du nombre des fonctionnaires…), il est apparu plus hésitant que conquérant.
L’enquête du Cevipof témoigne clairement de ce flottement. Lors de la vague précédente, réalisée début décembre au lendemain de sa désignation, François Fillon était crédité de 26 % à 29 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, en fonction de l’identité du candidat socialiste et de la présence ou non de François Bayrou dans la compétition.
Six semaines plus tard, le voilà crédité de 23 % à 25 % (en recul de 3 à 4 points), selon les différentes hypothèses de candidatures socialistes et centriste. En décembre, il surclassait la candidate du Front national dans tous les cas de figure ; c’est désormais l’inverse. Et s’il suscite l’adhésion de 74 % des électeurs proches des Républicains, c’est tout de même 7 points de moins qu’en décembre ; de même, avec 53 % de leurs intentions de vote, il a perdu 10 points parmi les électeurs centristes proches de l’UDI.
Marine Le Pen consolidée Cette érosion du candidat de la droite ne peut que renforcer l’espoir de la présidente du FN de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Avec 25 % à 26 % des intentions de vote, elle fait désormais la course en tête alors qu’elle n’a pas véritablement commencé sa campagne.
Comme l’analyse par ailleurs Pascal Perrineau, non seulement l’attractivité de Fillon sur les électeurs frontistes s’est rapidement émoussée, mais Marine Le Pen peut tabler sur un électorat remarquablement fidèle et structuré autour des catégories populaires. Rappelons, en outre, qu’à pareille époque en 2012, elle était créditée de 19 % à 20 % des intentions de vote. Elle en recueille aujourd’hui 5 à 7 points de plus.
Les socialistes hors jeu Sans préjuger du résultat de leur primaire les 22 et 29 janvier et de l’élan qu’elle pourrait donner à leur candidat, les socialistes sont actuellement dans une situation d’extrême faiblesse. Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ne recueillent que 7 % des intentions de vote. Déjà testé en décembre, Montebourg n’a pas progressé d’un millimètre.
La situation de Manuel Valls est tout aussi périlleuse. Il recueille en effet 9 % à 10 % des intentions de vote selon que François Bayrou est, ou non, candidat ; dans les deux hypothèses, il est en recul de 2 points par rapport à décembre. Il y a six semaines, alors qu’il venait tout juste de se déclarer candidat, l’ancien premier ministre bénéficiait encore de l’adhésion de 50 % des électeurs proches du PS ; ce pourcentage est tombé à 41 %.
Tout aussi symptomatique, il ne recueillait en décembre que 35 % des voix des électeurs de François Hollande au premier tour de la présidentielle de 2012 ; ils ne sont plus aujourd’hui que 30 % à envisager de voter pour lui, s’il est désigné par la primaire. Quel qu’il soit, le candidat socialiste paraît, pour l’heure, condamné à une humiliante cinquième place au soir du premier tour de la présidentielle.
La dynamique Macron Après sa déclaration de candidature fin novembre, l’ancien ministre de l’économie est celui qui a marqué le plus de points ces dernières semaines, comme en attestent par ailleurs l’affluence à ses meetings et les ralliements qu’il engrange. Désormais crédité de 17 % à 19 % (dans l’hypothèse où Bayrou et Valls seraient candidats), il passe la barre des 20 % d’intentions de vote si Montebourg ou Hamon sortent vainqueurs de la primaire socialiste, soit une progression de 3 à 4 points selon les cas.
Il est manifeste que cette percée d’Emmanuel Macron a, dès à présent, éclipsé les chances de François Bayrou : le président du MoDem était crédité, au printemps 2016, de 12 % à 13 % des intentions de vote ; il n’en recueille plus que 5 %. On comprend l’hésitation du centriste à se lancer dans une quatrième candidature présidentielle : 44 % des électeurs du MoDem, son parti, se disent prêts à voter pour Macron !
Mélenchon confirme Enfin, le candidat de la France insoumise confirme son assise de 14 % à 15 % des intentions de vote, selon que Valls, Montebourg ou Hamon sera le candidat des socialistes. Jean-Luc Mélenchon les distance, pour l’heure, de 5 à 7 points, ce qui justifie son appel au vote utile des électeurs de gauche en sa faveur.
Au seuil d’une campagne qui commencera réellement en février, une fois connu le candidat socialiste, le rapport des forces est donc clair. En revanche, l’issue de la bataille présidentielle est hautement imprévisible. Engouement Macron, flottement Fillon, déréliction socialiste, consolidation Le Pen en sont les principales inconnues.