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Présidentielle française: le pire des nanars de la société du spectacle

Lien publiée le 27 janvier 2017

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http://la-sociale.viabloga.com/news/presidentielle-francaise-le-pire-des-nanars-de-la-societe-du-spectacle

Pour qui refuse de prendre le spectacle de la politique pour la politique, la campagne présidentielle en cours est désespérante. Un spectacle indigent, joué par de mauvais acteurs tient lieu et place de débat. On y agite encore les vieux drapeaux, le drapeau de la gauche et le drapeau de la droite, drapeaux défraîchis et en lambeaux qui voudraient faire croire que la politique en France continue comme avant. « Tous pour Tartempion » crient les uns, « faisons bloc pour éliminer Dugommier » répondent les autres. Mais qui se préoccupe sérieusement des graves problèmes auxquels la plupart de nos concitoyens doit faire face ? Le premier tour de la « primaire de la Belle Alliance Populaire » a de quoi déprimer les plus optimistes.

Tout commence par la proclamation des résultats. Les chiffres de participation annoncés doivent clouer le bec des grincheux. Près de deux millions de votants s’exclament les optimistes qui s’empressent d’en tirer des conclusions politiques dithyrambiques. Patatras, on révise en cours de soirée. C’est beaucoup moins bon puis dans la nuit, miracle on retrouve plus de 360000 votants ! Et le miracle continue : les résultats en pourcentage ne varient pas, à la décimale près ! Les calculateurs de la rue de Solferino tournent à plein régime… Évidemment, plus personne ne peut réellement dire quel est le résultat de cette primaire. On se croirait à une soirée de dépouillement des élections de la MNEF où quelques-uns des dirigeants socialistes d’aujourd’hui avaient fait leurs premières armes en matière de tripatouillage du scrutin. Que tout cela soit un coup monté à l’avance par les socialistes « hollandais » en vue de discréditer un vote qui donne 55 % (de quoi?) aux adversaires de Valls et du gouvernement, c’est possible. Mais il est tout aussi possible que la simple bêtise et l’incapacité à se comporter honnêtement, même en faisant des efforts fournissent la bonne explication sans imaginer je ne sais quelle manœuvre tordue de billard à cinq bandes.

Le candidat le plus honnête, c’est-à-dire celui qui essaie de penser sérieusement la question de l’Europe, celle du travail, celle des dogmes libre-échangistes, etc., se retrouve éliminé avec un résultat strictement égal son résultat de 2012. Arnaud Montebourg n’avait certes pas un discours très clair, sur bien des questions il y avait beaucoup à redire. Mais « au royaume des aveugles... ». Manuel Valls est largement distancé et il paie et sa morgue, et sa politique gouvernementale et le vide de son projet. Ses amis voient en lui un vrai républicain, presque une sorte de Clemenceau. C’est lui faire beaucoup d’honneur ! Outre que le contentieux entre Clemenceau et le mouvement ouvrier est lourd, on ne peut s’empêcher de rappeler Marx : « la première fois, c’est une tragédie, la seconde fois, c’est une farce ».

« And the winner is » Benoît Hamon ! La plus belle escroquerie de ce triste spectacle. Hamon, rocardien même pas repenti qui propose un mélange d’utopie rancie (le « revenu universel), de revendications « sociétales » (le cannabis en vente libre) d’européiste bon teint et de communautarisme sournois. Nous avons eu l’occasion d’expliquer pourquoi le revenu universel est une fausse bonne idée. Mais comme le dit Hamon lui-même, c’est la prolongation du RMI … inventé par Rocard. Avant de se rallier à lui au nom du « tous contre Valls », Filoche avait fort bien montré que le revenu universel pouvait être une aubaine pour les patrons. Outre son programme Hamon a son passif de soutien du gouvernement et de ministre (éphémère) de l’éducation nationale. Il est celui qui a accompli le programme de Sarkozy 2007 : démanteler le statut des professeurs en mettant à bas les décrets de 1950 avec pour conséquence un alourdissement des obligation des services (bravo pour l’homme du « temps libre ») et un rabotage des revenus. Mais juré : il est pour la revalorisation des revenus des professeurs. Il a toujours été également un soutien fervent de son successeur rue de Grenelle, Mme Najaud-Belkacem, notamment pour la réforme du collège. Enfin Hamon se vante d’avoir sauvé le gouvernement en refusant de voter la motion de censure contre la loi El Khomry. Or s’il y avait bien une chose qui aurait pu sauver le PS, c’était de faire chuter le gouvernement Valls. La crise aurait été ouverte, mais le PS pouvait s’en tirer la tête haute en montrant que l’attachement au mandat de ses électeurs était plus fort que les lois iniques de la Ve République.

Ceux qui pensent qu’en votant Hamon dimanche prochain ils feront chuter la politique de Valls se trompent lourdement et trompent lourdement les citoyens. On peut éliminer Valls – il est d’ailleurs assez mal parti – et conserver l’essentiel : l’européisme et l’alliance des classes moyennes supérieures et du grand capital, bref tout changer pour que rien ne change. Les amis de Gérard Filoche en soutenant Hamon pour virer Valls nous promettent de construire, dès lundi prochain « la majorité PS-PC-EELV ». On ne sait s’il faut pleurer de voir des militants sincères tomber à ce niveau de déni du réel ou s’il faut partir d’un grand éclat de rire.

Quel que soit le résultat final de la primaire, la catastrophe est inévitable. Si Hamon gagne, les notables partiront d’un coeur léger vers Macron : certains l’ont déjà comme le député d’Avallon, Caulet et les autres n’attendent que le 30 au matin. Et Hamon terminera avec un score à la Deferre 1969, tout en pouvant se féliciter d’avoir pris quelques points à Mélenchon dans le petit marigot de la « gauche de la gauche ». Si Valls l’emporte, Mélenchon peut avoir quelques espérances et Macron quelques soucis, mais rien de plus. Dans tous les cas, le PS sortira broyé de cette aventure, ce qui lui apprendra à confier son sort à des affairistes, des corrompus, des magouilleurs et partisans avoués du capitalisme, comme ce Hollande qui, pourtant, ne s’en était jamais caché.

Mélenchon n’est pas pour autant le sauveur suprême. Pour être « l’homme de la nation », il faut être De Gaulle, c’est-à-dire avoir appelé à organiser la résistance ! Mélenchon a du talent, des idées, un programme souvent intéressant, mais il a tout fait pour être seul et n’admet que des « groupies » à ses côtés. Et surtout, il continue de se vouloir le vrai représentant de la gauche, le porteur de la vraie croix, entretenant du même coup toutes sortes d’équivoques et de flous au sujet de l’Europe et de quelques autres sujets, sans parler sa vision de la politique internationale (« la France d’abord »). Il est pour la laïcité, une laïcité intransigeante (il est le seul à vouloir abroger le statut concordataire de l’Alsace-Moselle), mais il ne dit pas un mot de l’islam politique et de l’organisation par l’islamisme de nombreux quartiers de ce pays. Du même coup, il laisse le champ libre à Mme Le Pen et se trouve incapable de s’adresser aux ouvriers. Si ! dans son discours « à la classe ouvrière », il appelle les ouvriers à « sortir de leur trou » ! Merci pour eux. Du coup, sa campagne patine ; il stagne dans les sondages – même si les Français l’apprécient comme homme, car le spectacle est bon – et il n’est qu’à 250.000 signatures de soutien à sa candidature. La « France Insoumise » n’est pas un parti, à peine un mouvement et tout le monde doute à juste titre de sa capacité ou de sa volonté à organiser quelque chose de sérieux au-delà d’une présidentielle dans laquelle ses chances d’arriver au second tour sont très faibles.

Mélenchon comme ses concurrents « de gauche » sont justement victimes du recours à ce « signifiant » de « gauche » qui n’a plus de sens pour l’immense majorité du peuple travailleur qui lorgne plus que dangereusement du côté du Front National. Si Mme Le Pen n’arrive pas au second tour, ce sera uniquement parce que le FN explosera sous le poids de ses propres contradictions et non parce que le candidat du PS ou celui de la France Insoumise auront mené le bon combat.

Que faire ? André Bellon et ses amis invitent à se détourner de la présidentielle pour militer pour une assemblée constituante. Cela peut sembler irréaliste, mais c’est peut-être plus réaliste que de continuer de croire que le salut peut venir de la « gauche » ! En tout cas, si quelque chose de positif peut-être fait, c’est d’abord de se replacer sur le terrain des idées, des programmes, clarifier les choses comme nous essayons de le faire dans notre « Manifeste pour un XXIe siècle plus heureux » (à paraître). La situation internationale s’est tendue. On sait qu’une période historique est en train de se clore et il est temps que laisser le mauvais spectacle d’une Ve République en crise pour jeter les fondations d’un véritable renouveau.