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Grève dans l'éducation en Espagne

éducation Espagne lutte-de-classe

Lien publiée le 23 mai 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

MADRID, 22 mai 2012 (AFP) - Des enfants de six ans portant une pancarte avec les mots "Quel avenir nous attend?", des professeurs, parents et lycéens au coude-à-coude dans les rues: le monde de l'éducation s'est mobilisé mardi en Espagne pour une journée de grève inédite contre les coupes budgétaires.

Enseignants portant le t-shirt vert de leur mouvement, la "marée verte", parents et enfants marchant côte à côte, lycéens ou étudiants inquiets pour leur avenir, ils étaient des dizaines de milliers à défiler à Madrid, à Barcelone et dans plusieurs autres villes dont Séville et Valence.

Tous dénoncent les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement conservateur, engagé dans une difficile chasse au déficit et qui prévoit d'économiser trois milliards d'euros par an dans le secteur de l'éducation.

Le ministre de l'Education, José Ignacio Wert, a écarté tout retour en arrière, affirmant qu'il entendait "continuer la politique d'explication" de ces mesures.

Mais "la qualité de l'enseignement public empire d'année en année", regrette Eduardo Sotoro, professeur de maths de 38 ans, dans le cortège qui traverse le centre de Madrid au son des percussions et des sifflets.

"Il est très difficile de contrôler une classe de 35 élèves", remarque-t-il, visant l'augmentation du nombre d'élèves par classe.

Pour Marisa Suarez, professeur d'histoire de 53 ans, "c'est une énorme erreur de ne pas faire de l'enseignement public une priorité". "Peut-être que si nous avions investi plus dans l'éducation, le pays ne serait pas dans une telle situation", juge-t-elle.

Depuis plusieurs mois déjà, plusieurs régions espagnoles, qui gèrent le budget de l'éducation comme celui de la santé, ont pris des mesures de rigueur pour redresser leurs finances publiques, provoquant des mouvements de protestation.

Mais c'est la première fois qu'une grève nationale réunit le monde de l'éducation dans son ensemble, du primaire à l'université.

Ils étaient plusieurs milliers à Madrid, plus de 100.000 selon les organisateurs (les autorités n'ont fourni aucun chiffre). Après un défilé bon enfant, la police a chargé en fin de soirée pour disperser les derniers groupes et a procédé à trois arrestations pour trouble à l'ordre public.

A Barcelone, il étaient 25.000 selon la police, plus de 150.000, selon les organisateurs.

En tête de cortège, dans la capitale catalane, des enfants de six ans brandissaient une pancarte colorée avec cette interrogation: "Quel avenir nous attend?".

"Education publique de qualité!", "Non à la privatisation", scandaient les manifestants dont certains étaient venus en famille tandis que des enseignants arboraient des chemises jaunes sur lesquelles était écrit "SOS éducation publique".

"Il ne s'agit pas seulement des professeurs et des élèves. Cela nous touche tous. J'ai travaillé jusqu'ici comme concierge, ce qui m'a permis d'envoyer ma fille à l'université. Mais est-ce que ces enfants vont pouvoir étudier?", s'interrogeait Rogelia Fortuna, une retraitée de 65 ans.

"Nous sommes tous obligés de descendre dans la rue et de crier pour réclamer une éducation et une santé de qualité, comme on en a eu jusqu'à maintenant", disait aussi Joanna Marti Virgili, étudiante en philosophie de 29 ans.

La grève a été suivie dans le pays à 80%, selon les syndicats d'enseignants, à 22,7% selon le ministère de l'Education.

Le gouvernement central a demandé aux régions d'économiser sept milliards par an dans les dépenses de santé et trois dans l'éducation: il va notamment les autoriser à augmenter les frais d'inscription à l'université, qui passeraient de 1.000 à 1.500 euros en moyenne, de 50% et à augmenter de 20% le nombre d'étudiants par classe.

"Avec toutes ces coupes, et celles à venir, je se sais pas si je vais pouvoir continuer à payer mes études", s'inquiétait Javier Negre, un lycéen de 17 ans venu manifester à Madrid. "Ma mère est au chômage depuis presque deux ans. Il n'y a pas de travail pour les jeunes. Comment vais-je payer?"