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La mort de Pierre Bouteiller, grand homme de radio

Lien publiée le 10 mars 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.lefigaro.fr/culture/2017/03/10/03004-20170310ARTFIG00087-la-mort-de-pierre-bouteiller-grand-homme-de-radio.php

DISPARITION - Homme de radio et de télévision, amoureux du jazz, il avait l'ironie à fleur de voix. Il a dirigé les programmes de France Inter puis de France Musique. Il s'est éteint à l'âge de 82 ans.

Après Jean-Christophe Averty il y a quelques jours, c'est une autre très grande figure de l'audiovisuel public qui quitte la scène. Comme ses amis, Pierre Bouteiller avait une haute idée de la radio et de la télévision et comme eux, c'était un homme cultivé à l'esprit vif et brillant. Comme eux, il avait une voix au grain particulier, un ton persifleur qui firent beaucoup pour le succès des émissions qu'il créa et anima.

Pierre Bouteiller était né le 22 décembre 1934 à Angers. Très tôt sa famille l'avait mis au violon et, plus tard, l'adolescent apprit seul à jouer du piano. Il se rêvait chef d'orchestre et aimait toutes les musiques, avec une préférence pour le jazz et il appartenait alors à une petite formation, un Jazz Band d'étudiants. C'est en écoutant l'émission de Frank Ténot et Daniel Filipacchi Pour ceux qui aiment le jazz qui faisait les belles nuits d'Europe N°1, qu'il pensa au journalisme et tenta le concours des jeunes reporters organisé par la station. Il fut l'un des trois lauréats et intégra la très dynamique station en 1958.

Il est jeune, vif, avec une silhouette d'Arlequin malicieux et on ne sait quoi de mélancolique dans le regard et le visage. De hautes paupières, des poches sous les yeux, des rides d'expression, il y a toujours eu en lui quelque chose qui démentait la bonne humeur et l'esprit brillant et la fausse désinvolture qu'affichait souvent ce dandy des ondes qui ne craignait pas l'insolence.

D'ailleurs si l'on en croit ses souvenirs, Radioactif (Robert Laffont, 2006), Europe N°1 le congédie pour quelques mots à l'endroit du Général De Gaulle…Qu'importe! Il entre à France Inter, antenne idéale pour lui, à l'époque. Embouteillages, à 9h du matin, à partir d'octobre 69 est un rendez-vous formidable où son goût pour la culture, toutes les cultures, peut s'exprimer.

Sa voix ne séduit pas que les mamans qui viennent de poser leurs enfants à l'école. Les artistes raffolent de Bouteiller qui vagabonde avec intelligence et s'attache des chroniqueurs aussi spirituels que lui. Ainsi le critique de mode Pierre-Yves Guillen invente-t-il une rubrique irrésistible intitulée Le Panier de la ménagère.

Il y aura plusieurs plages horaires dans la vie de Pierre Bouteiller, à France Inter. On l'installe à 18h, ce qui élargit grandement son cercle. Les titres des émissions se bousculent: Le MagazineComme de bien entenduQuoi qu'il en soit. Il y cultive son goût de la découverte et anime également des années durant Le Masque et la Plume.

Un homme de fidélité

En 1981, il entre à TF1 (sans abandonner le service public). Il n'y reste guère, juste le temps de supprimer le ringard concours de l'Eurovision et de mettre en place Droit de réponse de Michel Polac. Il présente deux magazines sur France Musique à partir de 84, crée un rendez-vous culturel quotidien sur M6. Il s'agit d'une émission où les invités sont reçus en direct, un magazine très couru par les artistes, les écrivains et qui inspirera le Cercle de Minuit de France 2, dans les années 90.

Huit ans plus tard, en 89, il est directeur des programmes de France Inter. Il dope l'audience. Il rajeunit la station en donnant leurs chances à de nouveaux talents, tels Laurent Ruquier qui plus tard l'accueillera dans son émission, On va's gêner!. Car Bouteiller, homme de fidélité, inspirait la reconnaissance et l'amitié.

Il est directeur des programmes d'Inter jusqu'en 96. Il crée une petite maison de production avec laquelle il réalise des films très intéressants sur de grandes personnalités de l'époque. Pierre Boulez comme des comédiens populaires et puis les grandes figures du jazz, bien sûr. En cette année 96, il est candidat à la présidence de Radio France, un poste auquel il pouvait tout à fait prétendre. Mais c'est un politique qui est choisi par le pouvoir. Pierre Bouteiller qui n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait condensa les compétences du nouveau patron: «Il eut toujours du mal à distinguer un micro d'un grille-pain.»

Il reprend tout de même son activité de producteur et d'animateur et s'entoure de journalistes talentueux dans Quoi qu'il en soit : Gérard Lefort, Kathleen Evin, Isabelle Motrot, Katherine Pancol. Ça swingue! En 1999, il est nommé directeur de France Musique qu'il rebaptise France Musiques. Il y fait un bon travail de diversification, mais là encore, ne se fait pas que des amis. Cinq années fertiles qui se terminent parce que le nouveau PDG de Radio France, Jean-Paul Cluzel, le trouve trop vieux.

C'est un coup pour cet homme qui n'aime que la suractivité sous ses dehors nonchalants. Jean-François Bizot qui a repris en 99 TSF Jazz avec Frank Ténot, lui offre Si bémol et fadaises. Il retrouve le créneau de 9h du matin, qu'il aime beaucoup.

Ses dernières années furent plus tristes. Il était malade et, si l'on sentit toute la joie qui était la sienne lorsque fut fêté en grand apparat le 50ème anniversaire de France Inter, on sentit aussi son désarroi. Il laisse des milliers d'heures d'antenne à l'INA, des films, des documents précieux pour tous ceux qui ont la passion de la transmission.