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Départements: comment la droite rackette les bénéficiaires du RSA

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Lien publiée le 26 mai 2017

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http://www.humanite.fr/departements-comment-la-droite-rackette-les-beneficiaires-du-rsa-636607

Bas-Rhin, nord, isère… le flicage des plus pauvres s’attaque à leurs maigres allocations. 

Deux allocataires du RSA errent en plein désert. Dessins tristes, sombres. Régis (1), illustrateur de 43 ans, a rangé ses pinceaux de couleur. Désormais, son quotidien, il le dessine en noir et blanc, miroir d'une vie qui s'obscurcit. Précaire depuis des années, l'artiste bénéficiait jusqu'ici sans problème du RSA activité en complément de son travail. Mais le renforcement des contrôles dans son département du Maine-et-Loire a transformé ses fins de mois difficiles en descente aux enfers.

En septembre 2016, Régis reçoit un courrier et doit tout à coup présenter trois mois de relevés de comptes, de quittances de loyer et prouver que sa fille est bien scolarisée. Une intrusion dans sa vie privée qui se poursuit avec la venue à domicile des contrôleurs de la caisse d'allocations familiales (CAF). « Ils ont continué leur enquête en remontant l'historique sur deux ans, raconte Régis. Et là, j'ai dû justifier les chèques que ma mère m'avait faits pour le Noël de mes deux enfants et pour payer le trajet en train ! On m'a aussi demandé des comptes sur 1 euro symbolique que j'avais gagné lors d'un procès. Ça va très très loin. »

Sonné, l'allocataire apprend en mars dernier que le RSA et une partie de son APL sont suspendus le temps de la « régulation » de son dossier. Régis se voit aussi réclamer 7 000 euros de trop-perçu. Sa compagne est entraînée dans la galère. « Comme nous sommes en RSA couple, elle non plus ne touche plus rien et devient solidaire des indus. » En compensation, Régis reçoit une aide d'urgence de... 70 euros octroyée par le département. « Mais je suis tellement traumatisé que je ne sais pas si on ne va pas me demander de déclarer cette aide. J'ai aussi eu droit à des bons alimentaires, car pendant un temps, nous avons eu du mal à manger. » Pour survivre à cette attente insoutenable, il a fait appel à la solidarité sur Facebook. « On voit bien que le seul objectif du conseil général est de faire du chiffre. Plein de personnes précaires de mon entourage se retrouvent dans cette situation. »

Régis n’est pas un cas isolé. Depuis quelques années, certains départements, pour l’essentiel dirigés par la droite, ont décidé de renforcer les contrôles des bénéfi ciaires du RSA. Aux avant-postes du fl icage, le Nord, l’Isère, la Drôme, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin qui, tous, se sont dotés de fonctionnaires spécialisés dans la chasse aux fraudeurs, alors même que, pour la plupart, ils s’étaient désengagés de toute politique d’insertion. « Les mêmes qui n’ont rien fait pour nous aider à nous en sortir nous accusent maintenant parce qu’il n’y a plus d’argent », constate, amer, Alain Guézou, fondateur de RSA 38 et qui avait marché en 2013 jusqu’à l’Élysée pour alerter sur le sort des allocataires. Le département le plus emblématique reste le Nord. Autorisé par la Cnil à recouper le fi chier du RSA avec celui de Pôle emploi, son service de lutte contre la fraude a identifi é 45 000 allocataires qui, faute d’inscription à l’ex-ANPE, risquent de voir leur RSA réduit ou supprimé.