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Loi Travail: Pourquoi Mélenchon et les syndicats ne sont pas sur la même longueur d’onde
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
POLITIQUE - Première journée de "la bataille populaire". Alors que son groupe de La France insoumise est très actif à l'Assemblée contre la réforme du code du Travail, Jean-Luc Mélenchon lance en parallèle une mobilisation dans la rue. Il a donné rendez-vous ce mercredi place de la République à 18 heures pour une manifestation qu'il espère se répandre partout en France.
"Je demande à mes amis partout dans le pays d'organiser des rassemblements le 12 juillet, de le proposer aux autres", avait-il déclaré au lendemain du vote de confiance à Édouard Philippe. Seulement, cet appel a été peu suivi, particulièrement par les syndicats qui veulent rester en dehors de cette contestation politique. Aucune grande centrale n'a répondu favorablement quelques jours après une première manifestation à l'appel d'une intersyndicale devant l'Assemblée.
"Qu'on aille pas dire c'est la France insoumise toute seule. Oui mais on n'a pas le temps d'organiser des grandes rencontres, de faire des communiqués à 50-12 milles signatures. Vient qui veut. Notre sujet, c'est que tout le monde s'intéresse. Les syndicats ont déjà commencé leur part, j'ai vu du matériel de la CGT", explique Jean-Luc Mélenchon dans une vidéo publiée sur Twitter.
"Nous prenons notre part. Les syndicats ont la leur, ils décideront ce qu'ils veulent", ajoutait-il récemment sur RMC et BFMTV. Cela semble ne pas être la lune de miel entre le héraut de la gauche radicale et les syndicats qui ont pourtant, en théorie, des intérêts communs. C'est comme si ses oppositions à "la loi Travail XXL" étaient plus concurrentes que complémentaires.
Chacun son rôle
"Il fait ce qu'il veut, il est dans son mouvement politique. Les politiques rêvent souvent de doubler les syndicats en matière sociale. Leur préoccupation principale devrait être d'écouter les syndicats", a taclé Philippe Martinez, patron de la CGT. "Nous n'avons pas de relations formelles avec lui mais seulement des échanges ponctuels, le plus souvent à leur demande. Nous sommes très attachés à l'indépendance vis-à-vis des partis politiques", lance Yves Veyrier, porte-parole de Force Ouvrière.
Il ne voit pas forcément d'un mauvais oeil que Jean-Luc Mélenchon mène le combat à l'Assemblée. Pour peu, qu'il ne déborde pas de son terrain. "Nous ne sommes pas sur le même terrain, chacun avec un rôle différent. Que l'opposition politique critique les ordonnances parce que se sent dessaisi, c'est son droit mais n'oublions pas que c'est aussi par ordonnances que la Sécurité sociale a été créée ou que la cinquième", souligne-t-il.
Du côté de chez Solidaires, c'est la même ligne. "Aujourd'hui, la discussion est à l'Assemblée nationale. C'est logique que les députés insoumis, comme les communistes d'ailleurs, s'y fassent entendre. Jusqu'à présent nous d'avons pas de contacts officiels avec eux mais cela ne nous empêchent pas d'être dans des appels communs contre le texte", indique Eric Beynel.
Et pour savoir si ces dirigeants de syndicats voient d'un bon oeil la mobilisation dans la rue lancée par Jean-Luc Mélenchon, il suffit de lire cette réponse. "On verra bien combien ils seront à République", sourit l'un d'entre eux. "Mais de toute façon, ce ne sont pas les députés, aussi motivés soient-ils, qui feront plier le gouvernement. C'est la mobilisation syndicale dans la rue qui le permettra", reprend Eric Beynel.
Un front syndical désuni
Seulement, jusqu'à présent, le front syndical est désuni. Sentant qu'il n'obtiendra pas gain de cause dans la négociation, Philippe Martinez a lancé un appel à manifester le 12 septembre. Ce devrait être la première grande mobilisation de l'ère Macron. Solidaires y sera après un tour de chauffe le 30 août lors de l'université d'été du Medef "qui sont les vrais donneurs d'ordre de cette réforme".
Mais pour le moment, Force Ouvrière n'est pas sur cette ligne. "On ne peut pas être crédible dans la discussion avec un appel à la grève dès maintenant", déplore Yves Veyrier qui veut attendre fin août et avoir le contenu des ordonnances avant de bouger. Une position qui vaut à son patron Jean-Claude Mailly d'être accusé de macronphilie. Cette accusation ne tient pas, explique son porte-parole. "Si on n'est pas entendu, on aura d'autant plus de légitimité pour contester et dénoncer qu'on aura participé sérieusement à la discussion", dit-il.
Face à des syndicats qui sont pour le moment inaudible, c'est bien Jean-Luc Mélenchon qui apparaît comme l'opposant numéro un à cette réforme. Jusqu'en septembre, au moins, il doit tout faire pour confirmer ce leadership.