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Le PTB sur le Venezuela
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Venezuela : le choix entre une politique sociale souveraine ou une intervention de la CIA
27 juillet
Bert De Belder
Ce sont des jours de tension pour le Venezuela et son projet de société à caractère social, la révolution bolivarienne. Le dimanche 30 juillet auront lieu des élections pour une assemblée constituante. L’opposition de droite les boycotte et mise sur la violence des rues contre le gouvernement de Maduro. Trump, la CIA, mais aussi la Commission européenne, s’en mêlent. Qui en sortira gagnant ?
Depuis les élections de fin 2015, le Parlement vénézuélien est aux mains de l’opposition de droite, alors que le pays a un président et un gouvernement de gauche. Ce n’est pas si inhabituel – nous voyons parfois une « cohabitation » de ce genre en France ou aux États-Unis également. Mais la droite vénézuélienne affirme sans sourciller qu’elle entend chasser le président Maduro du pouvoir, et ce, avant la fin même de son actuel mandat (qui court jusque fin 2018). Violence des rues, pénurie organisée, blocage des institutions et violence importée par les paramilitaires colombiens, tels sont les ingrédients clés visant à rendre le pays ingouvernable. Les actes de violence ont déjà tué 100 personnes - dont pas plus de sept imputables à coup sûr aux forces de l’ordre.
Le président Maduro mise sur le dialogue et la pacification au Venezuela et il essaie d’amener l’opposition à reconnaitre les institutions du pays. Pour aborder cette impasse, le pouvoir organise dès maintenant des élections en vue de désigner une assemblée constituante. Le dimanche 30 juillet, les Vénézuéliens pourront désigner, par suffrage universel, direct et secret, les 537 membres d’une Assemblée constituante nationale – 364 au niveau municipal et 173 en tant que représentants des divers secteurs sociaux (auquel il convient d’encore ajouter 8 représentants des populations indigènes, qui seront élus au sein de leurs propres communautés). Cette assemblée constituante aura pour tâche d’adapter l’actuelle constitution, qui date de 1999, afin de la présenter ensuite à la population via un référendum.
Pourquoi actualiser la constitution ? Le gouvernement Maduro entend ancrer constitutionnellement bon nombre d’acquis de près de vingt ans de révolution bolivarienne, acquis qui se répartissent selon neuf thèmes :
1. paix et dialogue national
2. une économie diversifiée, pour une période post-pétrole
3. les programmes sociaux (les fameuses « misiones » de Hugo Chavez)
4. une système juridique plus performant
5. les nouvelles formes de démocratie participative
6. la défense de la souveraineté nationale contre les ingérences étrangères
7. le caractère multiculturel du Venezuela
8. les droits et l’avenir des jeunes
9. le réchauffement climatique et la protection de la vie sur la planète.
Mais tout cet exercice est rejeté à l’avance par l’opposition. Celle-ci a organisé son propre référendum symbolique le 16 juillet, en dehors de tout cadre légal. Et elle attise surtout l’agitation contre le gouvernement Maduro. Pour ce faire, elle reçoit un soutien émanant d’un coin pas tout à fait inattendu. Une déclaration officielle de Trump donne le ton : « Les États-Unis n’assisteront pas passivement à la façon dont le Venezuela s’en va à vau-l’eau. Si le régime de Maduro impose son assemblée constituante le 30 juillet, les États-Unis prendront des mesures économiques sévères et rapides. »
Les États-Unis et la Commission européenne pour l'ingérence et la déstabilisation
Et les choses n’en restent pas là. Le 20 juillet, Mike Pompeo, directeur de la CIA, déclarait lors d’une conférence du Forum sur la sécurité qui se déroulait à Aspen (Colorado, États-Unis) : « Nous avons le bon espoir d’assister à une transition politique au Venezuela, et nous, à la CIA, faisons de notre mieux pour comprendre la dynamique sur place. […] Voici quinze jours, j’étais à Bogota (Colombie) et au Mexique, et j’y ai précisément apporté ce thème [d’une transition politique au Venezuela], dans une tentative de leur faire comprendre ce qu’ils pouvaient faire pour obtenir de meilleurs résultats dans cette partie du monde. »
Le site internet de l’ambassade des États-Unis à Caracas conseille entretemps aux Américains dans le pays de faire des réserves d’eau potable et de nourriture au cours des prochains jours et de prendre garde aux « manifestations aux intentions pacifiques, mais qui peuvent se muer en confrontations violentes avec les services d’ordre »...
La Commission européenne elle aussi paie de sa personne : Federica Mogherini, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a exprimé ouvertement son soutien au référendum illégal de l’opposition et a également brandi la menace de sanctions si Maduro persiste à vouloir organiser ses élections pour une assemblée constituante.
Menacer de sanctions économiques, mobiliser en faveur d’une transition politique et spéculer sur des actions de rue violentes, voilà qui constitue une ingérence inouïe dans les affaires intérieures du Venezuela et ce, à l’encontre de tout droit international.
La gauche latino-américaine pour la souveraineté et la démocratie
Les États-Unis, l’Union européenne et la droite vénézuélienne se positionnent ainsi en droite ligne contre la quasi-totalité d’un continent. La semaine dernière, dans la capitale du Nicaragua, Managua, avait lieu la réunion annuelle du Forum de Sao Paulo, qui rassemble les gouvernements progressistes, les partis de gauche et les mouvements sociaux de toute l’Amérique latine. Le Forum de Sao Paulo s’est déclaré unanimement solidaire avec le gouvernement démocratiquement élu du Venezuela, et ajoute que « la seule façon de faire triompher la démocratie consiste à consulter le peuple, et non à organiser des coups d’État, comme nous en avons vu récemment au Brésil, au Paraguay et au Honduras ».
Le Forum de Sao Paulo justifie son point de vue selon un angle plus large : « Les principales attaques de l’impérialisme et de ses alliés en Amérique latine et aux Caraïbes sont dirigées contre le Venezuela et sa révolution bolivarienne, en raison de ses précieuses richesses naturelles et de son importance géopolitique et stratégique. Ils escomptent qu’une défaite du Venezuela aura un effet domino sur les autres gouvernements de gauche de la région et que, de la sorte, le modèle d’union politique, de collaboration et d’intégration – comme cela prend forme entre autres au sein de l’ALBA – en ressortira affaibli. D’où l’importance de défendre le Venezuela et d’empêcher la concrétisation de ces plans. La lutte pour le Venezuela est une lutte pour tout le continent, pour le monde entier. »