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La théorie économique de Marx est-elle profitable ?

économie marxisme

Lien publiée le 30 juillet 2017

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https://histoireetsociete.wordpress.com/2017/07/11/la-theorie-economique-de-marx-est-elle-profitable/

Je vous propose à nouveau une traduction de l’économiste marxiste Michaêl Robert. Dans cet entretien, Michaël répond aux questions de José Carlos Diaz Silva, du département d’économie de l’Université de Mexico (UNAM). Il aborde à nouveau et de manière toujours pédagogique les fondamentaux de la théorie marxiste en économie, les principaux points de divergences (en général et sur la situation actuelle) entre celle-ci et ses concurrentes, qu’il s’agisse des théories dominantes néo-libérales ou des théories dites « hétérodoxes », notamment post-keynesiennes.

Franck MARSAL

Michaël Roberts, le 1er juillet 2017

J’ai été récemment interviewé sur mon ouvrage « La longue dépression », et sur divers autres idées économiques par José Carlos Diaz Silva du Département d’Economie de l’Université Nationale de Mexico (UNAM) dans laquelle je suis invité en mars 2018 prochain pour donner une série de conférences. Dans la première partie de cette interview, publiée il y a plus d’une semaine, José m’a questionné sur les thèmes principaux de mon livre.
Dans cette seconde partie d’interview, nous avons discuté de l’importance de la profitabilité pour comprendre l’état des économies capitalistes et de l’attractivité des théoories économiques marxistes pour les étudiants en économie.

JCD : La baisse du taux de profit est-elle une explication générale de la crise, qui s’exprime différemment dans chaque pays ?

MR : Oui, c’est une bonne manière de poser les choses. Nous n’avons pas à proprement parler un taux de profit mondial car il y a des barrières nationales au commerce et aux flux de capitaux et des états nationaux avec des législations et des taxes différentes etc qui affectent les flux et la détention du capital. Les états capitalistes dominants ont ainsi des taux de profit différents et des déclencheurs de crises différents des économies capitalistes plus petites ou plus faibles.

JCD : Est-il possible de réfléchir au calcul d’un taux de profit mondial ? Quel est le sens de cela ?

MR : Bien, théoriquement, de mon point de vue, le concept d’un taux de profit mondial basé sur un montant global de capital fixe et de capital circulant se déplaçant d’un secteur à un autre globalement devient de plus en plus réaliste. Par rapport à ce qu’il était il y a 150 ans, le capitalisme enserre chaque coin de la planète. Les barrières nationales au commerce, à l’emploi et aux flux de capitaux perdurent. C’est pourquoi il n’est pas possible de justifier entièrement un tel taux mondial et le mesurer est également difficile. Néanmoins, nous pouvons commencer à faire de telles mesures et plusieurs universitaires, dont moi, ont tenté de le faire, en utilisant un agrégat de taux de profit nationaux. Les résultats ont été encourageants car ils révèlent des tendances globalement similaires et valident en général les lois de Marx.

JCD : Y-a-t-il de grandes différences de taux de profit entre les différents pays ? Ces différences pourraient-elles expliquer les mouvements internationaux de capital ? Comment cela peut-il être relié aux mouvements internationaux du capital financier et, plus spécifiquement, du capital monétaire ?

MR : Oui, il y a de grandes différences dans les niveaux de taux de profit des différents pays. Théoriquement, les lois de Marx suggèreraient que le taux de profit soit plus élevé dans les pays dits « émergents » où la composition organique du capital doit être plus faible (davantage d’utilisation de travail humain). Et nous nous attendrions à ce que, alors que ces pays s’industrialisent, la composition organique du capital augmente et le taux de profit chute. Et les travaux empiriques qui ont été réalisés montrent précisément cela !
Théoriquement toujours, nous nous attendrions à ce que le flux de capital soit dirigé vers ces économies au taux de profit plus élevé. Il y a précisément des indices matériels qui suggèrent que c’est effectivement le cas – dans la période de mondialisation, le flux de capitaux vers les économies émergentes augmenta rapidement. Mais il est vrai aussi que les flux de capitaux entre les économies avancées (Europe, USA, Japon) sont encore plus importants. Cela est peut-être dû aux accords commerciaux et d’investissements ainsi qu’au large stock de capital se trouvant déjà dans ces économies. Le capital financier se déplace plus éfficacement et plus rapidement là. Egalement, dans la récente période de financiarisation, et avec une profitabilité du capital productif en chute, les capitaux ont fui vers des marchés de capitaux fictifs (portefeuilles capitalistes) et non vers les secteurs les plus productifs.

JCD : Du point de vue de la thèse de la baisse du taux de profit, comment expliquez vous ce qu’on appelle la « financiarisation » ? Pour la période « néo-libérale », que pensez vous de l’explication donnée dans le dernier livre d’Anwar Shaikh ?

MR : Bien que la profitabilité dans les principales économies est stoppée sa baisse du début des années 80 à la fin du 20ème siècle, du fait de facteurs contraires, un de ces facteurs était le transfert du capital productif, dont la profitabilité n’est pas remontée vers les secteurs financiers et improductifs comme l’immobilier. Les profits financlers ont explosé et l’investissement se faisait dans les secteurs spéculatifs. La financiarisation peut être le terme approprié pour désigner ce développement. De mon point de vue, cela ne signifie pas que le capital financier soit désormais le facteur décisif des crises ou des récessions. Pas plus que cela ne signifie que la Grande Récession était simplement une crise financière ou un « Minsky moment » (par référence à la théorie d’Hyman Minsky  selon laquelle les crises sont le résultat d’une instabilité financière seule). Les crises apparaissent toujours comme une panique monétaire ou un effondrement financier, parce que le capitalisme est une économie monétaire. Mais il s’agit seulement d’un symptome des causes sous-jacentes de la crise, en d’autres termes, de l’impossibilité de gagner suffisamment d’argent ! L’explication de la crise que donne Anwar Shaikh dans son dernier ouvrage semble plutôt proche de la mienne, si ce n’est qu’il semble avoir davantage de foi dans les politiques Keynesiennes de dépenses publiques et du multiplicateur comme moyen pour le capitalisme d’éviter ou de retarder les crises.

JCD : Selon les données, la ligne causale des crises par d’une baisse de la profitabilité jusqu’à une réduction du niveau global des profits. Cela conduit à une chute de l’investissement, puis de la production et de la consommation. Donc la baisse de la consommation est une expression de la crise, mais non sa cause. Cette thèse invalide la théorie de Minsky – Kalecki à double titre : a) les déterminants des profits et b) le rôle de l’instabilité financière ?

MR : Oui, cela résume bien, de mon point de vue, le processus causal des cycles d’expansion et de récession. Et les données empiriques valident cette ligne causale. Contrairement à ce que pensent les Keyniesiens, le mouvement de la consommation individuelle ne dirige pas les récessions. il coincide avec elles, et est donc une partie de la description d’une récession. En réalité, la consommation individuelle ne chute pas tant dans les récessions (même lors de la Grande Récession). Ce qui chute lourdement est l’investissement capitaliste et cette chute précède la récession ou la baisse de la consommation ou de l’emploi. Donc l’investissement capitaliste est le facteur déterminant, pas la consommation. L’investissement est une part de la « demande agrégée » pour utiliser les catégories Keynseiennes, mais il est déterminé par les profits et la profitabilité – contrairement à la vision théorique de Keynes – Kalecki qui voit l’investissement comme créant le profit. Leur vision es partiellement due au fait que Keynes et Kalecki acceptent le marginalisme et rejettent la théorie du profit de Marx, basée sur la valeur de l’exploitation du travail. En réalité, pour Kalecki, le profit est seulement une rente venant d’un pouvoir de monopole qui se substitue à la concurrence. Dès lors, nous avons en place des explications hétérodoxes du capitalisme moderne comme un capitalisme d’extraction de rente, de capitali monopoliste, de capital financier – mais pas d’un capitalisme véritable qui réalise son profit à partir de l’exploitation du travail.

JCD : Pouvons nous affirmer, comme Dumenil et Levy le font, qu’il y a deux types de crises, la crise classique de profitabilité et une autre qui est une crise des finances du capitalisme ?

MR : bon, nous pouvons l’affirmer, mais est-ce vrai ?   D-L soutient   que la dépression de 1880 était une crise classique de profitabilité ; que le crash de 1929 et la dépression des années 1930 ne l’était pas. Elle serait plutot une crise de croissance des inégalité et de la dette, déclenchant une récession spéculative. Les années 1970 seraient une autre crise classique de profitabilité, mais le crash financier global de 2008 et la Grande Récession serait similaire à 1929 et aux années 30 – le résultat d’inégalités croissantes et de la dette.
Si D-L a raison, alors, nous, marxistes, n’avons pas de théorie générale viable des crises dans la mesure où chaque crise majeure du capitalisme apparaît comme ayant une cause différente. Nous pouvons alors retomber sur les théories des Post-keynesiens – ricardiens qui examinent une théorie de la distribution, c’est à dire que certaines crises sont des crises « de salaires », comme l’actuelle, due à une chute de la part des salaires résultant d’un manque de demande de travail ; ou « de profit » comme dans les années 70, lorsque les salaires ont réduit les profits.

Par chance, les preuves, de mon point de vue, ne montrent pas que D-L ou les post-keynesiens ont raison. Lorsque la part des salaires est ajustée des prestations sociales, le revenu global du travail, comme part du revenu national net ne baisse pas durant la période néo-libérale. La part des salaires baisse dans le secteur capitaliste, car le taux de plus-value augmente, mais pas en mesure d’ensemble de l’économie. Les inégalités croissantes sont le résultat d’un taux de plus-value en hausse et des gains du capital dans la finance spéculative, mais elles ne furent pas la cause des crises. Toutes les crises majeures viennent après une chute de la profitabilité (en particulier dans le secteur productif) suivie d’un effondrement des profits (profits industriels en 1870 et 1930 et profits financiers d’abord lors de la Grande Récession). Les salaires ne se sont pas effondrés lors d’aucune de ces récessions avant qu’elles n’est commencées.

JCD : Y-a-t-il une possible solution pour la crise actuelle ? Pouvons nous parler d’une tendance du capitalisme mondial vers sa décomposition ? Un scénario de guerre généralisée est-il réellement une possibilité ? Dans un tel cas, cela pourrait-il être une solution pour le capitalisme mondial comme ce fut le cas pour la seconde guerre mondiale ?

MR : Il n’y a pas de crise permanente. Si l’action politique humaine est absente dans le changement du mode de production capitaliste, alors, le capitalisme revivra lorsque la profitabilité du capital sera restaurée – pour un temps. De mon point de vue, restaurer la profitabilité nécessitera une autre récession majeure avant la fin de la décennie – et la « reprise » actuelle, depuis la fin de la Grande Récession mi 2009 est désormais vieille de 8 ans. Si une nouvelle récession rétablit réellement la profitabilité, le capitalisme pourrait retrouver un nouveau bail qui pourrait durer quinze ans, comme ce fut le cas après la 2nde guerre mondiale. Cette guerre fut très efficace pour augmenter la profitabilité des principales économies à des niveaux élevés qui n’avaient pas été vus depuis les années 1890. Cela fournit la base pour l’expansion capitaliste en Europe, Japon, aux USA et dans l’Asie industrialisée.
Selon moi, une autre guerre mondiale est très improbable, dans la mesure où, à cette époque, une telle guerre menacerait d’annihiler le capitalisme lui-même et nous avec. Cela pourrait arriver seulement si un fasciste lunatique ou des dictateurs militaires venaient au pouvoir dans les principaux pays impérialistes. Une guerre entre les USA et la Chine ou la Russie est donc exclue à moins que cela n’arrive. Plus probablement, la profitabilité sera restaurée par une nouvelle récession économique et l’échec de la classe ouvrière à remplacer le capitalisme, comme cela est arrivé dans les années 1890.  Il y a une montagne de nouvelles technologies à employer (robots, IA, génétique) qui pourrait évincer le travail et augmenter la productivité. Mais, seulement pour un moment. Comme le montrent les lois de Marx, la composition organique du capital augmentera et le taux de profit pourra finalement se redresser. Et chaque fois, il est plus difficile pour le capitalisme de développer les forces productives et d’être profitable. C’est sa Némésis (NdT : Némésis est la déesse grecque de la vengeance), en même temps que la croissance supplémentaire de la classe ouvrière mondiale qui n’a jamais été aussi importante.

JCD : En défendant la chute du taux de profit, on suppose que la théorie Marxiste de la valeur travail est valable. Dans le contexte de la monnaie fiduciaire et des taux de changes administrés (pas dans tous les cas) par les banques centrales, comment le lien entre ces deux phénomènes et la théorie de la valeur travail peut-il être expliqué ?

MR : Oui, la loi de Marx de la profitabilité est intimement connectée avec sa théorie de la valeur, car elle repose sur deux hypothèses, toutes deux réalistes du point de vue de Marx. La première est que toute valeur est créée seulement par le travail (en conjonction avec les ressources naturelles) et que le mode de production capitaliste et la concurrence mènent à une composition organique tendanciellement croissante (NdT : la composition organique du capital, dans la théorie de Marx est la part de la valeur engagée par les capitalistes sous forme « morte », l’achat de machines et de matières premières, qui se répercute dans le prix final sans créer de plus-value par opposition à la force de travail « vivante », d’emploi de travail – donc les salaires dont le capitaliste fait l’avance avant de réaliser la production – qui est source de plus-value. La concurrence pousse les capitalistes à élargir la production, à baisser les couts unitaires en mécanisant et en automatisant, ce qui augmente la composition organique.). Mais le capitalisme est une économie monétaire. Les capitalistes commencent avec de l’argent comme forme de cristallisée de la valeur précédemment accumulée et avancent l’argent pour acheter des moyens de production et employer des salariés, qui ensuite, produisent de nouveaux biens ou services (nouvelles valeurs) qui sont échangées sur le marché contre de la monnaie. La monnaie possédée s’accroit à travers l’exploitation du travail.
Le capitalisme est une économie monétaire mais ce n’est pas une économie de monnaie (pure). La monnaie ne peut pas produire davantage de monnaie si de nouvelles valeurs ne sont pas créées et réalisées. Et cela nécessite l’emploi et l’exploitation de force de travail. Marx qualifie de fétichiste l’idée selon laquelle la monnaie peut créer seule davantage de monnaie à partir de rien. Pourtant, les économistes dominants et certains hétérodoxes semblent penser que c’est possible. Lorsque les banques centrales augmentent l’offre de monnaie en imprimant de la monnaie « fiduciaire » ou en créant des réserves bancaires (dépots), plus récemment appelé « assouplissement quantitatif », cela n’augmente pas la valeur créée. Cela ne serait le cas que si cette monnaie est alors placée en usage productif en accroissant les moyens de production ou la force de travail pour augmenter la production et donc accroître la valeur. Mais, comme Marx l’expliqué il y a longtemps, dans les années 1840, contre la théorie quantitative de la monnaie, augmenter simplement la quantité de monnaie fiduciaire n’augmentera la valeur et la production, mais plus probablement augmentera les prix et donc dévaluera la monnaie nationale, ou augmentera les prix des actifs financiers. C’est cette dernière option qui a prévalu dans la récente période d’impression de monnaie. L’assouplissement quantitatif n’a pas arreté la récession globale en cours mais a principalement enclenché une nouvelle spéculation. L’écart entre les prix du capital fictif et la valeur monétaire du capital productif s’est encore élargi – ce qui présage un effondrement des marchés à venir.

JCD : Comment pouvons nous avancer vers une théorie Marxiste sérieuse du commerce international ? Quels travaux peuvent être considérés comme un chemin à suivre ?

MR : Maintenant que le Capital est devenu global et dominant, la théorie de Marx de la valeur peut être appliquée avec plus de réalisme au commerce international et à l’investissement. Les principes de bases de la théorie Marxiste s’appliquent : le capital peut aller vers les zones ou les secteurs où les taux de profits nationaux sont plus élevés, sous réserve des barrières au commerce et aux investissement. Les économies nationales avec des coûts moyens de production plus bas, c’est à dire avec des capitaux plus efficients génèrent des surplus commerciaux vis-à-vis des économies qui ont des coûts plus élevés – sous réserve des barrières commerciales et du protectionnisme. Quels auteurs marxistes peuvent aider à développer la théorie du commerce international ? Henry Grossman a apporté des éléments importants (Henryk_Grossman_on_imperialism ). Guglielmo Carchedi, dans son livre, Frontière de l’économie politique (218328342-Carchedi-Frontiers-of-Political-Economy )  a l’analyse la plus complète. Et la contribution d’Anwar Shaikh dans son dernier ouvrage  Capitalism , est importante.

JCD : Que devrait-il être enseigné aux étudiants en économie à propos du Marxisme ?

MR : Bon, le Marxisme est un gros sujet. De mon point de vue, le Marxisme est l’analyse scientifique des relations sociales humaines, à la fois historiquement et conceptuellement. Il explique comment les organisations sociales humaines fonctionnent, comment elles parvinrent à ce qu’elles sont et offre une vue de vers quoi elles peuvent aller. Pardessus tout, il est fondamentalement basé sur l’idée que l’histoire des organisations sociales humaines jusqu’à aujourd’hui fut celle de la division de la société en classes (et en lutte). Depuis que la ‘civilisation’ a commencé, il y a eu des dominants, vivant du travail des dominés et ils dominèrent et opprimèrent la majorité pour préserver leur richesse et leur domination. Mais cette structure sociale est le résultat de la rareté et de la capacité des élites à détenir le contrôle des ressources rares. Or, maintenant, grâce à la technologie, un monde d’abondance et la réduction de l’effort et du travail à son minimum est globalement possible. Cela crée les conditions objectives pour une forme différente d’organisation sociale basée sur la planification et la démocratie au service de tous.
Ce que Marx explique également, c’est que le mode de production et de relations sociales actuel, appelé capitalisme, ne peut pas faire émerger ce mode d’abondance et de fin de l’effort. C’est un monde encore basé sur la rareté et la division en classes. Et, il est le promoteur de crises, d’inégalités et de guerres. Mais il n’est pas éternel et le mieux que nous pouvons faire. Le capitalisme n’a pas toujours existé et tous les modes de production s’achèvent. Et en réalité, on peut s’en dispenser car les problèmes économiques peuvent maintenant être résolus.
Dans cette pensée, les étudiants en économie ont besoin d’apprendre la théorie Marxiste de la valeur pour comprendre les différentes formes de société de classe et la nature particulière de la forme capitaliste. A l’opposé, ils ont besoin de comprendre les théories économiques dominantes et leurs critiques hétérodoxes afin de maitriser les différences avec l’économie politique marxienne.

JCD : Une des préoccupations principales des étudiants est l’utilité du savoir qu’ils acquierrent dans les classes pour obtenir un travail. Dans cette perspective, comment les motiver à étudier le Marxisme ?

MR : Bien, c’est compréhensible. Tout le monde doit parvenir à vivre et s’ils ne sont pas destinés à devenir capitalistes eux-mêmes (et presque tous ne le seront pas), ils doivent trouver un travail. Le monde du travail est dur, même pour ceux qui ont une bonne éducation et des diplômes. J’ai travaillé dans le secteur financier durant des décennies et il paye mieux que presque tous les autres secteurs – il est donc populaire particulièrement auprès des étudiants en économie. Bien sûr, il est plus facile d’avoir une profession de ‘col blanc’ en termes d’efforts physiques et de conditions de travail, etc. Mais, même là, le stress peut être élevé – longues heures, deadlines, absence de sécurité d’emploi, dépendance vis-à-vis des bonus etc. L’aliénation, comme la nomme Marx, s’applique également là. Les étudiants doivent donc savoir que ‘faire sa vie’ est seulement une par de la vie et consiste principalement en des efforts.
De plus, s’ils veulent que les choses s’améliorent pour eux et leurs enfants, ils ont besoin d’une meilleure économie, d’un monde meilleur, sans guerre, pauvreté, nature dégradée etc avec moins d’heures de travail et davantage d’heures pour un véritable développement créatif. Le marxisme peut expliquer comment les choses sont et pourquoi, ce qui peut advenir ensuite et également comment les choses peuvent et doivent s’améliorer.
Publié sur The next recession