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Pourquoi la panne de Montparnasse illustre les mauvais choix de la SNCF

SNCF

Lien publiée le 2 août 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.huffingtonpost.fr/2017/08/01/pourquoi-la-panne-de-montparnasse-illustre-parfaitement-les-mauv_a_23059252/?utm_hp_ref=fr-homepage

TRANSPORT - La panne de la gare Montparnasse? Bien sûr qu'elle est regrettable, mais "il s'agit d'une panne exceptionnelle" martèle Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF chargé de la communication, dans une interview au Parisien ce 1er août.

Bien sûr. Et on connaît les Français, n'est-ce pas? Toujours à parler des trains qui arrivent en retard plutôt que de ceux, tellement plus nombreux, qui arrivent à l'heure.

Tandis que le chaos de la gare Montparnasse se résorbe à peine, les clients de la SNCF risquent de trouver cette ficelle de communicant un peu trop grosse. Très prompt à communiquer sur l'extension du réseau TGV, la SNCF se prend de plus en plus souvent les pieds dans le tapis de ses infrastructures vétustes.

Mathias Vicherat n'y est pour rien personnellement. Il hérite des choix stratégiques de cette entreprise publique, le "tout pour le TGV". Depuis 25 ans, il a englouti des sommes considérables: 38% des investissements entre 1990 et 2015 pour 2% des passagers. Soit 30 milliards d'euros sur les 78 investis dans le rail, d'après un rapport de la commission des comptes des transports de la Nation (CCTN).

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Maxime Lafage @M_Lafage

Entre 1990 et 2015 en France, seuls 38% des investissements dans le #ferroviaire ont concerné les lignes à grande vitesse (#LGV#Transports


Des investissements populaires, surtout auprès des élus locaux, mais très discutables. D'abord parce qu'ils ne sont pas toujours rentables, ensuite parce qu'ils imposent de sacrifier le reste du réseau existant.

Pour Jacques Rapoport, PDG démissionnaire début 2016 de SNCF Réseau, le réseau ferré français est carrément un "patrimoine national en danger", comme il l'a dénoncé lors d'une audition au Sénat.

Selon lui, "la partie la plus circulée de notre réseau", soit 20.000 à 25.000 kilomètres sur les 30.000 kilomètres de lignes, hors TGV, n'a pas bénéficié "pendant trente ans" des "investissements de renouvellement requis". L'âge moyen des voies est "le double de ce qui est en Allemagne".

Quant au président de cette commission du Sénat, Hervé Mauray, ancien membre du conseil de surveillance de la SNCF, il n'a pu s'empêcher de confier à son tour des souvenirs inquiétants: "Certaines caténaires ont plus de 80 ans, j'ai vu des photos de traverses complètement pourries. Quand vous avez des portions aussi vétustes que ce qu'on observe, on peut très bien demain avoir un accident comparable à Brétigny (7 morts et 70 blessés le 12 juillet 2013, NDLR). "

Autres victimes du TGV, les lignes Intercités, les fameux trains Corails, dépérissent à vue d'œil. Selon Capital, 85% des locomotives ont été mises en service entre 1975 et 1986. Une moyenne d'âge de 36 ans alors qu'elles doivent théoriquement partir à la casse à 40 ans.

Le 1er TGV Paris-Bordeaux bloqué par un vieux Corail en panne

Cette incroyable vétusté fait non seulement fuir les clients, mais explique aussi l'accumulation de pannes, dont les passagers de la toute nouvelle ligne TGV Paris-Bordeaux ont fait les frais.

Le 2 juillet, leur train inaugural est arrivée à Toulouse avec presque cinq heures de retard à cause d'un Intercité tombé en rade près d'Agen. Le trafic a donc été suspendu dans le sens Bordeaux-Toulouse, le temps des réparations. Cocasse.

Plus baroque, c'est carrément une antiquité qui a été mise à la retraite en mars à la gare de Lyon. Exceptionnellement, il a fallu fermer la gare les 18 et 19 pour changer deux postes d'aiguillage datant de 1933 (!). Entièrement manuels, ils ont été remplacés par une "tour de contrôle" informatisée à 20 kilomètres de là, dans l'Essonne. Coût: 200 millions d'euros.

A Montparnasse, un "défaut d'isolation d'une installation électrique" serait à l'origine des pannes de signalisation. Un câblage hors d'âge a-t-il rendu l'âme?

Du pain béni pour le gouvernement

Pour le gouvernement, ce pataquès tombe à point nommé, alors qu'il a annoncé la fin des extensions de ligne TGV. Le secrétaire d'Etat au ministère de l'Economie, Benjamin Griveaux, a qualifié ce 1er août d"'inconcevable" et d'"inacceptable" la situation.

"Il faut investir dans la modernisation du réseau et il va falloir réaliser ces investissements rapidement", pour permettre une "optimisation du fonctionnement réseau", a-t-il insisté. La modernisation du réseau sera l'objet d'une loi de programmation en 2018.

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a annoncé ce 1er août également avoir demandé à la SNCF un rapport pour la fin de la semaine sur cette panne qui perturbe le trafic des trains à la gare de Paris-Montparnasse depuis dimanche.

Elle a rappelé sur Europe 1 que "trois milliards d'euros tous les ans vont être investis pour rénover le réseau dont il faut bien comprendre qu'il s'est fortement dégradé".