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Venezuela : une rébellion maîtrisée dans les rangs de l’armée
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Dans une vidéo mise en ligne, des hommes se présentant comme des soldats assurent vouloir mener « une action civique et militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel » dans le pays.
Les autorités vénézuéliennes disent avoir étouffé dans l’œuf, dimanche 6 août, une rébellion au sein de l’armée pour « rétablir l’ordre constitutionnel » dans le pays, selon une vidéo mise en ligne sur Internet. Des tirs d’armes à feu ont été entendus peu avant l’aube dans une base militaire située près de la ville de Valencia, à 170 km à l’ouest de Caracas.
Cette attaque contre la base militaire a fait deux morts du côté des assaillants, a annoncé le chef des forces armées du pays, le général Jesus Suarez Chourio, qui a accusé l’opposition au président socialiste Nicolas Maduro. « Ce qui s’est produit aujourd’hui était une attaque terroriste, paramilitaire, de mercenaires, financée par la droite et ses collaborateurs, financée par l’empire nord-américain [les Etats-unis] », a-t-il déclaré à la télévision publique. Propos renforcés par un communiqué du ministre de la défense Vladimir Padrino, parlant de « spectacle de propagande » et d’« acte désespéré ».
Le numéro deux du Parti socialiste, au pouvoir, et membre de la toute nouvelle Assemblée constituante, Diosdado Cabello, a annoncé un peu plus tard que les autorités avaient repris le contrôle de la situation. Huit personnes ont été arrêtées. Dix auraient réussi à s’enfuir.
Un officier déserteur, leader de la mutinerie ?
Les morts et les prisonniers ont été identifiés comme un officier déserteur et neuf civils. L’officier a été arrêté et « il donne des informations », comme le font sept des prisonniers, a précisé M. Maduro.
Le ministère de la défense, qui n’a pas communiqué le nom de l’auteur présumé de l’attaque, a indiqué qu’il s’agissait d’un « officier subalterne renvoyé de l’armée il y a trois ans pour trahison à la patrie et rébellion », et qui avait fui aux Etats-Unis.
Dans une vidéo postée sur Internet et reprise par des médias vénézuéliens, supposément tournée dans le régiment de blindés de Naguanagua, on voit une douzaine d’hommes vêtus d’uniformes militaires. L’un deux, qui dit s’appeler Juan Carlos Caguaripano et être un ancien capitaine de la garde nationale, y déclare « exiger la formation immédiate d’un gouvernement de transition ». « Ceci n’est pas un coup d’Etat, ajoute-t-il. Il s’agit d’une action civique et militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel. Et, au-delà, pour sauver le pays de la destruction totale. »
« Normalité » dans les autres bases militaires
Dans les rangs du gouvernement et de ses alliés, beaucoup ont vu dans la vidéo de Valencia l’expression d’un complot ourdi par l’extrême droite et visant à détruire la « révolution bolivarienne » engagée il y a près de vingt ans par Hugo Chavez, le prédécesseur et mentor du président Nicolas Maduro. « Ces attaques, préparées à Miami par des cerveaux dérangés, ne feront que renforcer le moral de nos forces armées et du peuple bolivarien », a écrit sur Twitter un haut responsable du Parti socialiste, Elias Jaua.
« Une normalité absolue règne dans le reste des unités militaires du pays », a assuré dimanche Diosdado Cabello, selon qui « ceux qui rêvent du contraire se heurteront au moral de la Force armée nationale bolivarienne ».
La tension politique et sociale au Venezuela est vive depuis quatre mois, avec des manifestations quasi quotidiennes contre le pouvoir du président Nicolas Maduro. Elle s’est encore aggravée avec l’entrée en fonction de l’Assemblée constituante élue le 30 juillet, et dont la première décision, samedi, a été le limogeage de la procureure générale Luisa Ortega.
Mise en place d’une « commission de la vérité »
Après l’annonce de l’« attaque » de dimanche matin, la Constituante a suspendu ses travaux. Elle devait initialement mettre en place une « commission de la vérité », chargée d’enquêter sur les « crimes » commis pendant les manifestations antigouvernementales.
Lors de son adresse hebdomadaire au peuple vénézuélien, Nicolas Maduro a annoncé que l’Assemblée réfléchissait également à une loi contre la « haine, l’intolérance et le fascisme ». Le chef d’Etat s’est adressé directement à Julio Borges, le président du parlement contrôlé par l’opposition : « La justice est à vos trousses. »
Selon l’ONG Foro Penal, au moins 4 500 personnes ont été arrêtées depuis le début de la vague de protestations. Un millier d’entre elles sont encore en détention, dont 300 sur ordre de tribunaux militaires.