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Scandale du fipronil : "Nous avons transformé les animaux en choses"

écologie

Lien publiée le 11 août 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20170811.OBS3283/scandale-du-fipronil-nous-avons-transforme-les-animaux-en-choses.html

Il est temps de nous interroger sur notre consommation, estime Brigitte Gothière, de l'association L214 de lutte contre la maltraitance animale.

C'est le nouveau scandale pondu par l'industrie agro-alimentaire : 250.000 œufs contaminés au fipronil, une substance toxique, ont été importés en France depuis avril. Ils ont été dirigés vers des établissements chargés de les transformer pour le compte de la restauration ou de l'industrie alimentaire.

Tout est parti de l'utilisation frauduleuse de l'insecticide pour traiter les poux rouges des poules dans des élevages des Pays-Bas et de Belgique. 15 pays de l'UE sont désormais touchés.

Pour Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214, qui lutte pour l'abolition de l'exploitation animale à coups de vidéos choc dans les abattoirs, ce scandale doit nous permettre de nous interroger sur les conditions d'élevage des poules et sur notre consommation. Interview.

Connaissiez-vous, à L214, l'existence du fipronil avant que l'affaire ne soit révélée ?

Nous nous intéressons à ce qui se passe pour les animaux eux-mêmes, pas forcément aux substances utilisées. Nous n'avions jamais entendu parler du fipronil. Mais nous savons que de nombreux anti-parasitaires peuvent être utilisés dans les élevages, où l'on trouve des animaux en grand nombre. La question des parasites y est importante.

Ce n'est en revanche pas la première fois que vous vous intéressez à la situation des poules pondeuses.

Chaque année depuis que L214 existe [l'association a été créée en 2008, NDLR], nous montrons la situation dans laquelle sont élevées ces poules. En France, 68% des poules pondeuses sont élevées en cages de batteries. Cela représente environ 33 millions de poules, qui vivent dans une promiscuité très forte de 13 poules par mètre carré. Elles ont à peine la place d'étendre les ailes, sont sur des sols grillagés et ne voient jamais la lumière du jour.

En 2016, nous avons montré les parasites qui grouillent sur les poules : poux dans l'élevage, asticots au sol... Les poux sont une infection courante, et la présence de ces parasites à une influence sur la santé des animaux car cela les affaiblit et augmente leur taux de mortalité.

Vous estimez donc qu'il est impossible d'avoir un élevage en batterie qui soit sain pour les animaux. Le bio ou le plein air sont-ils une solution ou un trompe-l'œil ?

Pour les batteries, cela semble clair et net... malgré le nom des cages : "cage bien-être" !

L'alerte au fipronil concerne également des élevages bio, qui ne garantissent donc pas grand chose lorsqu'il s'agit, comme c'est le cas pour le fipronil, d'une escroquerie. Cela peut toucher n'importe quelle filière.

Pour ce qui est des conditions d'élevages, elles sont moins pires lorsque les animaux ont un accès à l'extérieur comme c'est le cas dans le bio et le plein air. Disons que c'est un bonheur. Un très grand nombre d'animaux sont élevés au même endroit, les mâles sont broyés à la naissance et les poules sont conduites à l'abattoir au bout d'un an de ponte.

Vous militez pour l'abolition de cette maltraitance, et donc pour l'arrêt de la consommation de viande.

Quelle que soit notre manière de consommer, elle est préjudiciable aux animaux. Certaines étapes de la vie des animaux sont absolument terribles. Cela pose aussi des problèmes environnementaux, des problèmes sanitaires, des problèmes de partage des ressources, de sécurité alimentaire... et des problèmes sociaux pour les conditions de travail dans les abattoirs et les élevages.

C'est une filière qui globalement se porte mal : quelques-uns s'en mettent plein les poches, mais la plupart sont malheureux. Pourtant, on continue dans cette voie... Alors qu'on sait se nourrir autrement !

Quelle serait votre réponse à une personne qui refuse de se passer de viande ou d'œufs ?

Du point de vue nutritionnel, on sait que se nourrir de façon végane [en ne consommant aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation, NDLR] est tout à fait possible quel que soit votre âge ou votre activité sportive. Des études l'ont montré. C'est donc un problème à évacuer.

L'autre question est celle de la volonté. Les êtres humains sont un peu fainéants et paradoxaux. On ne veut pas maltraiter ou tuer d'animaux, mais on ne veut pas non plus renoncer à nos habitudes bien ancrées lorsque cela nous demande un effort.

Beaucoup de gens ont choisi de réduire leur consommation de viande et se réapproprient leur assiette. Si les alternatives étaient plus disponibles, on serait beaucoup plus nombreux à opter pour une alimentation qui épargne les animaux.

Ce type de scandale peut-il aider à prendre conscience de ces questions ?

Certains sujets sont inquestionnés. On se demande 'qu'est-ce qu'on mange ?', et l'on choisit selon nos habitudes. Elle arrive à chaque scandale. La question est rarement posée.

Chaque scandale nous invite donc à nous interroger sur ce que nous mangeons. Le fipronil nous amène à évoquer les conditions d'élevage des poules pondeuses et à montrer à quel point nous avons transformé les animaux en choses que l'on peut empiler autant qu'on veut.