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Vers des expulsions ciblées à NDDL: "Une pitoyable partie de cowboys"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le gouvernement envisage des expulsions ciblées dès le 9 avril. Sur la ZAD, la riposte juridique s'organise.
Après l'accalmie, la fébrilité. Temporairement tranquillisée par l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la ZAD est traversée d'inquiétudes ces jours-ci. Car depuis la fin de la trêve hivernale le 31 mars, une partie de ses habitants sont théoriquement expulsables. Et ces "expulsions ciblées"pourraient s'effectuer dès le lundi 9 avril, précise "Le Monde". Pour ce faire, le gouvernement est prêt à déployer 25 escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 2.500 agents, indique le quotidien du soir. Sur place, la nouvelle atterre les opposants historiques, qui auraient préféré une autre issue. Contacté par "l'Obs", l'un d'eux commente :
"Franchement, cette pitoyable partie de cowboys n'est vraiment pas indispensable..."
Comme d'autres résistants de longue date, il s'est rendu ce week-end à Nantes, pour manifester avec un millier d'autres personnes contre "toutes les expulsions" post-trève hivernale.
Des expulsions aux abords de l'ex-route des Chicanes
Selon les informations de "l'Obs", les expulsions devraient se concentrer aux abords de la D281, ex-route des chicanes, dont les 4 kilomètres continuent de cristalliser bien des tensions sur la ZAD.
C'est notamment sur cette route que la préfète, puis le secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu sont venus tour à tour clamer le "retour de l'Etat de droit". Un retour tout relatif, ironise "Ouest France", qui rappelle que cette route reste interdite à la circulation normale des voitures. "L’Etat de droit est arrivé à 9h30 et reparti à 10 heures", a ainsi titré le quotidien régional lors de la venue sur la ZAD du premier membre du gouvernement actuel, le 21 mars dernier. Une vingtaine de zadistes l'ont accueilli à mi chemin de cette ex-route des Chicanes, à la hauteur du lieu-dit le "Lama Fâché". Une visite surréaliste narrée par "Ouest France" :
"Bonjour", dit Sébastien Lecornu. "Au revoir", répond une voix féministe. "Bonjour", répète le ministre. "Au revoir", redit la voix. "Bonjour quand même", conclut le ministre. Fin du non-échange.
Et Sébastien Lecornu de commenter, auprès du quotidien régional :
"Dans la République, on vit à visage découvert. Ce ne sont pas des gens cagoulés qui crient qui vont défier la République".
Concrètement, qui est expulsable ? La préfecture a recensé environ 80 à 90 lieux de vie. Du coté du gouvernement, on se borne à répéter que n’ont vocation à rester que "les occupants déclarés agriculteurs". Jean-Paul Naud, le maire de Notre-Dame-des-Landes abonde en ce sens :
"Ce seront des évacuations ciblées. On accueillera les occupants qui auront un vrai projet agricole. Mais manifestement, d’autres gens n’ont pas vocation à rester".
Sur la ZAD, la riposte juridique s'organise
Sur place, les zadistes n'ont pas attendu pour s’organiser et tenter de contrer ces expulsions post-trêve hivernale. Cosignée par 24 avocats de Paris, Rouen et Nantes, une lettre que "l'Obs" a pu consulter a ainsi été envoyée au Premier ministre Edouard Philippe : en l’Etat, "la Zad ne nous paraît pas expulsable", y écrivent-ils, en s'appuyant sur de nombreux arguments juridiques.
L'avocat des zadistes Stéphane Vallée a affirmé, lors d'une conférence de presse devant la préfecture :
"Les habitants n’ont reçu aucun élément sur l’existence de procédures, de commandements de quitter les lieux, de notifications de jugements ou d’ordonnances. Donc, aujourd’hui, on se questionne sur la réalité juridique de ces expulsions. On saisit le tribunal pour contraindre l’État à nous communiquer ces éléments s’ils existent. À ce jour, avec le niveau de connaissance des procédures que nous avons, on estime qu’un certain nombre d’habitants ne sont pas expulsables."
Un autre avocat d'occupants illégaux, Pierre Huriet, n'hésite pour sa part pas à dénoncer le "poker menteur des autorités" dans "Ouest France" :
"Comment l’Etat fera-t-il le tri entre les bons zadistes autorisés à rester et les mauvais à expulser, tellement c’est un grand bazar dans les procédures, avec des statuts différents d’une parcelle à l’autre ?"
Des arguments que tente de balayer le ministère de l'Intérieur dans "Le Monde" : "On ne va pas se lancer dans un débat juridique. On affirme que tout a été fait pour l'identification des personnes afin de permettre ce débat contradictoire, mais certaines la refusent. D'ailleurs, elles ne donnent pas leur nom, portent des cagoules et préfèrent s'appeler 'Camille'. Le juge constatera que tout a été mené à bien pour mener à bien cette identification".
Anticipant des manifestations de soutien à Notre-Dame-des-Landes, une quinzaine de compagnies républicaines de sécurité viendra, selon "Le Monde", assurer le maintien de l'ordre à Nantes et à Rennes pour parer à tout débordement.