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Non à la criminalisation du mouvement étudiant à Paris Nanterre
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les personnels mobilisé.e.s de l’université Paris Nanterre souhaitent exprimer leur vive inquiétude suite à la publication de la motion adoptée par le CA du 14 décembre 2018 annonçant sa demande d’un constat d’huissier lundi matin et menaçant les étudiants mobilisés de mesures disciplinaires, administratives et judiciaires. Nous nous opposons à la criminalisation du mouvement étudiant en cours. Ces menaces peuvent annoncer la réitération d’une décision grave, dénoncée par notre communauté universitaire : l’envoi des CRS, le 9 avril 2018, sur le campus de l’Université Paris Nanterre pour déloger des étudiant.e.s qui y tenaient une AG contre Parcoursup. Cette décision a plongé notre université et l’ensemble de sa communauté dans le chaos, et a été à l’origine d’une dégradation terrible des conditions de travail de ses personnels.
Nous avons entendu la souffrance de nombreux collègues et étudiant.e.s face à la perspective d’un nouveau blocage en période d’examen. Mais le mouvement étudiant n’est pas la cause des profondes tensions qui malmènent notre communauté. Il en est la conséquence. C’est le mépris des gouvernements successifs, et souvent de nos propres présidents d’université, qui est la cause de notre mal être. Le principe de démocratie est fortement débattu depuis quelques jours et est au cœur de notre problématique. Depuis la loi LRU, réformes sur réformes asphyxient les personnels de l’université, dégradent les conditions de travail des personnels et des étudiant.e.s, et sont imposées malgré une vaste opposition de la communauté à ces réformes. Des débats et des votes démocratiques ont-ils été organisés pour savoir si cette contestation était majoritaire? Jamais. Pas plus pour la loi LRU, que pour la loi ORE, pour la mise en place de Parcoursup ou aujourd’hui pour l’augmentation des droits d’inscription des étudiantes et étudiants étrangers. Les présidents sont élus à la majorité nous direz-vous. Certes. Cela les autorise-t-il à agir sans concerter les acteurs de leurs propres institutions, le plus souvent dans l’urgence, voire sous la menace dans le cas de Parcoursup? Ce n’est pas une politique démocratique, c’est une politique autoritaire à peine dissimulée.
Pour cette raison, nous reconnaissons la légitimité des décisions prises en AG étudiantes. Nous comprendrons que les étudiant.e.s mobilisé.e.s, qui défendent une vision authentiquement républicaine de l’université et de la société, s’attachent avec autant de courage à appliquer les décisions votées en AG par plus de 2000 étudiant.e.s après plusieurs heures de mobilisation et de débats. Cette décision a plus de valeur à nos yeux qu’un vote électronique organisé par la présidence de l'université, dans l’urgence, sans débat préalable, sans prise en compte réelle des conséquences, une démarche symptomatique de l’université néolibérale française que l’on veut nous imposer et dont nous ne voulons pas.
Nous appelons nos collègues à protéger lundi matin les étudiant.e.s mobilisé.e.s, à investir l’espace de débat ouvert par la contestation étudiante ; à se réunir, discuter, et proposer des modalités d’action susceptibles de faire entendre la voix de toutes celles et tous ceux qui ne se résignent pas à la destruction orchestrée du service public d’enseignement supérieur. Nous appelons la Présidence de l’Université Paris Nanterre à se montrer responsable. Nous lui demandons de s’adresser solennellement à Frédérique Vidal, ministre de l’ESRI, pour exiger le retrait immédiat du projet de hausse des droits d’inscriptions pour les étudiant.e.s étrangers. Nous rappelons à la Présidence l’attachement des personnels au respect de la franchise universitaire et leur condamnation de tout projet de recours à la force pour faire taire la contestation étudiante en cours.