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Une grève générale devrait paralyser la Belgique, mercredi 13 février
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La rupture des négociations avec le patronat sur la question des salaires est à l’origine du mouvement qui affectera tous les secteurs.
Peu de trains, de métros, de courriers, de soins et, peut-être, d’écoles ouvertes : la Belgique sera quasiment à l’arrêt, mercredi 13 février, à la suite de l’appel à une grève générale lancé par les puissants syndicats du royaume. Le mouvement démarrera mardi 12 février, à 22 heures, et se terminera le lendemain, à la même heure. Tous les secteurs, y compris le commerce, les entreprises privées et les administrations, devraient être affectés par un mouvement qui promet d’être massivement suivi, à en croire un front commun réunissant les syndicats socialiste, chrétien et libéral. Tenue par de nouvelles règles, la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) fera toutefois circuler quelques trains, dans le cadre du service minimum auquel elle est désormais astreinte.
Les contrôleurs du ciel ont, eux aussi, déposé un préavis de grève. Quelques compagnies ont prévu de se dérouter vers les aéroports néerlandais ou français (Lille-Lesquin et Orly) les plus proches. Brussels Airlines a annulé plus de 200 vols et a proposé à quelque 16 000 passagers, soit un remboursement de leur billet, soit un report à une autre date. L’aéroport de Charleroi -Bruxelles-Sud sera totalement paralysé.
D’autres secteurs (hôpitaux, polices locale et fédérale, collecte des déchets) seront touchés et un appel aux arrêts de travail a aussi été lancé aux dockers et aux chauffeurs routiers. Des barrages devraient, en outre, être installés aux abords des centres commerciaux et des entreprises.
Les Chambres dissoutes en mars
Le pays n’avait plus connu une grève d’une telle ampleur, depuis décembre 2014, quand les syndicats protestaient contre le programme économique de la coalition dirigée par le libéral Charles Michel. Celui-ci est désormais à la tête d’une équipe minoritaire depuis le départ, en décembre 2018, des ministres du parti nationaliste flamand N-VA, en désaccord avec la signature, par M. Michel, du pacte des Nations unies sur les migrations. Le gouvernement est donc désormais chargé de la gestion des « affaires courantes » jusqu’à la fin du mois de mai, date des élections fédérales et régionales – qui seront couplées, en Belgique, aux européennes.
Les Chambres devant être dissoutes en mars, la marge des parlementaires est, elle aussi, quasiment nulle : aucune proposition ne pourra entraîner un changement de cap politique pour le gouvernement de centre droit. Le coup de semonce syndical apparaît dès lors davantage comme un avertissement aux partis politiques avant le scrutin que comme une action pouvant servir à traduire en actes les revendications.
C’est la récente rupture des négociations avec le patronat sur la question des salaires pour 2019 et 2020 qui est à l’origine de ce coup de colère. Les responsables des syndicats jugent insuffisante une hausse de 0,8 % (en plus de l’indexation automatique, calculée sur l’augmentation du coût de la vie) prévue par le Conseil central de l’économie. Cet organe consultatif paritaire – il réunit l’industrie, les syndicats, les consommateurs… – conseille le gouvernement et le Parlement et, tous les deux ans, il élabore un rapport avant la négociation de l’accord interprofessionnel.
Les patrons réclament une baisse de l’impôt des sociétés
La question du pouvoir d’achat a été relancée par les actions, en Wallonie du moins, de « gilets jaunes » calquant leur mode d’action sur celles de leurs homologues français. Le refus patronal d’envisager des hausses de plus de 0,8 % l’a définitivement inscrite au cœur de la campagne électorale, même si, pour l’instant, c’est le thème du dérèglement climatique qui occupe tous les esprits, compte tenu de la forte mobilisation de dizaines de milliers de jeunes, qui bousculent les partis et s’organisent en dehors des syndicats.
Dans un récent rapport à destination du monde politique, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a martelé que la compétitivité et la modération salariale devraient rester des priorités. Le patronat proposait notamment de supprimer le système d’indexation automatique ou de limiter la durée des indemnités de chômage. Le FEB souligne que l’écart salarial moyen entre la Belgique et ses principaux partenaires (l’Allemagne, la France et les Pays-Bas) reste de 11 %, ce qui menace durablement sa compétitivité. Les patrons réclament une baisse de l’impôt des sociétés et des cotisations sociales, des revendications que la coalition actuelle, présumée plus proche du monde de l’entreprise que des organisations de travailleurs, n’a pu satisfaire qu’en partie.
Le gouvernement de M. Michel, dont le slogan était « Jobs, jobs, jobs ! » se targue d’avoir ramené le taux de chômage de 8,5 %, en 2014, à quelque 6 % – 8,4 % en Wallonie –, aujourd’hui. Il n’a, en revanche, pas apporté de réelle solution à un autre problème dénoncé par la FEB : la vacance de nombreux emplois techniques (150 000 environ), qui handicape fortement une série de secteurs industriels, alors que le taux de chômage des jeunes de moins de 24 ans, même s’il est en baisse, se situe toujours à 16,3 %, selon l’organisme officiel Statbel.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)