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    Ruffin tend le micro aux gilets jaunes dans "J’veux du soleil"

    cinema Ruffin

    Lien publiée le 17 février 2019

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (afp) Le journaliste et député de la France insoumise François Ruffin a dévoilé vendredi soir à Grenoble « J’veux du soleil », son nouveau documentaire dans lequel il tend le micro aux « gilets jaunes » au cours d’un périple à travers la « France des ronds-points ».

    Tourné en décembre avec le cinéaste Gilles Perret, ce road-movie se déploie d’Amiens à Montpellier sur une période de six jours, durant laquelle le duo est allé caméra au poing recueillir des témoignages de nombreux « gilets jaunes ».

    Trois salles avaient été mobilisées par un cinéma pour accueillir les 350 personnes qui ont découvert en avant-première le nouveau long métrage du fondateur du journal alternatif « Fakir », qui doit encore être étalonné et mixé avant sa sortie en salles, prévue le 3 avril.

    En 2017, François Ruffin avait été récompensé d’un César pour le très satirique et politique « Merci patron ! ». Avant sa rencontre avec Gilles Perret, le journaliste avait pour projet d’interroger seul des « gilets jaunes » pour en faire un livre.

    « Vous êtes des cobayes ! », a ironisé, sourire aux lèvres, le député de la première circonscription de la Somme devant les spectateurs présents, avant de donner le coup d’envoi de la projection, à laquelle il a assisté.

    Durant 80 minutes, François Ruffin et Gilles Perret posent un regard plein d’empathie sur les récits douloureux de ces hommes et de ces femmes au quotidien rongé par la précarité, qu’ils ont pu filmer jusque dans leur intimité.

    Devant la caméra, ces « isolés » au « frigo vide », qui s’unissent désormais chaque jour pour faire entendre leur voix au travers de cette « grogne de durs à la peine », évoquent leurs parcours faits de galères et de désespoir.

    – « Bleu de travail contemporain » –

    « La devise nationale, on la retrouve aujourd’hui davantage sur les ronds-points », pointe au début du film un jeune homme interrogé par le duo sur un campement de « gilets jaunes » dans la Somme, évoquant les liens qui s’y sont créés.

    « Grâce à cette petite porte ouverte, on a envie de retourner aux urnes », explique un peu plus loin Cindy, une mère de famille passée par le Secours populaire et la dépression.

    François Ruffin explique avoir été gagné par l’envie de vérifier par lui-même si cette grogne était bien celle de « fachos » dès les prémices du mouvement. Avant d’être indigné par son traitement par les médias nationaux, focalisés sur les violences à Paris.

    « Une série d’isolés qui s’unissent. Cela faisait 20 ans que j’attendais ça ! Alors qu’en général, les pauvres se cachent pour souffrir. Le gilet jaune, c’est le bleu de travail contemporain », résume à l’AFP le journaliste engagé.

    Comme cinéaste, il se défend d’avoir voulu réaliser un film analytique sur le mouvement, mais davantage une « analyse de gens qui s’en sont emparé ». « Ce sont avant tout nos semblables », a-t-il ensuite souligné face aux spectateurs lors d’un temps d’échange de près d’une heure.

    « Le film a un but: faire décrocher le soutien passif de la classe intermédiaire à l’oligarchie », a-t-il ajouté, l’invitant désormais « à se bouger pour se solidariser » aux « gilets jaunes ».

    Le député de la France insoumise, qui compare sa démarche à « un scrupule, un caillou dans la chaussure » d’Emmanuel Macron, estime que le mouvement des « gilets jaunes » a « besoin d’être habité par des oeuvres » et que son principal « déficit » a été que l’art ne s’en est jamais rapproché.

    « Ce qu’on voit dans le film, c’est l’âme de ce qui se passe sur ces ronds-points. Il fallait que quelqu’un le montre », a réagi une spectatrice. « J’ai 66 ans et j’ai rarement connu ce genre de mouvement. Profitez-en ! On est tous concernés », a lancé plus tard un homme coiffé d’une casquette.

    François Ruffin espère que le mouvement se relancera au printemps « sous une autre forme », car s’il a été « innovant » à ses début, un mouvement « sans imagination, c’est un mouvement mort ». « Pour moi, cela prend aujourd’hui la forme d’un film. Mais il faut que quelque chose se passe aussi en dehors des salles de cinéma », conclut-il.