[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Arnaque: la retraite à points va baisser les pensions d’un tiers

retraite

Lien publiée le 17 juillet 2019

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.anti-k.org/2019/07/17/arnaque-la-retraite-a-points-va-baisser-les-pensions-dun-tiers/

L’Humanité, 11 juillet 2019

Les « recommandations » du haut-commissaire à la réforme sont attendues le 18 juillet. La mise en oeuvre d’un régime par points, concoctée par un gouvernement habile en manoeuvres et cachotteries, engendrera la baisse des pensions. Le but est notamment de favoriser l’essor des fonds de pension à la française, dénonce la CGT. Décryptage.

Le gouvernement veut-il allonger la durée de cotisation et repousser l’âge de départ en retraite avant d’instaurer un système par points ? Alors que le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, doit rendre publiques ses « recommandations » lors de la seconde quinzaine de juillet, l’exécutif entretient le flou sur ses intentions. Cette attitude rappelle la tactique employée pour affaiblir la mobilisation contre les ordonnances Macron sur le Code du travail et la loi sur l’avenir de la SNCF. Consulter sans négocier, garder secrets le plus longtemps possible les projets de loi et renvoyer aux ordonnances le contenu exact des mesures les plus importantes lui avaient permis de gêner la riposte syndicale.

Le passage accéléré de 167 à 172 trimestres

La présentation du projet de loi sur les retraites va être retardée. Prévue en septembre prochain, elle devrait avoir lieu, selon Jean-Paul Delevoye, « début 2020 ». Un report du débat parlementaire après les élections municipales, afin d’éviter qu’il ne nuise aux listes soutenues par LaREM, est aussi régulièrement évoqué. D’ici là, cependant, le gouvernement pourrait ne pas rester sans rien faire.

Plusieurs sources évoquent une possible accélération de la mise en œuvre de la réforme Touraine de 2014. Le passage de 167 à 172 trimestres cotisés pour obtenir une retraite à taux plein, que celle-ci prévoit, se ferait en cinq ans, au lieu de quinze, à partir de 2020. Conduite au prétexte que le système des retraites pourrait enregistrer un déficit de 9 milliards d’euros en 2022, cette « réforme paramétrique » pourrait intervenir à l’occasion de l’examen du projet de loi de finance de la Sécurité sociale (PLFSS) en octobre prochain. Cette option fait l’unanimité contre elle parmi les organisations syndicales.

« Le gouvernement va dire à des salariés qui sont à un ou deux ans la retraite qu’ils vont devoir faire un an de plus », s’agace le secrétaire confédéral de FO, Philippe Pillet. « Si le gouvernement décide de mesures d’âge avant la réforme systémique, alors celle-ci n’a plus lieu d’être. La confiance sera rompue », prévient le secrétaire national de la CFDT, Frédéric Sève. Quel crédit en effet accorder à « la concertation » qui doit suivre la présentation des « recommandations » du haut-commissaire, si le gouvernement a d’ores et déjà décidé d’allonger la durée de cotisation ?

Concernant la « réforme systémique », Jean-Paul Delevoye a levé le voile sur une partie de son contenu, le 26 juin, lors d’un colloque à l’Institut des politiques publiques. Comme voulu dès le départ par le chef de l’État, la mise en place d’une retraite par points constituerait la pierre angulaire de la refonte du système. Ce régime serait « universel » et aurait vocation à remplacer les 42 régimes existants. Chaque travailleur disposerait d’un compte unique de retraite où seraient comptabilisés les points acquis tout au long de la carrière. Le régime sonnerait la fin des régimes complémentaires en prenant en compte les revenus d’activité jusqu’à 3 fois le plafond de la Sécurité sociale (soit 9 933 euros à ce jour). Selon le gouvernement, il garantirait l’égalité de traitement des Français en vertu du principe qu’« un euro cotisé donne les mêmes droits ».

La mesure divise les syndicats. La CFDT y est favorable. « Aujourd’hui, les règles de calcul diffèrent. Pour un salarié du privé, on prend en compte les 25 meilleures années de la carrière. Pour un fonctionnaire, les 6 derniers mois. Avec la retraite à points, ce sera la totalité de la carrière pour tout le monde », explique Frédéric Sève. Un argument que balaie Philippe Pillet. « Avant, on prenait en compte les 25 meilleures années, maintenant on prendra aussi en compte les 18 plus mauvaises », ironise le syndicaliste. La CGT est également opposée à l’instauration d’un système par points. « Avec cette réforme, on passe d’un système de retraite à prestation définie à un système à cotisation définie », explique Sophie Binet, la secrétaire générale adjointe de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict) de la confédération, qui vient de mettre en place le site Internet reforme-retraite.info pour « alerter sur le contenu et les conséquences de la réforme » et proposer « de s’inscrire pour défendre son droit à la retraite ».

L’âge « pivot » à 64 ans 

« Aujourd’hui, le système assure un taux de remplacement autour de 75 % pour une carrière complète. Demain, les ressources seront bloquées, et le montant des pensions sera ajusté à la baisse jusqu’à un tiers », précise la syndicaliste, en rappelant que l’un des objectifs de la réforme est de limiter à 14 % la part du PIB consacrée au financement des retraites, alors que le nombre de retraités devrait augmenter de 30 % d’ici à 2050. « L’objectif est de renvoyer les salariés vers l’épargne retraite et la capitalisation, pour le plus grand bonheur des assureurs et des banquiers », poursuit Sophie Binet, qui rappelle que « Macron ne s’est jamais caché de vouloir développer des fonds de pension à la française ».

Si, officiellement, le gouvernement a écarté un report de l’âge légal de départ en retraite au-delà de 62 ans, l’instauration d’un âge « pivot » ou « d’équilibre » à 64 ans est à l’ordre du jour, ainsi que l’instauration d’un système de bonus-malus suivant que le travailleur part avant ou après cet âge. La mesure est dénoncée par tous les syndicats, qui rappellent qu’un salarié sur deux au moment de la liquidation de sa retraite n’est plus en activité.

Parmi les autres mesures que devrait proposer Jean-Paul Delevoye, figure la prise en compte des primes perçues par les fonctionnaires pour le calcul de leur pension afin de faire passer la pilule de la retraite à points. Reste que certains, comme les enseignants, ne touchent pas ou peu de primes. Le haut-commissaire devrait suggérer également de maintenir les pensions de réversion, mais en modifiant les règles de calcul, ce qui assurerait au conjoint survivant « le maintien du niveau de vie » du couple. Autrement dit, ce dernier pourrait être privé de réversion si sa pension est égale ou supérieure au niveau de vie qui sera défini par la réforme.