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L’hôpital d’Aulnay craint la rupture de stocks de médicaments pour cause d’impayés
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La situation financière de l’établissement est critique. Quatre-vingts médecins, inquiets, alertent l’agence régionale de santé.
Par Victor Tassel @victor_tassel
L'hôpital Robert-Ballanger va-t-il bientôt manquer de médicaments ? Dans une lettre adressée au directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS), quatre-vingts médecins, dont l'ensemble des chefs de service, sur les quelque 300 que compte l'établissement à Aulnay-sous-Bois, s'inquiètent de la multiplication des impayés.
« Les ruptures de stock constituent une réelle menace, s'alarme Bernadette Coret-Houbart, chef du service pharmacie depuis neuf ans. Toutes les références sont concernées. Jusqu'à présent, les patients, ou les médecins, ont toujours eu les médicaments dont ils avaient besoin. »
Les biologistes du laboratoire d'analyses médicales craignent que certains examens de routine ne puissent plus être réalisés. Comme l'ionogramme sanguin, l'un des plus couramment demandés par les médecins, qui vise à surveiller l'équilibre de l'organisme.
« Nous passons notre journée au téléphone pour négocier »
Pour ne pas manquer de médicaments, les médecins harcèlent les laboratoires, demandent à la direction un paiement prioritaire pour libérer en partie une commande, se tournent vers d'autres fournisseurs pour obtenir des produits équivalents à des prix plus élevés, en attendant de régler le premier… « Nous passons notre journée au téléphone pour négocier. Nous en sommes presque à nous prostituer, ironise un médecin, désabusé. Un jour, ça va craquer. » L'ARS, qui a pris connaissance du contenu de la lettre, dit « avoir conscience des inquiétudes exprimées » par le corps médical.
Le délai de paiement d'une commande est de sept à huit mois, voire un an. Quand, selon la loi, il est de 50 jours maximum pour un établissement public de santé… Les dettes s'élèvent parfois à 150 000 €. « C'est le chien qui se mord la queue, résume un agent hospitalier. Il arrive qu'on se dépanne dans les hôpitaux de Montfermeil ou Montreuil grâce au groupement hospitalier territorial (GHT). On ne fait que déplacer le problème… »
« Même le garagiste du coin ne veut plus réparer les véhicules du Samu »
La pénurie touche aussi des fournitures basiques comme les gants, les collecteurs d'aiguilles, ou même le papier toilette. « Pendant un mois, nous ne pouvions pas imprimer car le prestataire de cartouche d'encre ne voulait plus nous livrer ! », s'époumone Guy Bellaïche, chef du service gastro-entérologie. « Même le garagiste du coin ne veut plus réparer les véhicules du Samu car il n'est pas payé ! », s'inquiète un autre médecin.
Une rencontre avec l'ARS à la rentrée
Le centre hospitalier a récemment touché une dotation exceptionnelle de l'ARS de 6 M€ pour stopper l'hémorragie. « On respire un peu. D'autant qu'en plein mois d'août, les fournisseurs sont moins sur notre dos, confie Bernadette Coret-Houbart. Mais ce n'est que temporaire… »
Les représentants de la communauté médicale de l'hôpital seront reçus début septembre par la direction de l'ARS, en présence de la direction générale de l'établissement. « Cette rencontre permettra d'écouter les médecins de l'établissement et d'échanger avec eux sur les points abordés dans le courrier », explique-t-on à l'ARS. De son côté, la direction de l'hôpital n'a pas souhaité réagir, estimant que cela relevait de son autorité de tutelle, à savoir l'ARS.
LES MÉDECINS LANCENT UN APPEL À L'AIDE À L'AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ
Les médecins poussent « un cri d'alarme ». Dans une lettre adressée à la direction générale de l'agence régionale de santé (ARS), 80 praticiens du centre hospitalier Robert-Ballanger, à Aulnay-sous-Bois dressent une situation « très inquiétante » de l'établissement. Avec, en premier lieu, des urgences saturées. Alors qu'elles enregistrent 73 000 passages par an, le nombre de médecins à temps plein est passé de vingt-six à douze depuis six mois, à la suite notamment de démissions. « Des vacataires vont et viennent, ce qui empêche d'avoir une continuité des soins », déplore Guy Bellaïche, chef du service de gastro-entérologie. « Nous ne cessons pas nos efforts pour maintenir la continuité et la qualité des soins pour les patients », affirme la direction.
« On pourrait par exemple être considéré comme un hôpital ZEP… »
L'hôpital peine à attirer les candidats, faute d'attractivité, pour combler les postes vacants. « La Seine-Saint-Denis n'attire pas. Mais surtout un vacataire qui est payé 1 200 € pour une garde n'a aucune raison de passer en CDI pour 4 000 € par mois », observe Andrzej Rosikon, chef du service ORL.
La situation est aggravée par le public de l'hôpital, et la durée moyenne de séjour plus élevée que la moyenne régionale. « Nous avons des SDF, des sans-papiers, des personnes en grande précarité, souligne Guy Bellaïche. Nous aimerions des moyens mais aussi plus de considération. On pourrait par exemple être considéré comme un hôpital ZEP… »