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Dans le métro, nos poumons rament
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https://www.anti-k.org/2019/09/19/pollution-dans-le-metro-nos-poumons-rament/
Les concentrations de particules, essentiellement extrafines, peuvent être dix fois plus élevées dans le réseau souterrain qu’à l’extérieur. Gilles Rolle/Réa
L’Humanité, 19 septembre 2019
À l’occasion de la Journée nationale de la qualité de l’air, une étude alerte sur la concentration dans les souterrains parisiens des particules hyperfines, les plus dangereuses pour la santé.
Il ne fait pas bon respirer l’air dans le métro parisien. Telle est la conclusion d’une équipe du CNRS qui a mesuré fin juin, avec l’ONG Respire, les particules fines dans le métro et le RER. « L’air est nettement plus pollué en particules fines dans le métro que dans l’air ambiant extérieur », alerte ainsi cette étude. « Tout le monde sait qu’il y a de la pollution dans le métro, expose Olivier Blond, président de l’association dédiée à la prévention et l’amélioration de la qualité de l’air, mais on ne sait pas exactement dans quelle mesure. Et les résultats sont à la hauteur de nos craintes… »
Réalisées sur le RER A et les lignes 4 et 10 du métro, les mesures font état de « concentrations de particules qui peuvent être dix fois plus élevées en intérieur qu’en extérieur », des disparités déjà connues. Mais surtout, elles montrent que « plus de 99,5 % des particules sont de taille inférieure ou égale à PM1 (inférieure ou égale à 1 micron) ». Sur le quai A du RER A, dans la station Gare-de-Lyon, « entre 300 et 800 millions de particules par mètre cube » ont ainsi été relevées…
Motrices au diesel et freinage incriminés
Autre enseignement : on constate des différences considérables entre l’avant, l’arrière et le milieu du quai, entre des stations plus ou moins profondes, entre les couloirs et les quais. Il est ainsi déconseillé d’attendre le RER près de l’entrée du tunnel. « Quand le train arrive dans la station, il freine et libère un nuage de poussière », explique Olivier Blond, avant de préciser la source de ces pollutions : « L’exposition des personnels provient notamment de l’utilisation de vieilles motrices fonctionnant au diesel et de groupes électrogènes. Concernant les usagers, c’est le freinage des trains. »
Mise en cause, la RATP a précisé à l’Humanité « accorder une importance majeure à ce sujet ». Et assure mettre en œuvre des mesures « pour diminuer les émissions de particules à la source », et singulièrement « assurer un suivi très scrupuleux et transparent » de la qualité de l’air, via des « mesures en continu » sur trois sites (Franklin-Roosevelt sur la ligne 1, Châtelet sur la ligne 4 et Auber sur le RER A). « Des concentrations en particules élevées sont susceptibles d’être mesurées la nuit du fait des travaux de rénovation », indique le réseau de surveillance de la RATP, qui fournit en temps quasi réel les données de qualité de l’air concernant les trois stations. Sauf qu’il ne mesure que les teneurs en CO2, en dioxyde d’azote et en particules de diamètre inférieur à 10 microns (PM10), « mais pas en particules ultrafines, qui sont les plus dangereuses pour la santé, comme l’a rappelé cet été l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) », insiste le président de Respire. « Et alors que la situation varie d’un endroit du quai à un autre, avoir un seul point de mesure par station est insuffisant », déplore le militant, pointant des « efforts de la RATP en décalage avec les enjeux de santé publique. Alors que plusieurs syndicats de salariés RATP et cheminots SNCF s’inquiètent de cette pollution, il faut passer à la vitesse supérieure et mener des études précises pour mieux comprendre cette pollution, la diminuer et pour mieux informer et protéger les usagers et les salariés ».
Alexandra Chaignon