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Un député UMP propose la suppression des concours enseignants !!!
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Supprimer les concours enseignants ? Certains hauts fonctionnaires de l'éducation le pensent tout bas, un élu de la majorité le dit tout haut. Pour Jacques Grosperrin, député UMP du Doubs, cette petite révolution est l'aboutissement inévitable de la réforme de la formation initiale des maîtres, qui a conduit, depuis 2010, à élever le niveau de qualification de la profession de la licence (bac+3) au master (bac+5).
Cette proposition a été adoptée, mercredi 29 juin, par la mission d'information "sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants". Dans son rapport, que Le Monde s'est procuré, Jacques Grosperrin estime que le concours n'a plus lieu d'être : "Il forme avec le master deux voies d'entrée dans le métier, parallèles et autonomes, aucune n'ayant prise sur l'autre". Il propose ainsi de dispenser les étudiants de concours. Diplômés d'un master 2, ils seraient recrutés "par les autorités académiques ou les établissements, sur la base d'un entretien professionnel", comme cela se pratique déjà dans plusieurs pays anglo-saxons.
Mais "l'opinion publique n'est pas prête pour une transformation aussi radicale", reconnaît le député. L'ultime étape de la réforme ne devrait donc pas intervenir avant dix ans, voire quinze ans. En attendant, M. Grosperrin préconise de supprimer l'agrégation "externe", ouverte aux diplômés d'un master, pour ne garder que l'agrégation "interne", accessibles aux professeurs certifiés ayant cinq ans d'ancienneté. "Le maintien d'une seconde voie d'entrée dans le métier ne se justifie plus, à l'heure du recrutement généralisé des enseignants à bac+5", estime-t-il.
DANS LE GRAND BAIN SANS APPRENTISSAGE
Conçue en 2008 par Xavier Darcos, le précédent ministre de l'éducation nationale (qui assurait d'ailleurs en 2009 que les concours ne seraient jamais supprimés), la "mastérisation" est vivement contestée. Les critiques, quasi unanimes, portent sur la suppression de la formation pratique des futurs enseignants. La réforme a confié leur formation aux universités et a mis fin à l'année en alternance dans les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). "Les lauréats de la session 2010 ont été jetés dans le grand bain sans avoir appris leur métier", déplore l'élu UMP.
Après avoir auditionné une centaine de personnes au cours des trois derniers mois, il en est arrivé à la conclusion qu'il fallait "professionnaliser" la formation. Les universités devraient revoir l'architecture de leurs masters "Enseignement et formation" pour accorder plus de place à la pédagogique, à la didactique, aux sciences cognitives.
Sans "cadrage national", les masters ont été conçus avec le seul souci de diversifier les débouchés professionnels pour les étudiants qui échouent au concours. De fait, ils sont trop "larges". Jacques Grosperrin propose de "spécialiser" les masters par niveau scolaire. Il y aurait ainsi des masters "école maternelle", "collège et lycée général", "enseignement professionnel"…
Les stages, actuellement facultatifs – et donc quasi virtuels, car les étudiants préfèrent préparer les concours plutôt que d'effectuer les six semaines de stage prévues en master 2 – deviendraient obligatoires. Les masters seraient ainsi fondés sur "une véritable alternance entre la pratique professionnelle et les enseignements", lit-on dans le rapport. A la rentrée, des aménagements sont prévus en ce sens. Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, avait annoncé, en mai, l'expérimentation de formations en alternance. Celle-ci s'appliquera dans une trentaine d'universités et concernera un millier d'étudiants. Un chiffre qui paraît limité sur les 40 000 candidats qui se sont présentés aux concours enseignants cette année.
Aurélie Collas