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En Allemagne, grèves dans le secteur des transports
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En raison de l’extrême intégration des directions syndicales allemandes dans le système capitaliste, les conflits sur les salaires ne sont jamais vraiment durs. La bureaucratie suit une ligne de partenariat social. C’est pourquoi, surtout depuis la pandémie et encore plus depuis l’augmentation de l’inflation, il y a des pertes salariales réelles significatives (en 2023, elles étaient en moyenne de 4 % à 6 %).
Depuis quelques mois, on observe toutefois une évolution notable, et ce parce que la situation du marché du travail est favorable aux salariéEs. Dans de nombreux secteurs, il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cela rend les travailleurEs plus sûr(e)s d’eux et plus enclins à se battre. C’est ainsi que depuis des mois, sous la pression de la base, les conditions de travail deviennent un sujet de plus en plus important. On réclame plus de primes pour le travail posté, des pauses rémunérées et surtout des horaires de travail plus courts, mais bien sûr aussi des salaires plus élevés, comme lors des grèves des employéEs des aéroports (personnel de sécurité ainsi que personnel au sol du groupe Lufthansa).
Transports publics
La lutte la plus importante dans ce contexte se déroule actuellement dans les transports urbains. Dans la semaine du 26 février au 2 mars, les travailleurEs ont paralysé les transports urbains dans plus de 70 grandes villes pendant un à deux jours. La particularité de cette action est que l’organisation Fridays for Future (FfF) a conclu il y a quatre ans, avec le syndicat des services ver.di, l’alliance « Wir fahren zusammen » (nous allons ensemble). Cette fois-ci, des manifestations communes très efficaces ont eu lieu le jour principal de la grève, le 1er mars. En Allemagne, c’est la première fois qu’un syndicat et une partie du mouvement de protection du climat agissent ensemble. Cela a été possible avant tout parce que l’alliance a souligné : « Pour des raisons sociales et de protection du climat, nous avons besoin d’un tournant dans les transports, c’est-à-dire d’un développement massif des transports en commun. Pour cela, nous avons besoin de plus de conducteurs ». Aujourd’hui déjà, il manque des conducteurEs de bus, car trop peu de gens veulent faire ce travail pénible (travail posté et salaire trop bas). Il faut donc rendre ce travail plus attractif, ce qui passe par une réduction du temps de travail avec une compensation salariale complète.
Contrairement à d’habitude, la presse ne s’est cette fois-ci guère acharnée contre les grévistes, et ce, pour deux raisons principales : la population voit la charge de travail élevée des employéEs des transports publics et voit également la nécessité de développer les transports publics.
Certes, cela n’a pas encore permis d’aboutir à un accord satisfaisant (la bureaucratie syndicale ne profitera probablement pas de l’élan désormais acquis pour faire aboutir la majorité des revendications). Mais les salariéEs, fortEs du succès de la mobilisation et de leur nouvelle confiance en eux, ne se calmeront pas de sitôt.
Les conducteurs de train en lutte
C’est dans un contexte similaire de manque de personnel que se déroule depuis quatre mois la négociation collective des conducteurEs de train. Mais il y a une différence essentielle : le syndicat des conducteurs de train (GDL) ne fait pas partie de la grande confédération syndicale DGB et, en raison de son attitude nettement plus combative, il est sous le feu tant du gouvernement que du syndicat concurrent EVG (membre du DGB). Le GDL ne reçoit aucun soutien de la part du DGB, au contraire : les grands syndicats de l’industrie demandent au GDL de céder.
Lors des négociations, qui se sont déroulées dernièrement à huis clos pendant quatre semaines, la compagnie ferroviaire n’a pas répondu à la revendication principale, à savoir la réduction du temps de travail de 38 heures à 35 heures. On estime donc que dans quelques jours, de nouvelles grèves auront lieu au sein des chemins de fer, paralysant le trafic ferroviaire pendant plusieurs jours.