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Libye : nouvelle tentative d’un gouvernement d’union
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les amorces de résolution de la crise se heurtent à l’ingérence de puissances étrangères et aux dirigeants des milices qui profitent largement des troubles du pays.
Réunis à Tunis, 120 membres des deux parlements, l’un de Tripoli, contrôlé par le Premier ministre Dbeibah, et l’autre dans l’Est, dirigé par le maréchal Haftar, sont convenus d’avancer vers des élections pour mettre fin à la crise libyenne.
Conférence du Caire
Quelques jours plus tard, sous l’égide de la Ligue arabe, les représentants des trois entités étatiques, le Conseil présidentiel, le Haut Conseil d’État et la Chambre des représentants ont acté un accord. Il prévoit notamment la nomination d’un gouvernement resserré de technocrates, dont la principale tâche serait l’organisation des élections.
En refusant ce processus, le Premier ministre Dbeibah ne fait que renforcer son isolement. La plupart de ses soutiens lui font désormais défaut, à l’image d’Al-Seddik Omar al-Kabir, le gouverneur de la Banque centrale. Il est aussi fortement contesté par la rue. La crise économique ne cesse de s’approfondir : le dinar libyen perd de sa valeur aggravant l’inflation car la quasi-totalité des denrées et marchandises sont importées. Pour l’anniversaire de la Révolution libyenne du 17 février, le Premier ministre s’était lancé dans des dépenses somptuaires. Les populations présentes avaient protesté bruyamment contre ce gaspillage d’argent, alors que la plupart des fonctionnaires connaissent des retards de salaire. Dbeibah a passé plus de temps à placer les membres de sa famille élargie dans l’appareil d’État qu’à chercher à résoudre la crise politique et économique.
Le chaos profitable
Cette énième tentative de règlement politique risque fort d’échouer en raison de deux obstacles. Le premier est l’interférence des puissances étrangères. Le gouvernement de Tripoli bénéficie du soutien de la Turquie qui en profite pour mettre la main sur le pétrole en mer libyenne. Haftar, lui, est soutenu par l’Égypte et les Émirats arabes unis ainsi que par la Russie via les troupes de Wagner.
La France n’est pas en reste. Si elle appuie officiellement les efforts de l’émissaire des Nations unies Abdoulaye Bathily, elle soutient en sous-main militairement, aux côtés de Wagner, les troupes d’Haftar. La découverte d’armements issus des stocks français, comme les missiles Javelin, ou encore la mort de trois soldats lors d’un accident d’hélicoptère à Benghazi confirment cet engagement.
Le second obstacle est que la situation de confusion permet à la plupart des dirigeants adossés aux milices de s’enrichir en pillant les ressources de pétrole et en s’adonnant à toutes sortes de commerces illicites fortement lucratifs. Cela va du trafic de carburant à celui de la drogue et au plus sordide, celui des migrantEs sub-sahariens rançonnés ou réduits au travail forcé.
Si, pour les pays européens, cette situation n’est pas idéale, ils s’en accommodent parfaitement tant que les milices jouent la police et empêchent les migrantEs de s’embarquer pour l’Europe.