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La Cour des comptes propose de liquider la statut des enseignants
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce rapport thématique, intitulé Gérer autrement les enseignants, rendu public mercredi 22 mai, préconise d'en finir avec la gestion nationale des 837 000 "profs", une gestion effectuée comme s'ils avaient tous les mêmes compétences et les mêmes envies et comme si les élèves se ressemblaient dans tous les établissements. Le rapport vise une meilleure adaptation aux besoins réels des élèves et une véritable gestion des carrières.
La Cour propose que le métier, défini aujourd'hui par un nombre d'heures de cours à assurer chaque semaine, soit désormais pensé comme un nombre d'heures et des missions à effectuer sur l'année, et que la répartition de ces heures entre les cours et la réponse aux autres besoins du terrain soit décidée au sein des établissements.
CONCOURS NATIONAL
La coordination d'une discipline ou d'un niveau d'enseignement, l'aide aux élèves seraient pris en compte dans des services enseignants. Plus une école, un collège ou un lycée accueilleraient d'élèves en difficulté, plus ils bénéficieraient d'un nombre élevé d'enseignants. La province de l'Ontario, le land de Berlin ou les Pays-Bas qui ont servi de modèle à la Cour osent dépenser deux fois plus pour leurs élèves en difficulté.
Aujourd'hui, les collèges les plus durs n'attirent pas les enseignants puisqu'on y enseigne autant qu'ailleurs et qu'il faut en plus y gérer les problèmes sociaux. Pour rendre ces zones attractives, la Cour parie sur un vrai allégement du nombre de cours qu'un professeur devrait y assurer par rapport à un établissement du centre-ville.
Dans ce schéma, les enseignants de collège pourraient délivrer plusieurs disciplines et faire des échanges de services avec les maîtres de l'école d'à côté en cas de besoins des élèves. Un point que le ministre Vincent Peillon avait inscrit dans sa loi d'orientation, mais sur lequel il a reculé en novembre, face à l'opposition du principal syndicat du secondaire, le SNES-FSU.
Et plutôt que passer un concours national, et se voir affecté à l'autre bout du pays dans les établissements boudés par les professionnels chevronnés, comme c'est le cas pour plus de six nouveaux profs sur dix, l'enseignant du secondaire choisirait une académie et y passerait les épreuves nationales du concours, comme c'est la règle pour le primaire.
L'"ENGAGEMENT" MIEUX RECONNU
La Cour aborde aussi le problème de la rémunération et postule qu'on peut mieux payer les professeurs en répartissant différemment les 49,9 milliards d'euros de leur masse salariale. Elle s'insurge que des agrégés continuent à être nommés en collège, où ils sont payés 30 % de plus qu'un certifié (titulaires du capes) pour travailler 15 % de moins.
Plus globalement, elle estime que l'argent devrait aller vers ceux qui choisissent la difficulté. Sans parler de salaire au mérite, la Cour des comptes préconise que l'"engagement" soit mieux reconnu, que les équipes pédagogiques disposent d'une manne pour l'établissement et s'autoévaluent.
Ce système, inspiré du modèle finlandais, permettrait des économies et éviterait d'attendre un inspecteur qui ne passe qu'une fois tous les quinze ans pour qui enseigne le sport à Versailles, une fois tous les dix ans lorsqu'on est en sciences économiques à Limoges...
LA DÉFIANCE RESTE DE MISE
Pour construire ce schéma, la Cour des comptes est partie de plusieurs constats. D'abord l'inefficacité croissante de l'école française qui plonge dans les évaluations internationales des élèves depuis l'an 2000 et oublie sur le bord du chemin ses élèves les plus faibles. Ensuite, la crise du recrutement des enseignants, qui montre que quelque chose ne tourne pas rond quand le chômage sévit. Entre 2006 et 2012, on est tombé de 6 candidats pour un poste mis au concours à 2,7. Même si les créations de postes de la gauche ont conduit à une remontée des candidatures, la défiance reste de mise.
La balle est dans le camp du ministre, qui a désormais sur son bureau une proposition de refondation plus radicale que la sienne. Sa réponse, annexée au rapport, laisse peu d'espoir qu'il ouvre ce dossier propre à indisposer le syndicat majoritaire du second degré sur à peu près tous les points abordés.
Comme on le souligne dans l'entourage du ministre, "il manque à ce rapport un chapitre dans lequel la Cour des Comptes nous explique comment faire"... La rue Cambon, elle, continue au fil de ses rapports à dessiner une école qui offrirait ce qu'elle estime être un meilleur service à la nation pour 6,3 % du PIB. Et, surtout, une école plus égalitaire.