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Comment les scribouillards bourgeois utilisent Marx contre le prolétariat

Marx

Lien publiée le 26 juin 2013

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Edito de Favilla dans les Echos du 26 juin

Et si quelques décennies après Belmondo, Karl Marx était le nouvel homme de Rio ? On pourrait dire aussi l'homme d'Istanbul et peut-être de Téhéran demain, tant les mouvements sociaux qui agitent ces métropoles et d'autres grandes villes comparables ont de points communs. Et d'abord celui d'être les prémices d'une révolution bourgeoise.

On a tellement associé l'auteur du « Capital » à l'insurrection ouvrière d'octobre en Russie que l'on a oublié qu'il fut d'abord un analyste très pénétrant de la montée en puissance de la bourgeoisie au cours de la première révolution industrielle. Son oeuvre la plus célèbre, le « Manifeste du parti communiste », est largement consacrée à la Révolution française et au rôle strictement révolutionnaire que la nouvelle bourgeoisie a joué dans le renversement de l'Ancien Régime, aristocratique. Ce régime craque lorsque ses structures sclérosées ne sont plus capables d'accueillir en leur sein les nouvelles forces économiques et culturelles issues du développement.

Or, que voyons-nous au Brésil, en Turquie ou en Iran ? Non pas des insurrections de la misère qui réclameraient du pain, mais des revendications politiques, symbole des jeunes bourgeoisies montantes. Selon les situations locales, il s'agit du rejet des codes religieux autoritaires, de l'exaspération contre la corruption, de l'aspiration à l'égalité et à la liberté. Marx avait bien vu que le dynamisme économique du capitalisme allait appeler la libération des aspirations politiques et culturelles. Certes, il s'est trompé en pensant qu'il s'agirait d'une première étape vers la réalisation d'une société communiste où les ouvriers prendraient le pouvoir aux bourgeois après que ceux-ci l'eurent arraché aux aristocrates. Mais le fait qu'il ait mal anticipé la seconde étape n'invalide pas ses analyses de la première. Nous sommes en de nombreux points du monde à ce noeud de tensions où les structures anciennes sont ébranlées par une tectonique des plaques aussi irrésistible en matière culturelle qu'elle l'est en géologie. Et même si l'appareil répressif y tient pour le moment mieux le coup qu'ailleurs, il est visible à de nombreux signaux que la même tectonique est à l'oeuvre en Chine. Il faudrait relire Marx avec son regard passé sur 1789 et non avec son regard futur sur 1917.