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Afr. du Sud: les mineurs en grève réclament un doublement de leurs salaires

international

Lien publiée le 24 janvier 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(afp) Les mineurs sud-africains en grève réclament un doublement de leurs salaires, au nom de la répartition des profits et de la marche vers une société moins inégalitaire, mais le patronat estime qu’il serait suicidaire de céder, vu le contexte économique local et mondial.

«12.500 rands (840 euros) par mois comme salaire de base!» est devenu le cri de ralliement lancé par l’Amcu, le syndicat majoritaire dans le platine. Soit, selon les calculs et les catégories, de deux fois à deux fois et demie l’actuel salaire de base du secteur.

Le patronat, qui prend en compte les allocations logement, aides médicales et autres avantages, estime quant à lui que le revenu mensuel de ses mineurs dépasse déjà les 600 euros.

«Ces 12.500 rands ne sont rien en comparaison de leurs profits», pestait ces derniers jours le président de l’Amcu Joseph Mathunjwa: «Pourquoi réinvestissent-ils les bénéfices à Londres plutôt qu’ici, là où sont les travailleurs?»

«Les capitalistes ont profité pendant des années de l’exploitation intensive des travailleurs et fait des bénéfices insensés grâce à notre richesse nationale.»

Et de souligner que Chris Griffiths, PDG d’Amplats, l’une des trois majors du platine, a déclaré un revenu personnel de 624.000 dollars (458.000 euros) en 2013.

A deux mois d’élections générales dans le pays, toujours considéré comme l’un des plus inégalitaires du monde, l’argument porte.

Sans toutefois convaincre les sociétés minières, qui mettent en avant les coûts de production, et notamment de l’énergie. Ni le gouvernement, qui a vu la croissance chuter en 2012 en partie à cause des grandes grèves minières du troisième trimestre, et qui a plaidé cette année pour des grèves courtes.

«Il nous faut aussi réfléchir à deux fois sur la sagesse des grèves prolongées et nous interroger pour savoir si elles sont dans l’intérêt des travailleurs ou non», a déclaré cette semaine la ministre du Travail Mildred Oliphant.

Des grèves courtes

Le secteur minier contribue à près de 10% au PIB sud-africain, presque au double si l’on inclut les activités annexes.

Au total, les trois premiers producteurs mondiaux de platine --dont les sites tournent au ralenti depuis jeudi en raison de la grève-- affirment que la baisse de la production pendant les grèves de 2012 et 2013 s’est chiffrée par une perte de 1,15 milliards de dollars.

En 2012, le numéro un mondial, Anglo American Platinum (Amplats), avait enregistré une perte nette d’environ 165 millions de dollars, principalement à cause des grèves. L’entreprise a fait savoir que 2013 serait également une année déficitaire.

Lonmin, numéro trois mondial, a déjà annoncé une perte nette de 410 millions de dollars pour l’année écoulée. Et Implats, le numéro deux, avait enregistré en août une chute de 52% de ses bénéfices.

«Les mines sont tellement proche du point de rupture qu’une augmentation massive des salaires pourrait les pousser vers l’abîme», affirme l’économiste Ian Cruickshanks, expert du secteur. Selon lui, un relèvement du salaire de base à 12.500 rands est tout simplement «impossible».

«Nous sommes dans une période où notre industrie ne peut pas se permettre de nouvelles pertes de production et d’emplois à cause des mouvement sociaux», ont indiqué pour leur part dans un communiqué commun les trois sociétés, qui proposent une augmentation de 8%, supérieure au taux d’inflation officiel de 5,7%.

«Il est important de noter», poursuivent les géants miniers, «que l’industrie du platine a déjà octroyé des augmentations de salaire nettement au dessus du taux d’inflation ces dernières années, et qu’elle offre actuellement un des meilleurs salaires de base dans le pays.»

Les mineurs sont effectivement parmi les mieux payés des travailleurs non-qualifiés sud-africains, mais vivent souvent dans des conditions très précaires à proximité des puits de mine, et sont en général des travailleurs migrants venus de lointaines provinces voire de l’étranger.

Historiquement, le secteur minier sud-africain a prospéré grâce à une main d’oeuvre abondante très bon marché. Pour l’analyste Ian Cruickshanks, les grévistes prennent désormais le risque de pousser les sociétés à changer le modèle économique et à mécaniser leurs sites.