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A Marikana, les mineurs, en grève depuis quatre mois, se sentent abandonnés

AfriqueSud international

Lien publiée le 7 mai 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Les Echos) Dans le village où trente-quatre mineurs ont été tués par la police en 2012, les conditions de vie sont de plus en plus difficiles.

Voilà maintenant près de quatre mois que les mineurs de la ceinture du platine dans le Nord-Ouest de l'Afrique du Sud sont en grève. Réunis sous la bannière du puissant syndicat AMCU, ils n'ont pas cédé un pouce de terrain sur leurs revendications et souhaitent que leurs salaires soient doublés (de 430 euros à 860 euros). Les négociations avec les compagnies minières sont dans l'impasse et à l'approche des élections, les mineurs estiment que le gouvernement ne les a pas assez aidés dans leur lutte. « On a le sentiment d'être négligé. Les négociations ont débuté en juillet dernier, la grève en janvier et le gouvernement n'a jamais bougé pour nous aider. Maintenant c'est trop tard », regrette Steven Dijo, mineur à Bathopele, près de Marikana, depuis huit ans. Au moment de voter, il ne donnera pas sa voix à l'ANC, mais il n'est pas non plus certain de voter pour les Combattants pour la liberté économique, un parti radical qui propose de nationaliser les mines. « Il faut attendre de voir… Tous les partis promettent des choses, mais une fois qu'ils sont en place, ils ne font rien », ajoute-t-il, visiblement désabusé.

Avec cette longue grève, les revenus des mineurs ont considérablement diminué. Les conséquences pour les villages de la région sont dramatiques : faute de demande, les rayons de certains magasins se vident. « Depuis trois mois je ne travaille presque plus. Les gens n'ont plus d'argent, la grève est très longue. On essaie de faire crédit aux gens mais c'est très difficile. Comment va-t-on faire ? », s'interroge Michael Raja commerçant à Marikana. Dans le village, le désoeuvrement est total et ils devraient être nombreux à s'abstenir aujourd'hui.

« J'ai voté la dernière fois et il n'y a eu aucun changement. Je dors toujours dans un logement en tôle, il n'y a pas de route. Même si j'achète une vieille voiture, il n'y a pas de route pour conduire dessus. Voter c'est comme jeter sa voix à la mer : on ne profite de rien au final », regrette Somewhere, mineur sur un site de Lonmin à quelques kilomètres d'ici.

Dans les villages autour de Marikana, l'ANC organise des distributions de nourriture, pour subvenir aux besoins de la communauté, mais certains ne sont pas dupes. « Pourquoi font-ils ça maintenant quelques jours avant les élections ? Ils achètent les voix, c'est évident », affirme Somewhere. L'ANC peut cependant compter sur sa forte assise dans la région. En 2009, lors des dernières élections, le parti de Jacob Zuma avait remporté 73 % des voix dans la province minière du Nord-Ouest.