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Syrie : l'intervention militaire impérialiste se précise
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Paris pourrait participer avec Ankara et Londres à une campagne "limitée" en Syrie en appui de l'armée dissidente.
En tête du combat diplomatique visant à faire tomber Bachar el-Assad, la France est-elle à l'aube d'une opération militaire en Syrie ? Premier pays à avoir qualifié le Conseil national syrien (CNS) d'"interlocuteur légitime", Paris aurait décidé de prendre part à une "intervention" limitée de l'Otan en Syrie. C'est en tout cas ce qu'affirme Le Canard enchaîné, selon qui "la Turquie pourrait être la base arrière d'une intervention limitée, prudente et humanitaire de l'Otan, sans action offensive".
D'après l'hebdomadaire satirique, "Ankara proposerait d'instaurer une zone d'interdiction aérienne et une zone tampon à l'intérieur de la Syrie, destinée à accueillir les civils qui fuient la répression et les militaires qui désertent". Contactée par Le Point.fr, une source bien informée affirme que la zone de protection, décidée il y a une dizaine de jours, sera située dans la partie nord de la Syrie. Elle permettra non seulement de défendre les populations civiles, mais aussi d'offrir "un soutien éventuel à l'Armée syrienne libre" à l'intérieur des territoires syriens.
Scénario libyen
Cette nouvelle entité, composée de 15 000 membres de l'armée régulière ayant fait défection (8 000, selon la DGSE), est dirigée depuis la Turquie par le colonel Riad el-Asaad. Celui-ci s'est prononcé jeudi dernier pour des frappes aériennes étrangères contre "certaines cibles stratégiques" pour le régime en place, mais a exclu toute entrée de troupes étrangères. "Nous voulons que la communauté internationale nous fournisse un soutien logistique, ainsi qu'une protection internationale, la mise en place d'une zone d'interdiction aérienne et d'une zone tampon", a ajouté le colonel dissident.
Un soutien qui n'est pas sans rappeler l'intervention de l'Otan en Libye. Rendue possible par la résolution 1973 de l'ONU censée garantir la protection des populations civiles en Libye, celle-ci avait abouti dans les faits à des livraisons d'armes par la France aux insurgés ainsi qu'à une aide occidentale physique sur le sol. "Tout ce qui apparaîtra comme visible sera destiné à protéger les populations civiles", explique notre source. "Mais l'autre objectif est de soutenir de manière discrète l'Armée syrienne libre, un peu comme en Libye."
Avec la CIA
Dans son numéro du 28 décembre, la lettre hebdomadaire d'informations stratégiques et de défense va plus loin. D'après une source du renseignement européen, "le service action de la DGSE et le commandement des opérations spéciales (COS) de l'armée française seraient déjà au contact des militaires dissidents syriens pour les former et les aider à structurer leur capacité opérationnelle". Mais ce n'est pas tout. Selon cette source, la France ne serait pas la seule à occuper le terrain : la CIA et le BND (services secrets allemands) auraient déjà prépositionné leurs hommes en Turquie et en Jordanie, avec pour mission de renforcer le principal mouvement d'opposition armé au régime de Bachar el-Assad.
Le soutien apporté par la France au CNS relèverait davantage d'un "affichage politique", précise cette source. Ainsi, l'essentiel de la stratégie française reposerait sur l'option d'un renversement du régime mené par l'opposition militaire intérieure, que Paris appuierait en sous-main, en coordination avec Washington et Berlin.
Trafic d'armes
"Le soutien international aux rebelles armés vise à démontrer aux officiers de l'armée régulière que le régime ne bénéficie plus du soutien international afin qu'ils abandonnent Bachar el-Assad", explique au Point.fr Fahad al Masri, conseiller politique et médiatique du rassemblement de la communauté syrienne à l'étranger. "L'intervention, qui doit avoir lieu dans quelques semaines, pourrait être aérienne comme en Libye, et aurait lieu par le biais de la Turquie", indique l'opposant, car c'est la "seule manière pour elle d'être favorablement accueillie par le peuple syrien".
L'aide occidentale ne se cantonnerait pas à un soutien opérationnel. D'après Le Canard enchaîné, Paris et Ankara auraient d'ores et déjà décidé de tolérer, voire de favoriser, le trafic d'armes aux frontières de la Syrie. Une information confirmée de source bien informée. "Après neuf mois d'une répression sans précédent face à des manifestants pacifiques, la communauté internationale s'est rendu compte qu'il n'y avait pas d'autre solution pour sauver le peuple syrien", constate Fahad al Masri.