[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

    Newsletter

    Ailleurs sur le Web [RSS]

    Lire plus...

    Twitter

    Médias : quelle parole pour notre parti ?

    Par Gwen Ben Gwen ( 9 avril 2016)
    Tweeter Facebook

    N'ayant pas la télé chez moi, j'ai découvert aujourd'hui le passage du camarade Olivier Besancenot à l'émission « Le Grand Journal » de la chaîne capitaliste Canal+ (propriété du groupe Vivendi), ce mardi 5 avril[1]. Il y était invité en compagnie de Rémy Buisine, impliqué dans le mouvement Nuit Debout, et Miguel Urbán, un dirigeant de Podemos en Espagne. Le contexte était donné par la journée de mobilisation massive contre la loi Travail et par la révélation des « Panama Papers », qui démontrent une nouvelle fois la corruption sans bornes des capitalistes et de la caste politico-médiatique qui les sert.

    Le cadre proposé par l'animatrice Maïtena Biraben est très rigide. Une bonne partie du contenu est fourni par des reportages (généralement très tendancieux). Le temps de parole des invités est modeste et strictement contrôlé, et ils (tous des hommes blancs, etc.) sont sommés de répondre à des questions qui cadrent le propos. Malgré son expérience des plateaux, Olivier n’a pas réussi à remettre en cause ce spectacle affligeant.

    Une seule fois, il a pris la parole sans qu'on la lui donne... et la parole d’olivier, c’est quelque chose. Elle compte dans le paysage médiatique. Bien des gens aiment son ton, sa façon de tenir tête aux puissants et de nous représenter.

    La parole d’Olivier, c’est quelque chose qui peut faire bouger les esprits, qui peut donner corps aux idées instinctives que nous, les petites gens, n’osons pas formuler tant elles nous paraissent absurdes, écrasés que nous sommes par le matraquage médiatique capitaliste.

    Dans ce monde, c’est très difficile de penser à contre courant, très difficile d’oser imaginer qu’une autre société est possible, très difficile de penser qu’on peut se débarrasser de l’exploitation et du carcan de la propriété privée capitaliste.

    Et la parole d’Olivier, cette parole qui nous aide à relever la tête, pourrait aider bien des gens à faire ce chemin, ou tout du moins à s’y engager.

    Cette parole, les militants révolutionnaires l’attendent donc souvent avec une boule d’espoir au ventre, et si cet espoir est souvent satisfait par la fierté et la légitimité que nous donne Olivier, il est aussi très souvent déçu sur bien des points.

    Et à cette émission notamment, ce qu’a dit Olivier , m’est comme souvent, resté un peu en travers de la gorge. Lors de sa prise de parole inopinée, il n’a ce jour là, rien trouvé de mieux que de proposer de « retirer l'accréditation des banques présentes dans les paradis fiscaux » !

    Et c’est précisément ce genre d’ interventions qui pose problème aux militant-e-s révolutionnaires du parti dont la parole et les espoirs devraient être portés par Olivier (tout comme d’ailleurs par nos autres porte paroles).

    En résumé, qu’a dit Olivier ce soir là ? Et surtout, entre parenthèses, qu'est-ce qu'il n’a pas dit ?

    • on sera nombreux samedi 9 avril (pas un mot sur la nécessité de la grève jusqu’au retrait) ;
    • il a proposé que la Banque de France retire l’accréditation des banques présentes dans les paradis fiscaux (pas un mot sur la nécessaire nationalisation/socialisation des banques sans contrepartie, ni sur la création d'un monopole bancaire sous le contrôle des travailleur-e-s) ;
    • « nuit debout = des gens qui discutent » (pas un mot sur l’auto-organisation du mouvement à partir des boîtes en lutte, des facs en lutte etc.) ;
    • « loi el khomri = étincelle de la convergence des luttes » (pas un mot sur les bureaucraties syndicales qui freinent la mobilisation ça c’est toujours tabou dans la bouche d’Olivier alors que les diverses résolutions du parti sont claires sur ce point) ;
    • « la question qui va se poser c’est se représenter politiquement soi-même » (très bien mais rien sur la lutte des classes ni sur notre identité d’opprimés).

    Bon d’accord l’espace médiatique est restreint, bon d’accord l’exercice est difficile, bon d’accord, on ne peut pas tout dire dans une émission, mais quand je vois comme Olivier est à l'aise, je me demande pourquoi le camarade ne cherche pas à saisir la moindre occasion pour respecter son mandat de porte-parole du NPA, de tout le NPA.

    Olivier n’a plus besoin de notre mandat , il est bien assez intégré à la société du spectacle. Il y a sa place et il pourra continuer à se faire inviter sur les plateaux sans problème, et il pourra dire ce qu'il veut.

    Mais il ne faut pas, il ne faut plus que ça n’engage que lui ! Nous, cette société-là, on n'en veut pas !

    C’est déjà difficile pour nous de voir nos camarades militant-e-s anticapitalistes côtoyer avec le sourire des stars de la télé qui sont payées plus en un an que nous en toute une vie ! On aimerait des médias publics, sous le contrôle des travailleur-e-s et de la population mais on ne les a pas. Donc quand Olivier, Philippe ou Christine sont sur un de leurs foutus plateaux, on veut voir et entendre les exploité-e-s et les opprimé-e-s, s’en prendre aux patrons et à leurs chiens de garde !

    On veut des porte-paroles qui incarnent la révolte contre le capitalisme et toutes les oppressions, et qui adressent aujourd'hui un message simple aux travailleur-e-s et aux jeunes :

    • combattez les bureaucraties syndicales pour diriger vous-mêmes vos luttes !
    • faites la grève tou-te-s ensemble pour bloquer l'économie et les profits capitalistes ! c'est comme ça que vous pourrez prendre le pouvoir, réorganiser l'économie et faire cesser l'exploitation !
    • construisez dès aujourd'hui les organisations de lutte et le parti révolutionnaire, pour qu'advienne la société communiste autogestionnaire des travailleur-e-s libres et égaux !

    C’est si dur de dire des choses comme ça ? C’est si ridicule aux yeux d’Olivier, si inaudible ?

    Si c’est le cas, ben, c’est dommage mais nous, camarades qui rêvons d’une expression nationale correspondant à nos espoirs et à nos aspirations, ne nous sentons plus représenté-e-s.


    [1] http://www.canalplus.fr/c-emissions/c-le-grand-journal/pid5411-le-grand-journal.html?progid=1375797

    Télécharger au format pdf

    Ces articles pourraient vous intéresser :

    NPA-R

    Quelques raisons de notre départ du NPA-Révolutionnaires — contribution de quatre militant-e-s

    Ci-dessous une version adaptée au public d'un texte que 4 ex-militant.e.s du NPA-Révolutionnaires ont soumis au bulletin interne de discussion du Conseil de politique national du parti des 15 et 16 juin. Ils explicitent ici les raisons de leur départ de l'organisation pour rejoindre la Tendance Claire. Rappelons que la Tendance Claire, qui était une tendance du NPA depuis sa fondation, avait vu son intégration refusée par la direction de ce "NPA de gauche" qui se revendiquait d'une continuité organisationnelle avec le NPA d'avant le congrès de scission de 2023.  Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    NPA

    La Tendance CLAIRE confirme sa participation au « NPA de gauche » (légitimé par le Ve congrès)

    Lors de la dernière Assemblée générale de la Tendance CLAIRE, la majorité des camarades ont confirmé leur décision de rester au « NPA de gauche », légitime car issu du Ve congrès tenu en décembre.

    À l’automne, nous avions « refusé de participer à un congrès dont l’enjeu principal n’est pas l’intervention dans la situation politique, mais la crise d’un NPA autocentré et la polarisation par des menaces de bâillonnement ou d’exclusion ».

    Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    NPA

    La scission et le marasme : ainsi s’éteint le NPA

    Le week-end du 10-11 décembre a connu, à l’occasion du cinquième congrès du parti, l’éclatement du NPA. Ce fut un triste spectacle auquel nous estimons aujourd’hui avoir eu raison de refuser de participer.

    - La direction sortante fait éclater le parti
    - La « continuité historique » ne donne aucune légitimité à la direction sortante
    - Les courants d’opposition se replient dans un légitimisme sectaire et stérile
    - Une affaire à suivre…

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook