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    50e meeting anti-guerre de la Ligue Communiste Révolutionnaire du Japon – Fraction Marxiste-Révolutionnaire

    Par Dinesh Agarwal (30 septembre 2012)
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    Le 50e meeting anti-guerre de la Ligue Communiste Révolutionnaire du Japon – Fraction Marxiste-Révolutionnaire (LCRJ-FMR) a eu lieu le 5 août 2012, date choisie en souvenir des bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki en août 1945. Dans ce cadre, des meetings ont eu lieu dans une dizaine de grandes villes du Japon (1). Comme l'année dernière (2), nous avons été invités à assister au meeting central de Tokyo, auquel participaient environ 800 personnes.

    La première partie du meeting a consisté en la projection d'une vidéo de la manifestation du 29 juillet 2012 devant la Diète (Assemblée nationale). Des dizaines de milliers de personnes protestaient alors contre le redémarrage des réacteurs nucléaires arrêtés depuis la catastrophe de Fukushima. On a pu voir dans la vidéo une scène très impressionnante où des étudiants de Zengakuren (organisation étudiante très radicale où interviennent les militants étudiants de la LCRJ-FMR) brisent le cordon policier pour s"approcher du portail de la Diète sous l'encouragement enthousiaste des autres manifestants.

    Manifestation du 29 juillet 2012 devant la Diète

    Ont eu lieu ensuite les interventions d'un dirigeant de la LCRJ-FMR, d'un travailleur de la Poste et d'un militant étudiant. Les principaux axes de ces interventions – en partie présents dans l'appel du meeting – ont été :

    • Dénonciation de la gestion de la catastrophe par le gouvernement Noda (mensonges sur l'état de la catastrophe, abandon des victimes, volonté de redémarrer les réacteurs...) ;
    • Dénonciation de l'alliance militaire USA-Japon ;
    • Dénonciation du déploiement de l'hélicoptère Osprey, par ailleurs très dangereux pour les populations vivant dans le voisinage des bases américaines ;
    • Dénonciation de la hausse des impôts sur la consommation ;
    • Dénonciation de la direction de Rengo (la principale centrale syndicale japonaise) qui soutient les mesures du gouvernement et qui tente de museler la contestation des travailleurs ;
    • Dénonciation des massacres commis par le régime d’El Assad et des manœuvres impérialistes en Syrie.

    Ces interventions ont été complétées par la lecture des messages de solidarité reçus de 21 organisations à travers le monde (3), dont celui de la Tendance CLAIRE que nous reproduisons ci-dessous. Deux camarades argentins de la FLTI (Fraction Léniniste Trotskyste Internationale – LOI-Democracia Obrera en Argentine) ont ensuite discuté de la situation en Syrie. Nous avons également été invités à la tribune où nous avons fait un bilan de nos discussions en cours avec les camarades de la LCRJ-FMR et exposé les manoeuvres à travers lesquelles l'armée américaine se sert de la recherche universitaire internationale pour ses fins militaires. Comme l'année dernière, le meeting s'est terminé, dans une atmosphère pleine de combativité, au chant de l'Intanashonaru.

    Meeting central à Tokyo, le 5 août 2012

    Message de la Tendance CLAIRE du NPA (France) au 50e Meeting International Anti-guerre au Japon

    Chers, chères camarades,

    Nous vous remercions de nous avoir adressé votre « Appel pour le 50e Meeting International Anti-guerre au Japon ». À travers cet appel, nous avons pu nous rendre compte à quel point la situation à Fukushima est toujours critique et dangereuse pour la population, ce que les medias japonais mais aussi français continuent à nous cacher. Nous avons également pu mieux connaître votre combat courageux et déterminé contre l'industrie nucléaire, combat que nous soutenons sans réserve.

    Votre appel contient également des thèses sur les tensions inter-impérialistes, sur les luttes anti-impérialistes et les luttes de classe dans le monde et au Japon. Nous constatons un large degré d'accord avec la majeure partie de ces thèses, qui sont souvent bien plus correctes que celles de bien des organisations françaises se réclamant de l'anti-capitalisme ou même du trotskysme. Cependant, dans un souci d'avancer vers une discussion fraternelle et de fond entre organisations révolutionnaires, nous souhaitons revenir en détail sur quelques points de votre appel.

    1) Sur les soulèvements populaires dans les pays arabes

    Pour la Syrie, nous sommes d'accord avec votre dénonciation simultanée des régimes corrompus et autoritaires ainsi que des puissances impérialistes qui « manoeuvrent derrière la scène dans l'espoir de créer un nouveau gouvernement dirigé par des éléments pro-Américains », concrétisée par les slogans « Dénoncez les atrocités commises par le régime d'Assad ! Avancez les luttes anti-guerre contre les plans des États impérialistes pour intervenir [en Syrie] ! » Cette orientation est bien plus juste que celle portée par de nombreuses organisations du mouvement ouvrier en France qui apportent leur soutien à toute « l’opposition » au régime – ce qui revient implicitement à soutenir aussi le Conseil National Syrien (CNS) pro-impérialiste – et qui ne se prononcent pas contre les projets d’intervention militaire impérialiste.

    Cependant, votre texte ne dénonce pas de manière explicite le CNS, qui prétend assumer la direction de la lutte contre le régime et qui est l'interlocuteur privilégié des impérialistes, mais qui est en fait un véritable chien de garde de ces derniers – et alors que vous dénoncez à juste titre le Conseil National de Transition Lybien. Le CNS demande en effet ouvertement une intervention impérialiste et affirme clairement qu’une fois au pouvoir, il mettrait fin à l’alliance militaire avec le Hamas et le Hezbollah et qu’il renforcerait la coopération avec les monarchies du Golfe et les impérialistes.

    D'autre part, vous critiquez à juste titre la « vue superficielle contaminée par les media occidentaux » selon laquelle les soulèvements populaires dans les pays arabes ne seraient que des « révolutions pour la démocratie et la liberté ». En opposition avec cette analyse superficielle, vous dites que « les travailleurs se sont soulevés précisément pour dénoncer et renverser ces gouvernements [corrompus, inféodés à l'impérialisme, liés avec Israël...] ». Cela est juste mais ne prend pas en compte la dimension sociale de ces soulèvements. Comme Tendance CLAIRE du NPA, nous avons ainsi expliqué que « les exigences démocratiques des masses sont indissociables des revendications sociales qui avaient déjà provoqué une recrudescence des luttes de classe depuis quelques années dans les pays arabes et qui ont été exacerbées par les effets de la crise capitaliste : le refus de la hausse des prix, du chômage et de la misère ont été de fait les points de départ des processus révolutionnaires. Cela explique le rôle central non seulement des jeunes chômeurs, mais aussi des prolétaires qui ont un travail dans les mobilisations et dans la chute des dictateurs en Tunisie et en Égypte. » De même, en Syrie, les premières mobilisations avaient un caractère populaire et social, dans la continuité des soulèvements tunisien et égyptien, avant d’être canalisées dans la seule voie militaire par le CNS et les islamistes.

    Corrélativement, votre texte n'aborde pas la stratégie à mettre en œuvre pour que ces soulèvements puissent vaincre. Or il nous semble essentiel de mettre en avant une stratégie fondée sur l'auto-organisation des masses, avec la perspective du gouvernement des travailleurs. C'est ainsi que nous avons écrit par exemple en mars 2011 : « Pour les révolutionnaires de Tunisie, la priorité immédiate est d’aider au développement de l’auto-organisation, de combattre dans l’UGTT contre la bureaucratie et pour une orientation lutte de classe, d’impulser des grèves et de faire progresser l’idée qu’il est possible et nécessaire de poursuivre la révolution jusqu’au gouvernement des prolétaires, des jeunes et des paysans. »

    2) Sur la crise économique mondiale

    Vous accordez à juste titre une place importante à la crise économique mondiale, qui engendre « chômage, pauvreté, baisse de salaire, attaque contres les acquis sociaux » pour les masses, à qui les gouvernements aussi bien aux États-Unis, au Japon ou en Europe « font payer tout le prix de la crise », à travers des mesures d'austérité sans précédent.

    Cependant, vous n'abordez pas du tout l'origine ni les mécanismes de cette crise. Or, à notre avis, il est impératif de comprendre ces aspects pour pouvoir proposer une orientation de lutte correcte aux travailleurs. Ainsi, une bonne partie du mouvement ouvrier en France, dont les réformistes du Front de Gauche (PC et PG, qui est une rupture à gauche du PS), les directions syndicales, mais également la direction du NPA, quoique de façon plus confuse, adoptent une analyse keynésienne selon laquelle la crise est causée fondamentalement par le niveau trop faible des salaires (crise de sous-consommation). Ainsi, ils véhiculent l'idée qu'il serait possible de sortir de la crise en relevant le salaire minimum ou en menant une « bonne » politique monétaire (planche à billet) et budgétaire (augmentation des dépenses publiques, fiscalité plus redistributive) – sans rompre avec le capitalisme.

    Vous expliquez très justement que, « même si [les gouvernements de l'Eurozone] essaient d'augmenter les dépenses publiques afin d'encourager la croissance économique, cela ne fera qu'aggraver la crise de la dette de chaque gouvernement, ce qui pourrait bien provoquer une crise financière globale », vous opposant ainsi aux thèses keynésiennes. Cependant, nous n"avions pas pu trouver une explication positive de la crise dans votre appel.

    Pour notre part, nous analysons cette crise comme une crise de suraccumulation du capital : « trop peu de plus-value est créée par rapport à la masse de capital investi (pour acheter les moyens de production – capital constant – et pour acheter les forces de travail – capital variable). » Ainsi, le capitalisme ne peut sortir de sa crise systémique que « par une immense destruction de capital, entraînée par une guerre ou un effondrement économique (faillites en cascade). Le système n'a donc que l'austérité à perpétuité ou la barbarie à nous proposer. » De cette analyse découle une orientation résolument révolutionnaire, en opposition frontale à l'orientation des réformistes. Ainsi, nous expliquons par exemple qu'« il faut non seulement exproprier les grandes banques capitalistes pour créer un monopole du crédit, mais il faut aussi que les grands moyens de production passent sous le contrôle des travailleurs, en commençant par l’expropriation des groupes du CAC 40 et la réorganisation radicale de l’économie. [...] C'est pourquoi nous mettons en avant la nécessité d"une mobilisation de notre classe qui aille jusqu'au bout, c"est-à-dire jusqu'à la prise du pouvoir par les travailleurs. » Même si cela relève de la propagande dans la période actuelle, il nous semble indispensable pour une organisation révolutionnaire de défendre ces idées, tout en étant capable d’intervenir dans la lutte des classes immédiates, d’y avancer des mots d’ordre d’agitation et d’y prendre des initiatives.

    3) Nouvelles de la lutte de classe en France

    La situation de la lutte de classe en France est dominée par la préparation d’une politique d’austérité draconienne de la part du nouveau gouvernement élu en mai (gouvernement PS de François Hollande) et par une avalanche de plans de licenciements.

    Les principales orientations du début du mandat de Hollande sont :

    • Refus d’abroger les lois du sarkozysme alors que les gens ont voté Hollande pour rompre avec elles ;
    • Ratification du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) qui constitutionnalise l’austérité et renforce le poids des impérialismes dominants en Europe (Allemagne au premier chef, France ensuite) ;
    • Refus de sortir du nucléaire et de prendre même de premières vraies mesures dans cette direction, avec la lamentable capitulation des Verts ;
    • Maintien des troupes françaises coloniales en Afrique, du Liban à la Côte d’Ivoire, maintien de la France dans le commandement intégré de l’OTAN qu’avait décidé Sarkozy.

    Du côté des plans de licenciements, le « plan social » en préparation à PSA est à la fois le plus emblématique et le plus explosif. Prétextant des pertes liées à baisse des ventes de voitures en Europe, les dirigeants de PSA veulent imposer un « plan social » qui consiste en la suppression de

    • 3000 postes de production est la fermeture de l'usine emblématique d'Aulnay-sous-Bois (connue pour sa longue tradition de luttes) ;
    • 1500 postes sur le site de Rennes-La Janais ;
    • 3500 postes de personnels administratifs, techniciens, ingénieurs et cadres : toutes les usines du groupe sont touchées.

    Il s'agit d'un dossier explosif, le premier test pour la présidence de Hollande. Une victoire des travailleurs pourrait constituer un tournant radical pour la lutte contre les fermetures et les licenciements, marquée depuis le début de la crise par une série de défaites (Continental, Goodyear, Molex, Philips...).

    À la Tendance CLAIRE du NPA, nous avons décidé de participer activement à cette lutte en soutenant organisationnellement et financièrement les travailleurs en lutte, en popularisant leur lutte, mais aussi en leur proposant, à travers la discussion, des orientations comme

    • mettre en avant les revendications immédiates : « aucun licenciement, non à la fermeture d'Aulnay » ;
    • se battre pour l’expropriation sans indemnités de la famille Peugeot et des autres actionnaires, et la nationalisation de PSA sous contrôle des travailleurs eux-mêmes, seule solution pour obtenir le maintien de tous les emplois ;
    • développer l"auto-organisation (réunions, assemblées générales, coordination nationale), en nous appuyant sur les premiers pas en ce sens que constitue la mise en place de « comités de lutte » dans l’usine d’Aulnay ;
    • convaincre la majorité des travailleurs de la nécessité de la grève et constituer une gigantesque caisse de grève ;
    • construire la convergence avec les autres secteurs frappés par les licenciements et suppressions de postes (Air France, presse, Alcatel, Fonctions publiques...).

    Nous espérons que ces quelques éléments de réflexion et d'information permettront d'alimenter la discussion entre nos organisations.

    Pour finir, nous souhaitons un plein succès au 50e Meeting International Anti-guerre au Japon !

    À bas les guerres impérialistes ! À bas le système capitaliste, source de guerres, de destructions de l"environnement, de misère, de toutes les oppressions !

    Vive la solidarité prolétarienne internationale ! Vive la révolution communiste internationale !


    1) Voir l"appel (en anglais) du meeting à l'adresse : http://www.jrcl.org/english/e-AG2012.htm

    2) Cf. notre article sur le 49e meeting anti-guerre : http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=287

    3) Voir ces messages également à l'adresse : http://www.jrcl.org/english/e-AG2012.htm

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