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    Travailler au développement qualitatif et quantitatif des luttes

    La baisse d'intensité de la lutte de classe du côté des travailleurs-euses et la chute des régimes "socialistes" ont favorisé le développement de stratégies politiques réformistes et réciproquement.

    Avec les victoires du capitalisme ces dernières années, la destruction des liens sociaux s'est développée. Les idées réactionnaires prospèrent sur cette division pour proposer des modèles sous tendus par l'existence d'un ordre naturel des choses avec ses dominants et ses dominés (entre décideurs et exécutants, entre "civilisations", entre hommes et femmes, entre sexualités...).

    Si les réponses de classe existent toujours face aux attaques du capitalisme, les divisions qu'il engendre produisent également des réactions spécifiques, des luttes et des modes d'organisation qui peuvent apparaître étrangers à la lutte de classe. Si ces luttes sont considérées par certain.e.s comme des facteur de division de la classe, nous pouvons leur répondre que notre classe est, de fait, déjà divisée et parcellisée. Soutenir et s'impliquer dans ces luttes dites spécifiques, où se développent des pratiques qui politisent, où se dessinent les contours de sociétés futures et ou se résolvent des problèmes qu'il faudra résoudre à grande échelle, est nécessaire à un parti révolutionnaire du XXI ième siècle. La lutte sociale est un processus cumulatif et il faut valoriser tous les apports de celles et ceux qui contribuent, d'une façon plus ou moins revendiquée, à faire vivre l'idée de la socialisation des moyens de production ou à unifier les subjectivités en vue d'unifier le prolétariat et renforcer la lutte de classe.

    C'est le cas de certain.e.s zadistes de Notre Dame des Landes qui projettent de "socialiser" une partie de la ZAD en demandant que l'Etat reconnaisse le droit aux occupant-e-s de gérer cet espace comme ils et elles l'entendent. Notons par ailleurs que certain.e.s zadistes projettent de faire des cantines de solidarité pour appuyer les piquets de grèves et autres formes de luttes dans des "milieux" différents du leur..

    C'est le cas des militant-e-s de l"Assemblée des blessés", qui visent à recueillir les victimes de violences d'Etat : des militant.e.s de mouvements sociaux aux habitant-e-s des quartiers populaires en passant par les supporters de foot.

    C'est le cas des militant-e-s qui dans les luttes pour l'accueil des migrant.e.s, combattent contre l'islamophobie et le paternalisme pour permettre à tous et toutes les migrant.e.s de s'impliquer dans les décisions et les actions.

    Enfin, c'est aussi le cas de militant.e.s de l'antiracisme politique, qui, en bousculant des schémas dogmatiques, en foulant aux pieds le passé colonialiste des impérialismes occidentaux et ses nouvelles formes contemporaines, en revendiquant une identité politique forte, parviennent à s'imposer dans la sphère politique malgré des campagnes de diffamation et de calomnies.

    S'intéresser aux différentes formes de luttes, y compris celles ne relevant pas apparemment de la lutte de classe, ce n'est pas remettre en question le sujet révolutionnaire, au contraire ! C'est viser l'unification de la classe par tous les moyens, notamment en défendant explicitement ce but au sein de ces luttes. C'est acquérir une diversité d'implantation sociologique et géographique nécessaire à l'élaboration d'un processus concret de prise du pouvoir économique et politique par le prolétariat, en construisant le Parti à l'image du but fixé. C'est aussi s'enrichir des différentes formes de lutte pour enrichir le Parti.

    A ce niveau , le Front social tend à être un "laboratoire" au carrefour de tous ces enjeux de part la diversité de ses composantes et son axe revendicatif d'en finir avec l'état d'urgence et la répression sociale. Cette répression s'étend en effet sur de nombreux sujets, en premier lieu contre les personnes non-blanches et les "musulmans d'apparence" mais aussi de plus en plus contre des militant.e.s du mouvement social, renouant avec les concepts de classes sociales dangereuses. Tout le Parti devrait s'impliquer dans le Front social avec l'idée que les liens tissés et les expériences acquises ou à acquérir ne manqueront pas de resservir plus tard, quelque soit l'issue de cette initiative. Rappelons le, la lutte de classe est un processus cumulatif !

    Les acteurs-trices des premiers processus révolutionnaires n'ont pas attendu la création de l'URSS pour penser que les révolutions étaient possibles mais ils et elles se sont construit.e.s sur des expériences de luttes inabouties. A ceux et celles qui pensent que la classe ouvrière n'existe plus ou utilisent cet argument pour justifier le réformisme, montrons leur que le prolétariat existe bien en tant que force sociale et politique. L'enjeu est que ces différentes composantes agissent dans le même sens en vue de favoriser un contexte propice au développement d'une révolution.

    Cependant, s'impliquer dans toutes les formes de luttes contre le système capitaliste et les oppressions perdurant par et à côté de lui, ne servira que peu voire sera préjudiciable au Parti si celui-ci s'y disperse sans montrer son utilité. Des luttes sociales, il y en a, mais elles se cherchent, restent souvent locales, dans l'ici et maintenant, elles manquent de masse critique et/ou de perspectives pour se développer. Le Parti doit faire des propositions permettant aux luttes de se dépasser quantitativement et qualitativement.

    Sur le plan organisationnel, la démonstration de l'utilité du Parti tient notamment et évidemment en la contribution de son réseau à la construction et/ou au développement des cadres de luttes. Cependant, pour crédibiliser la conception du Parti selon laquelle son rôle n'est pas de faire la révolution mais d'aider le prolétariat à la faire, la défense de l'auto-organisation et de la démocratie dans les luttes est indispensable. De même dans les syndicats, s'il ne faut faire aucun cadeau à la bureaucratie syndicale, il faut prendre garde à ne pas gagner la direction politique sans gagner démocratiquement la base.

    Sur le plan politique, la démonstration de l'utilité du Parti doit se faire via la diffusion des outils d'analyses marxistes qui permettent d'accélérer les prises de conscience, qu'il s'agisse de sujets précis comme la nature des Etats capitalistes ou des impasses des projets basés sur la régulation du capitalisme. Porter la possibilité d'en finir avec le capitalisme en modifiant les rapports de production par la socialisation, porter la nécessité d'unifier la classe, de construire un gouvernement des travailleurs/euses permettraient également de rapprocher les personnes conscientes des méfaits du capitalismes, mais résignées à en accepter les maux par manque de perspectives.

    Les luttes favorisent le développement de la pensée politique et la pensée politique favorise le développement des luttes. Précisons notre projet et notre stratégie, enrichissons le Parti avec les luttes et enrichissons les luttes avec le Parti !

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