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    Sur la campagne électorale ouvertement réformiste de Raoul-Marc Jennar, tête de liste du NPA dans le Sud-Est

    Par Jean Veymont (29 mai 2009)
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    Un certain nombre de militants du NPA sont mécontents de la campagne électorale du parti, mais ils sont particulièrement nombreux en ce cas dans la circonscription du Sud-Est (Corse/PACA/Rhône-Alpes), où le candidat tête de liste est Raoul Marc Jennar. Des militants et même certains comités ont écrit des lettres pour s’en plaindre. En effet, la ligne défendue par le camarade Jennar dans sa campagne est ouvertement réformiste et assumée comme telle. Elle a ainsi au moins le mérite de mettre parfaitement en évidence la logique gravement erronée de la campagne électorale du NPA dans son ensemble.

    Raoul Marc Jennar a lancé sa campagne le lundi 20 avril au village de La Chapelle en Vercors dans la Drôme, haut lieu de la Résistance. Dans cette première réunion publique, il a proposé un parallèle purement formel entre la Résistance et la politique du NPA, expliquant qu’il fallait refuser la fatalité et la résignation au nom des valeurs de la paix, de la solidarité, de l’égalité, de la justice, de la démocratie et autres abstractions (1). Mais surtout, plus concrètement, il s’est réclamé avec ferveur du programme du Conseil national de la résistance — programme réformiste par lequel les gaullistes, les démocrates chrétiens, les sociaux-démocrates et les staliniens se sont alliés pour éviter la révolution au lendemain de la guerre, en reconstruisant le capitalisme français effondré et son État bourgeois discrédité — tout en massacrant les révoltes des Malgaches et des Algériens qui osaient se soulever pour leur libération nationale.

    Lors de sa réunion publique suivante, à Romans (Drôme), interrogé par un militant de la Tendance CLAIRE sur l’objectif de la révolution, R. M. Jennar s’est livré à une violente attaque contre le communisme et la révolution russe, il a renvoyé dos-à-dos Trotsky et Staline et s’est vanté d’avoir combattu durant le processus constituant du NPA pour que les mots « communiste » et « révolutionnaire » ne servent pas d’identifiants au parti. Il s’est prononcé plus généralement contre la violence révolutionnaire, à laquelle il a opposé l’idéologie de la non-violence de Gandhi — alors que cette canalisation pacifiste de la lutte du peuple indien contre l’occupant britannique est intégralement responsable de la reproduction du sous-développement capitaliste indien, avec le maintien du pillage et de l’exploitation du peuple par les trusts impérialistes, la persistance de la misère massive du peuple et leur cortège explosif de tensions ethniques et religieuses permanentes.

    Mais alors, quel est le programme politique du camarade Jennar ? Dans les réunions électorales, il se propose, s’il est élu, de « mettre des grains de sable dans la machine » de l’Union européenne, qu’il ne remet cependant pas en cause comme telle : il consacre beaucoup de temps à critiquer le fonctionnement des institutions de l’UE, mais se contente ensuite d’opposer à cette « UE libérale » une bien vague « Europe des peuples », non une Europe socialiste des travailleurs. C’est que sa démarche à l’égard de l’UE est ouvertement réformiste : dès le congrès de fondation du NPA, il avait annoncé vouloir « construire une unité anticapitaliste en Europe » dans le but de « changer l’Union européenne » (cf. http://rmjennar.free.fr/ ?p=672#more-672). Dans sa campagne, il ne se prononce même pas pour l’abrogation du trait de Lisbonne, qu’il veut, là aussi, seulement « changer » : « le traité doit changer radicalement dans ses orientations », car « l’Europe n’est pas démocratique » (Le Dauphiné libéré, 27/04). Quant à l’adverbe « radicalement », il est à peu près vide : la mesure de cette « radicalité » se juge à l’aune de sa position concernant « l"arrivée de nouveaux pays » dans l’UE : « Il ne faut pas un trop gros élargissement, mais une zone de libre échange, oui. » Autrement dit, l’anticapitalisme du R. M. Jennar est compatible avec le « libre échange » et son « Europe des peuples » en exclut certains !

    Pour les révolutionnaires, au contraire, l’anticapitalisme cohérent et conséquent ne peut être que le combat pour détruire l’UE, institution impérialiste, et construire les États-Unis socialistes d’Europe et du monde. Cela suppose de combattre contre le capital et contre le marché, pour la socialisation des moyens de production et la planification de l’économie par les travailleurs auto-organisés en conseils à tous les niveaux.


    1) Cf. le site de R. M. Jennar, http://rmjennar.free.fr/?p=776#more-776

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