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    À bas l’intervention française au Mali! Tous ensemble pour obtenir le retrait des troupes!

    Par Kolya Fizmatov (12 mars 2013)
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    Il n’y a pas d’intervention militaire au Mali, mais une guerre contre le peuple Malien. La pirouette rhétorique, déjà utilisée il y 10 ans par les États-Unis à propos de l’Irak, doit être dénoncée comme l’escroquerie qu’elle est.

    Cette guerre n’est pas menée contre des idées (fussent-elles celles du « fondamentalisme », de « l’intégrisme », de « l’islamisme »... dont l’occident s’accommode fort bien ailleurs, comme dans les États du Golfe), mais pour la défense d’intérêts matériels. D’une part, il s’agit d’éviter que l’instabilité se propage dans une région où les entreprises françaises prospèrent sur le dos des populations : Areva au Niger, Bouygues au Sénégal et au Mali, Vinci au Burkina Faso... Malgré l’intervention de l’impérialisme en Libye, le sud du Maghreb n’est pas à l’abri des soubresauts du printemps arabe. D’autre part, le nord du Mali comprend plusieurs gisements de pétrole et de gaz, encore en cours d’exploration, sur lesquels la vieille puissance coloniale entend bien s’imposer, notamment contre les intérêts américains et chinois qui tentent une percée dans la région.

    Le Mali, comme tous les États africains, a hérité des frontières coloniales et comprend des populations très diverses. Le Sud, où se concentre la grande majorité, est surtout peuplé d’ethnies subsahariennes, le nord d’ethnies arabes et berbères. Parmi ces dernières, les Touaregs luttent depuis plus d’un demi-siècle pour leur auto-détermination. Le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), héritier de leurs rébellions successives, est aujourd’hui en perte de vitesse face à différents groupes islamistes (Ansar al-Dine, Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest…). Pour ceux-ci, l’indépendance de l’Azawad n’est pas une fin en soi, mais une étape vers l’instauration d’une théocratie sur l’ensemble du Mali, voire dans la région entière.

    En mars 2012, l’enlisement du conflit au nord du pays sert de prétexte à un coup d’État militaire contre le président Amadou Toumani Touré, accusé d’être incapable de défendre l’intégrité territoriale du Mali. Confronté à l’hostilité de la population et isolé sur la scène internationale, le nouveau pouvoir perd rapidement le contrôle du nord. Quelques semaines plus tard, l’indépendance de l’Azawad est proclamée par une alliance réunissant le MNLA et Ansar al-Dine. L’entente entre les deux mouvements ne dure cependant pas, et ils entrent en conflit ouvert à partir de l’été. Par ailleurs, les islamistes poursuivent leur progression vers le Sud.

    Entre-temps, la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) patronne un processus de réconciliation entre les putschistes et les partisans de l’ancien gouvernement, qui tourne à la farce. Le gouvernement de transition constitué n’exerce aucun pouvoir réel. Ainsi, son Premier Ministre, Modibo Diarra (par ailleurs président de Microsoft Afrique et citoyen américain) est arrêté par l’armée en décembre et remplacé par Diango Cissoko, haut fonctionnaire formé en France. C’est ce gouvernement fantoche qui demande officiellement l’intervention de Paris au début du mois de janvier.

    Les peuples de la région n’ont, toutes ethnies confondues, rien à attendre et tout à craindre de cette intervention. La France, qui assure intervenir au nom de la démocratie, s’est tout aussi bien accommodée de la sanglante dictature de Moussa Traoré (1968-1991) que de ses successeurs plus ou moins démocratiquement élus. L’important est qu’elle puisse continuer de piller les ressources de la région (3e producteur d’or d’Afrique, le Mali dispose également d’un sous-sol riche en uranium et en hydrocarbures). Tout gouvernement qui la laisse faire, qu’il soit noir ou berbère, islamiste ou laïc, démocrate ou autoritaire, aura sa faveur.

    Après Guy Mollet et la guerre d’Algérie, Mitterrand avec la guerre du Golfe, Jospin avec l’intervention en Serbie et la guerre contre l’Afghanistan, Hollande s’inscrit dans la lignée des va-t-en guerre « socialistes » qui croient se donner une stature d’hommes d’État en se faisant les valets des capitalistes. Et ils nous font à chaque fois le coup de l’union sacrée nationale pour tenter d’atteler les travailleurs/ses aux intérêts patronaux et de détourner notre attention des attaques redoublées sur le plan social. Plus que jamais, l’heure est au combat toutes et tous ensemble contre ce gouvernement qui a mis si peu de temps à se montrer pire encore que celui de Sarkozy !

    Les succès remportés par l"armée française contre les divers groupes islamistes ainsi que le soulagement des civils échappant à leur joug, voudraient nous donner l"image d"une guerre éclair, propre et sans bavure. Mais si la cinquième armée au monde peut facilement contrôler les villes et les grands axes de communication, le contrôle de la totalité d"un pays grand comme deux fois à la France, et a fortiori des zones désertiques limitrophes, est hors de sa portée : l"occupation sera longue. D"ailleurs, Paris, chantre de « l"intégrité territoriale » du Mali, a rapidement dû se résoudre à une alliance avec le MNLA. D"autre part, le comportement de l"armée régulière malienne envers les populations civiles dans les zones reconquises n"a pas grand-chose à envier à celui des islamistes : enlèvements et exécutions sommaires, chasse à l"homme contre ceux qui ont la peau trop claire ou portent l"habit traditionnel touarègue...

    À l’heure où les réformistes soutiennent l’intervention de l’impérialisme français, l’honneur du mouvement ouvrier est sauvé par les organisations qui la dénoncent, comme LO, le POI et le NPA. Il s"agit maintenant de prendre des initiatives concrètes, appeler notamment à de grandes manifestations et faire prendre position à nos syndicats à tous les niveaux pour exiger l’arrêt de l’intervention, le départ de l’ensemble des troupes françaises d’Afrique et pour la défaite militaire de notre impérialisme. C’est l’orientation que nous défendons au sein du NPA.

    Front de Gauche : en dessous de tout !

    Les deux principales composantes du FdG, le Parti communiste français et le Parti de gauche, ne condamnent pas l’intervention, se contentant d’en regretter les modalités : absence de supervision de l’ONU, pas de débat préalable au Parlement. Le PCF prévient que l’intervention « comporte un grand risque de guerre » (comme si elle n’était pas déjà une guerre en soi !), et le PG rend hommage aux soldats français tués lors des opérations.

    Avec ces réserves, le groupe du FdG à l’Assemblée Nationale a, par la voix du député François Asensi (Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique), annoncé son ralliement à l’union nationale impérialiste : « La non-intervention aurait été la pire des lâchetés. Une action militaire internationale était nécessaire pour éviter l’installation d’un État terroriste. »

    Quant aux formations plus marginales de la coalition, elles oscillent entre la condamnation (Parti communiste des ouvriers de France) et le soutien enthousiaste (République et Socialisme). Entre les deux, la Gauche Anticapitaliste (scission droitière du NPA) fait preuve d’une attitude ambiguë, déclarant d’un coté que « la France ne doit pas intervenir au Mali » et regrettant de l’autre que l’agression militaire n’ait pas été le fait d’États africains sous le mandat de l’ONU. C’est faire preuve d’une grande naïveté sur l’ONU, qui n’est pas un arbitre neutre mais un outil contrôlé par les grandes puissances, ainsi que sur les régimes installés dans les pays voisins (Côte d’Ivoire, Sénégal, Niger) qui sont des fidèles séides de l’impérialisme français.

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