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    Poutou en est ! Pour une campagne présidentielle révolutionnaire du NPA Jeune

    Relancer la campagne Poutou après la course aux signatures

    Les deux derniers mois ont été marqués par un effort titanesque du Secteur Jeunes dans la recherche de signatures pour Philippe Poutou, le seul ouvrier anticapitaliste de la campagne présidentielle. À la veille du SNJ,ça y est c'est fait Philippe est candidat et ce malgré le caractère foncièrement anti-démocratique de la règle des 500 signatures. Non seulement nous avons joué un rôle moteur dans cette étape, mais nous avons su la politiser en dénonçant les institutions bourgeoises de la Ve République.

    À présent, le moment est venu de relancer la campagne Poutou dans le secteur Jeunes. Nous pouvons nous appuyer sur la dynamique qui s’est développée lors de la recherche des signatures. Et puis sur l'ensemble des meetings s'étant tenu dans la jeunesse et ayant tous été de grosses réussites, à coup d'amphis remplis à rabord (Bordeaux, Toulouse, Paris 8, Nanterre) montrant un véritable intérêt dans nos facs pour notre campagne. Pour continuer et amplifier cette dynamique nous devrions organiser en tant que secteur jeune une série de meetings pour la campagne présidentielle, spécifiquement adressés à la jeunesse, avec un profil clairement révolutionnaire, et ce y compris dans les villes en ayant déjà connu. Nous pouvons compléter cette propagande par une agitation régulière, non seulement sur nos lieux d’intervention habituels, mais aussi sur le reste du territoire (caravanes Poutou pendant les vacances de pâques...). Nous pouvons ainsi étendre et renforcer notre implantation dans la jeunesse, tout en nous liant aux secteurs combatifs et aux luttes en cours, à commencer par la Marche du 19 mars de ce dimanche.

    C’est l’occasion de dialoguer avec la nouvelle avant-garde issue du mouvement contre la loi Travail, et de faire des expériences nouvelles avec des secteurs de la jeunesse qui ne s’intéressent pas à la politique en temps normal. C’est l’occasion de nous former à défendre nos idées en faisant connaître notre programme, notre stratégie et notre projet de société. C’est l’occasion de démontrer ce que pourrait être un NPA révolutionnaire : un parti capable de répondre aux aspirations anti-système de la jeunesse et des travailleur-se-s en proposant un programme de transition, une stratégie révolutionnaire et un projet de société communiste.

    Réorienter la campagne Poutou sur des bases révolutionnaires : revendications transitoires, stratégie révolutionnaire et projet de société communiste

    Les primaires et les affaires ont rebattu les cartes. Deux candidats incarnent sans équivoque les aspirations de la classe capitaliste dans sa majorité. Fillon, candidat inattendu de l’UMP, mise sur l’homophobie et l’islamophobie pour convaincre la jeunesse la plus réactionnaire. Macron s’appuie sur les thèmes de la modernisation et de la rupture avec le système en place, tout en rechignant à dévoiler concrètement son programme d’inspiration néolibérale. Inutile d’évoquer ici les candidats à la Jean Lassalle, François Asselineau ou Nicolas Dupont-Aignan… Ces vieilles lunes profitent de la confusion politique dans une partie de la jeunesse et de notre classe pour capter une partie des votes, fournissant ainsi au système électoral une caution « pluraliste ».

    Moins à droite, Hamon rencontre un certain écho dans la jeunesse, notamment pour ses positions contre le racisme et la loi Travail, pour le revenu de base et la légalisation du cannabis – malgré l’ambiguïté des mesures qu’il propose. Les réformes de Mélenchon en font rêver certain-e-s, mais elles sont inapplicables dans le cadre du capitalisme en crise, et il n’envisage pas une seconde la socialisation des moyens de production et la prise du pouvoir par les travailleur-e-s.

    Hamon et Mélenchon pourraient conclure un accord électoral sur la gauche, par lequel ils se mettraient en position de remporter le second tour face à Marine Le Pen – mais ils ne le font pas. Dans ces conditions, et alors qu’une victoire du Front national au second tour ne peut être exclue, Hamon et Mélenchon démontrent chaque jour qu’ils font passer leur petite carrière de politiciens professionnels avant tout le reste.

    Dans cette campagne, notre responsabilité est de convaincre les jeunes qui hésitent à voter Hamon ou Mélenchon, celles/ceux tenté-e-s par l’abstention et celles/ceux qui, par dégoût du système, en viennent à voter FN. 

    Pour cela, d'abord, il n'est pas possible d'accepter que nos portes-paroles, dont Philippe Poutou, signent un texte programmatique et stratégique avec des lieutenants de la France insoumise (dont Eric Coquerel...)1. Et ce sur une base clairement antilibérale et pas du tout anticapitaliste et révolutionnaire, en plus sans parler de notre candidature aux élections. Ce genre de texte est dramatique quand on connaît le flou existant dans la tête de nombreuses personnes de notre classe quand à nos différences avec Mélenchon. Par ailleurs nous ne pouvons pas nous contenter, comme Nathalie Artaud de Lutte Ouvrière, de parler de la révolution les jours de fête. Nous devons incarner une alternative concrète au système capitaliste, en formulant des revendications transitoires qui font le lien entre les revendications spontanées des jeunes et des travailleur-e-s et la perspective de la prise du pouvoir par les travailleur-e-s.

    Par exemple, quand on nous demande comment nous allons nous y prendre pour interdire les licenciements (revendication spontanée d’une large partie de la population), nous ne pouvons pas nous contenter de répondre : « par les luttes », comme l’a fait Philippe Poutou dans une interview. Autre exemple, face aux questions sur le revenu de base proposé par Hamon, nous pouvons répondre sans hésiter que seule la socialisation des moyens de production permettra de mettre en place le salaire étudiant, et son extension, le salaire à vie. Ou encore, à la différence des candidats qui évoquent la rupture avec l’Union européenne dans le cadre du capitalisme, nous devons systématiquement lier cette perspective avec celle du gouvernement des travailleur-se-s. Nous ne devons pas avoir peur de parler de la socialisation des moyens de production, de leur gestion par les travailleur-se-s, de la prise du pouvoir économique et politique par les travailleur-e-s.

    Aujourd’hui, la campagne de Philippe Poutou n’apparaît toujours pas largement dans la jeunesse comme porteuse d’une politique révolutionnaire. Notamment dans l’avant-garde la plus politisée. Pour répondre à ces critiques, nous devons exposer clairement notre stratégie révolutionnaire, fondée sur l’auto-organisation et la convergence des luttes vers la grève générale insurrectionnelle. Nous devons nous démarquer nettement de la campagne Mélenchon, qui privilégie la voie électorale et institutionnelle, et des bureaucraties syndicales qui sont responsables de la défaite du mouvement contre la loi Travail. C’est en tirant les leçons stratégiques du mouvement contre la loi Travail, en termes de massification, d’inclusivité et d’indépendance politique, que nous pouvons ouvrir la voie à des victoires futures et contribuer à remettre la grève générale à l’ordre du jour.

    Enfin, pour que cette échéance électorale serve réellement à la construction du NPA, pour que nous gagnions au NPA une fraction significative des électeurs/trices de Philippe, nous devons faire vivre le projet de société communiste dans les comités Poutou et dans toutes les apparitions du NPA. Cela passe bien sûr par la déconstruction des modèles oppressifs qui empoisonnent notre existence. Mais il faut aussi que nous sachions décrire la société pour laquelle nous luttons, la société communiste. Militer pour la révolution n’est pas facile : si on ne sait pas pour quoi on se bat, on risque de se décourager au bout de quelques mois, ou de quelques années. C’est pourquoi nous avons intérêt à développer une vision concrète de la société communiste. Nous avons notamment besoin de formations plus fréquentes pour élaborer ces aspects en commun.

    1 http://www.cadtm.org/Les-defis-pour-la-gauche-dans-la

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