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    Chronique de la campagne présidentielle – épisode 8

    Chaque week-end, nous publions une chronique de la campagne présidentielle. En commentant les faits marquants de la campagne, de notre point de vue qui est celui de communistes révolutionnaires ayant décidé de faire campagne pour la victoire de Mélenchon en 2022. Vous pouvez retrouver les précédentes chroniques sur le site de la Tendance Claire

    Au sommaire ce week-end :

    - La gauche bourgeoise s’agite pour torpiller la candidature Mélenchon

    - Au delà de la bulle sondagière pour Pécresse, quelles perspectives ?

    - Brèves : Roussel, Schiappa, Zemmour

    La gauche bourgeoise s’agite pour torpiller la candidature Mélenchon

    La journée de mercredi 8 décembre a été digne d’un épisode (comique) de la série « Baron noir ».

    Interviewé le matin, Hidalgo balayait d’un revers de la main toute idée d’union de la gauche. Puis elle a pris le train pour un déplacement militant à la Rochelle. Finalement, à Poitiers, elle a rebroussé chemin et elle a décroché une invitation en urgence au 20h de TF1 parce qu’elle avait une annonce importante à faire. Entre deux reportages sur les huitres et les jouets, TF1 lui a accordé une interview de moins de 4 minutes où elle a proposé l’organisation d’une primaire de la gauche. Autrement dit, elle disait le contraire de ce qu’elle avait en début de journée. Elle avait aussi fermement refusé, il y a quelques jours, de participer à la « primaire populaire » au nom du fait que ce serait hypocrite car jamais elle ne pourrait voter pour Mélenchon !

    Dans le même temps, Montebourg s’agitait sur twitter disant que lui aussi avait des choses importantes à nous dire. Celui qui théorisait le dépassement du clivage gauche/droite pour « sauver la France » découvrait soudainement que la gauche devait s’unir ! Il a salué l’initiative d’Hidalgo et nous a expliqué sa recette magique pour « fabriquer du commun » et faire émerger un « candidat commun ». Il fallait que les « cinq candidats de gauche » (Roussel, Mélenchon, Jadot, Hidalgo et lui) mettent sur la table 5 projets, et du coup les 25 projets constitueraient le socle commun ! Puis, de façon ridicule, il s'est mise en scène appelant Hidalgo, Mélenchon, Jadot et Roussel... et tombant sur leur répondeur.

    Hollande s’est fait un plaisir d’indiquer que cette primaire serait un non sens. Jadot, Roussel, et Mélenchon ont aussi enterré immédiatement les propositions de Hidalgo et Montebourg. Quant à Royal, elle a flingué Hidalgo en disant qu’elle devrait se désister pour Jadot ou Mélenchon… tout en indiquant qu’elle-même était « disponible » si on venait la chercher !

    Que traduisent ces propositions soudaines de Hidalgo et Montebourg ? Le fait que leur campagne est en perdition bien sur. Mais plus profondément, ils ont bien compris qu’après le meeting de la Défense, Mélenchon allait probablement progresser et s’imposer comme le « vote utile » face à Macron et l’extrême-droite. D’ores et déjà, c’est ce qui est en train de se passer : cette semaine, Mélenchon progresse dans les sondages, et devance désormais Jadot pour tous les instituts. Chez Harris, il dépasse désormais la barre des 10 % (11%) et pour Cluster, Mélenchon est désormais à 13 %, très loin devant Jadot (5%) ou Hidalgo (3 %).

    C’est cela qui les fait paniquer : si Mélenchon creuse encorage davantage l’écart, leurs candidatures risquent de s’effondrer complètement car le match semblera plié. D’où leur agitation pour trouver une parade. La proposition d’une primaire vise à faire apparaître Mélenchon comme un diviseur. Il est peu probable que cela fonctionne, d’autant plus que Jadot s’accroche toujours à sa candidature.

    Mais la gauche bourgeoise n’a pas dit son dernier mot. Taubira semble être leur ultime carte pour tenter d’éviter l’hégémonie de Mélenchon à gauche. Taubira trépigne, elle passe des coups de fils, mais elle ne veut se lancer que si les conditions sont réunies, à savoir que Hidalgo et Jadot soient prêts à se retirer pour lui dérouler le tapis rouge. Les pressions vont donc vraisemblablement s’accentuer sur Jadot si l’écart avec Mélenchon se creuse de plus en plus (ce qui est en train de se produire). Une éventuelle candidature « unitaire » Taubira pourrait peut-être faire illusion et enrayer la progression de Mélenchon vers le second tour. C’est bien l’objectif de cette gauche bourgeoise qui est bien sur bien plus proche de Macron que de Mélenchon.

    Cette gauche bourgeoise peut aussi compter sur les « idiots utiles » réformistes qui ne voient le salut face à l’extrême-droite et Macron que dans l’unité de la « gauche ». Une tribune publiée dans Libération presse tous les candidats de gauche (et même d’extrême-gauche !) de s’unir autour d’un programme commun de « rupture ». On nous explique que les programmes ont plus de « similitudes » que de « différences » et que les « divergences sont surmontables ». Parmi les signataires, on retrouve des militant.e.s d’Ensemble, des altermondialistes comme Aguiton ou Khalfa, ou encore Gérard Filoche. Ces gens là nous prennent vraiment pour des imbéciles en nous faisant croire par exemple que Hidalgo pourrait soutenir un programme antilibéral de « rupture »…

    La France insoumise doit bien sur refuser toute magouille avec cette gauche bourgeoise et ses « idiots utiles » réformistes. Mais elle doit aussi désormais s’ouvrir plus largement à toutes celles et tous ceux qui veulent en finir avec les contre-réformes de Macron et empêcher la victoire de l’extrême-droite. Le ralliement au programme de l’Avenir en commun ne doit pas être une condition mise à la participation à la campagne de l’Union populaire.

    Au delà de la bulle sondagière pour Pécresse, quelles perspectives ?

    Suite à la désignation de Pécresse comme la candidate des Républicains, une série de sondages favorables à Pécresse sont parus cette semaine : Harris, Ifop, Elabe, Ipsos, BVA, Odoxa. Pécresse y progresse de 4 points chez Harris et Ipsos, 7 points chez Ifop, 8 points chez BVA… et même 10 points chez Odoxa et 11 points chez Elabe pour atteindre 20 % ! Alors que ces sondages ont été réalisés à peu près au même moment, la progression de Pécresse est variable. Plus étonnant encore, cette progression ne se fait pas au détriment de Macron, mais au détriment de l’extrême-droite et de la gauche ! Il faut par ailleurs se souvenir qu’en 2017 Fillon et Hamon avaient fait un bond suite à leur victoire dans une primaire… avant de s’affaisser pour Fillon et de s’effondrer pour Hamon.

    Cette semaine, Mediapart a révélé que plusieurs centaines des électeurs de Pécresse ont été amenés par un rabatteur de la communauté franco-asiatique, qui a même mobilisé des étrangers. Cocasse pour une candidate farouchement hostile au droit de vote des étrangers… sauf quand il s’agit de magouiller pour arracher sur le fil (elle a devancé Michel Barnier de 1 209 voix à la primaire) sa qualification pour le second tour de la primaire LR, avant de l’emporter. Cette information de Mediapart n’a quasiment pas été reprise par les grands médias qui promeuvent de façon complaisante sa candidature. Il faut dire que pour le « bloc bourgeois », un second tour Macron / Pécresse serait le rêve ! Mais nous pensons que cette issue est hautement improbable, sauf si l’élection présidentielle était massivement boycottée par les jeunes et les catégories populaires.

    Pécresse possède des atouts sérieux pour la bourgeoisie : elle a un programme ultra-libéral assumé et elle dispose d’un parti (LR) que n’a jamais réussi à constituer Macron. Si Macron est en difficulté, les oligarques pourraient se replier sur Pécresse. L’essentiel pour eux est d’empêcher une dynamique autour de Mélenchon. Sachant que les catégories populaires ne peuvent pas se retrouver massivement derrière Macron ou Pécresse, la bourgeoisie a intérêt à orienter leur colère vers l’extrême-droite, si possible divisée en plusieurs morceaux.

    Brèves

    Des nouvelles du comique de Colonel Fabien : Fabien Roussel a appelé Hidalgo et Montebourg à se désister pour lui. Caracolant à 2 % dans les sondages, Roussel est en effet bien placé pour lancer ce genre d’appel. Mais au-delà du côté ridicule de cet appel, le chef du PCF montre qu'il est prêt à s'allier avec des sociaux-libéraux et donc que son programme est de l’attrape-gogo.

    Le macronisme est un naufrage. Nouvelle illustration avec la pathétique Marlène Schiappa qui a invité des « influenceuses » à l’Elysée  : celles-ci se sont filmées avec Schiappa, sans masques, sans gestes barrières (mais bon, on est habitué avec les macronards), et tenant des propos plus consternants les uns que les autres. Voilà ce que le macronisme met en scène pour séduire la jeunesse. Quel mépris !

    La proposition phare de Zemmour pour augmenter de 100 € le salaire net des travailleurs/ses français payés moins de 2 000 € net est de baisser la CSG. Il chiffre le coût de cette mesure à 15 Mds et il prétend la financer par une suppression des prestations sociales (« non contributives ») aux étrangerss extra-européens qui rapporterait 20 Mds. Outre que cette mesure est immonde, le chiffre de 20 Mds ne repose sur strictement rien . Un mensonge de plus de Zemmour.

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