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Chronique de la campagne présidentielle – épisode 9
Chaque week-end, nous publions une chronique de la campagne présidentielle. En commentant les faits marquants de la campagne, de notre point de vue qui est celui de communistes révolutionnaires ayant décidé de faire campagne pour la victoire de Mélenchon en 2022. Vous pouvez retrouver les précédentes chroniques sur le site de la Tendance Claire
Au sommaire ce week-end :
- La grossière opération de communication montée par Bouygues et Macron
- Taubira, le dernier espoir de la gauche bourgeoise contre Mélenchon
- Brèves : Sarkozy, Roussel, Zemmour, fraude à l’ISF, censure...
La grossière opération de communication montée par Bouygues et Macron
Plus c’est gros, plus ça passe ? Visiblement pas cette fois-ci ! Macron et le groupe Bouygues ont monté une grossière opération de communication : deux pseudo-journalistes ont interviewé pendant 2h Macron. Dans le plus grand secret puisque le mauvais spectacle a été monté dimanche, annoncé lundi par TF1 et diffusé mercredi soir. Encore une fois, Macron n’a pas pris le risque du direct (même son monologue diffusé sur toutes les chaînes le 9 novembre avait été enregistré). Il a pu bénéficier de cadreurs complaisants qui ont multiplié les effets de caméra, les gros plans qui tâchent pour émouvoir dans les chaumières.
Macron a essayé de jouer au « type de gauche », non pas sur le fond, mais sur la forme. Pour montrer son empathie pour le « bas peuple », il a surjoué. Il a fait mine de regretter toutes ses déclarations qui traduisent un mépris de classe profond. Il a cherché à se positionner comme un humaniste face au racisme exacerbé de Zemmour et à la dureté ultra-libérale de Pécresse. Ainsi, comme Barnier lors du débat entre Républicains, il a stigmatisé le « comité de la hache » que Pécresse veut mettre en place pour supprimer 200 000 postes de fonctionnaires. Le nouveau Macron, plein d’empathie, ne serait bien sur pas aussi dur ! Concernant la réforme des retraites, il promet de la changer, non pas parce qu’elle serait mauvaise, mais parce qu’elle serait « trop anxiogène » pour des Français incapables de la comprendre. Du coup, il annonce trois grands régimes (fonction publique, privé, indépendants) et un axe majeur qu’il partage avec Pécresse et Zemmour : différer l’âge de départ à la retraite (65 ans pour Pécresse, 64 pour Zemmour, et pas encore de chiffre pour Macron).
Bref, le produit avait été bien emballé par TF1, mais c’est un échec cuisant pour Macron : il n’a rassemblé que 3,8 millions de téléspectateurs, soit moins d’un téléspectateur du 5, et même moins que Koh-Lanta la veille sur TF1 ! Macron battu par la téléréalité… Pire pour lui, sa prestation a été jugé très sévèrement : seuls 37 % l’ont jugé convaincants (sa pire performance depuis 2 ans suite à une intervention), 58 % estiment qu’il a un mauvais bilan (dont 76 % sur la question spécifique du pouvoir d’achat), et seuls 36 % veulent qu’il se représente en 2022. Les gens ont d’ailleurs tout à fait compris le sens de l’opération de mercredi : 68 % reprochent à Macron d’utiliser sa fonction de président pour faire campagne dans les médias.
Taubira, le dernier espoir de la gauche bourgeoise contre Mélenchon
Nous l’annoncions comme une possibilité lors de notre chronique du week-end dernier. C’est désormais chose faite : Christiane Taubira « envisage d’être candidate » dans une vidéo incroyablement vide de tout contenu. Le mot « envisager » a son importance : dans les jours qui viennent (elle se donne un mois), elle va mettre la pression sur Hidalgo et Jadot pour qu’il et elle se retirent ou pour que Jadot accepte de participer à une primaire. Il est clair que Taubira sera candidate si les deux autres ne le sont pas. Pour le moment, Jadot s’accroche dur comme fer et il appelle Hidalgo à se retirer pour lui (en envisageant de la nommer première ministre). Mais il est lâché par Sandrine Rousseau, qui préside son conseil politique, qui s’est dit « ultra-contente » du projet de candidature de Taubira.
Quelques rappels sont utiles pour cerner le profil politique de Taubira :
- Elue députée « sans étiquette » en 1993, elle siège dans le groupe « République et libertés » à l’Assemblée nationale, regroupant des députés de gauche et de droite. Dans la foulée, elle vote la confiance au gouvernement Balladur
- En 1994, elle figure en 4ème position de la liste de Bernard Tapie, « Energie radicale ».
- En 2002, elle est candidate à la présidentielle, investie par le « parti radical de gauche ». Tapie viendra la conseiller pour sa campagne, clairement à droite de Jospin. Elle proposait notamment la mise en place d’un « régime présidentiel », la suppression progressive des cotisations sociales dans le financement de la Sécurité sociale, la baisse de l’imposition des plus riches, et la défense de la retraite par capitalisation pour les plus riches. Elle fera 2,3 %.
- En 2004, elle est condamnée par le conseil des prud'hommes de Paris pour licenciement injustifié et rupture de CDD « abusive » concernant son ancienne assistante parlementaire
- En 2007, elle cherche à se présenter à l’élection présidentielle, mais le PRG ne veut plus d’elle. Elle rallie alors Ségolène Royal
- Entre 2012 et 2016, elle est ministre du gouvernement Hollande
- En 2019, elle soutient la liste Glucksmann (PS / Place publique) aux élections européennes
Certain.e.s se plaisent à présenter Taubira comme une grande figure « morale », au centre de gravité de la gauche, capable d’unifier toute la gauche. Question moralité, sa grande complicité avec Tapie fait un peu tâche. Et question « gauche », il s’agit d’une gauche très libérale. Son premier soutien vient du « parti radical de gauche », qui se situe à la droite du PS. Mais Taubira a eu l’immense mérite de se taire depuis 5 ans et d’apparaître comme un produit neuf.
Il n’y a aucune illusion à se faire sur Taubira et sur son projet politique (identique, voire encore plus droitier que celui du PS). Mélenchon a eu tout à fait raison de refuser la moindre discussion autour d’une candidature unique de la gauche : « Battez-vous entre vous et laissez-moi tranquille ». Ou encore sur le mode humouristique : « Avec Mmes Hidalgo et Taubira, on a une sorte de série dont j’espère voir la dernière saison depuis mon bureau à l’Elysée ». Il ne reste plus désormais qu’à espérer que cette gauche bourgeoise s’étripe et se ridiculise le plus possible.
Dernière chose : les médias mainstream se plaisent à mettre tous les candidats de gauche dans le même sac : ils n’auraient pas « travaillé », ils seraient tous au fond du trou en dessous de 8 % avec aucune chance d’accéder au second tour, etc. Il s’agit d’ancrer dans les esprits que tous ces candidats – Mélenchon compris bien sur – n’ont aucune chance de l’emporter… sauf si une candidature unitaire de toute la « gauche » - sur le plus petit dénominateur commun bien sur… - apparaissait. Le terrain a été bien préparée pour Taubira. Après l’opération Macron de TF1, voici l’opération Taubira… pas sur que cela fonctionne !
Brèves
Invité de “On refait la télé”, sur RTL, Nicolas Sarkozy a dénoncé le 11 décembre la "diabolisation horrible” dont Zemmour fait l’objet selon lui de la part de la presse, estimant que “l’agressivité de certains journalistes va finir par le rendre sympathique”. “Qu’on laisse les gens s’exprimer, et les Français feront leur choix” s’est agacé l’ancien chef de l’Etat.
Libération du 14 décembre a publié des révélations sur les techniques de fraude à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Les capitalistes exfiltrent leur patrimoine dans des « trusts » à l’étranger, ce qui leur permet de ne pas payer des impôts sur la valeur du patrimoine logé dans le trust ni sur les revenus qu’il procure. Libération met à jour un dispositif d'évasion fiscal massif qui porterait sur plusieurs milliards d’euros et qui impliquerait, notamment, les parrains du cinéma français, les frères Seydoux.
Roussel et ses partisans ont fanfaronné suite à l’intervention de Roussel au journal de 20h de France 2 le 14 décembre : « carton plein pour Fabien Roussel » avec 4,1 millions de téléspectateurs et 17,4 % de parts d’audience. Mais les fans de Roussel oublient de préciser une chose : dès que Roussel est apparu sur l’écran, France 2 a accusé une perte d’un million de téléspectateurs en une minute (passant de 5,1 millions à 4,1 millions). Roussel a été tellement passionnant qu’à la fin de l’interview il y avait moins de 4 millions de téléspectateurs.
Le même Roussel revendique fièrement de drainer un maximum de signatures pour assécher au maximum les autres candidats de gauche, et notamment Mélenchon. Le dernier espoir de Roussel pour faire un bon score à la présidentielle… est d’empêcher les autres candidats de pouvoir se présenter !
Zemmour a félicité Macron pour son action en faveur de l’apprentissage. Zemmour et Macron ont en effet un point commun majeur : servir les intérêts du patronat qui adore l’apprentissage et qui déteste l’enseignement public.
Davet et Lhomme (journalistes au Monde) sont revenus dans un entretien avec Aude Lancelin pour QG sur leur livre important « Le traître et le néant ». Alors que leur livre sur Hollande avait rencontré un énorme écho médiatique, ce n’est pas le cas pour leur livre sur Macron (ce qui n’empêche pas son succès, avec déjà plus de 70.000 exemplaires vendus). C’est terriblement révélateur du mur médiatique qui est dressé face à toute enquête sérieuse sur Macron et ses réseaux. En témoigne également l’impossibilité pour les journalistes de « Off Investigation » de vendre leur série documentaire sur la galaxie Macron. Et voilà qu’on apprend que Bolloré a lancé une nouvelle offensive contre Jean-Baptiste Rivoire de « Off Investigation ».
La composition du nouveau « parlement de l’Union populaire » a été annoncée lors du meeting parisien du 5 décembre de Mélenchon. On peut retrouver sa composition ICI