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Des Gilets jaunes à Nanterre
Une des bonnes nouvelles de ce début d’année concernant les Gilets Jaunes, c’est leur apparition en région parisienne, un endroit où ils et elles faisaient singulièrement défaut, sauf bien sûr lors des manifestations dans la capitale.
C’est dans ce contexte que vient de se créer un collectif de Gilets jaunes à Nanterre. Malgré le caractère très limité de l’appel initial à constituer ce rassemblement, c’est une petite trentaine de personnes, demeurant surtout à Nanterre mais aussi venues des communes avoisinantes, qui se sont retrouvées le mercredi 16 janvier. Cette première réunion scellait le rapprochement de militant.e.s ou ex-militant.e.s syndicaux/ales et/ou politiques, parfois de longue date, avec toute une série de personnes qui se sont mobilisées surtout à cette occasion ou pour la première fois. L’assistance, plus masculine que la moyenne des Gilets jaunes révélée par les études sociologiques, était composée de retraité.e.s, notamment de la fonction publique territoriale, et percevant souvent de tout petites pensions ; de chômeurs/euses ; de quelques enseignants, du premier et du second degré ; de quelques fonctionnaires de l’Etat et de collectivités territoriales. On relevait aussi la présence d’un cuisinier, d’informaticiens... S’y trouvaient majoritairement des personnes touchant de très faibles revenus. Une petite moitié de l’assistance était ou avait été syndiquée, voire militait dans des syndicats (principalement CGT, mais aussi Sud, FO et CFDT). Au niveau politique, la plupart des présent.e.s n’étaient pas membres d’un parti, mais pour les autres, on notait une majorité de gauche, avant tout France Insoumise et Parti communiste, mais aussi POI, NPA, libertaire. Un membre du collectif a déclaré avoir été membre du Front national mais l’avoir quitté, tout en se disant encore nationaliste. Une autre personne présente, hostile à l’UE, s’est dite intéressée par les positions d’Asselineau.
Après un long tour de parole permettant à chacun.e de se présenter et d’expliquer son parcours et ses motivations, la discussion a porté sur la situation politique et les tâches, tant au niveau local que national.
Cette première discussion a déjà permis de relever un certain nombre de points qui font consensus au sein du collectif :
- un rejet complet du "grand débat", clairement et justement perçu comme une opération bidon, politicienne, destinée à enfumer le peuple pour permettre à Macron de détourner l’attention vers des sujets secondaires, ou des questions politiques qui ne sont pas au cœur de la mobilisation des Gilets jaunes.
- une dénonciation unanime de la répression policière et judiciaire qui s’abat sur le mouvement des Gilets jaunes. Lutter contre cette répression et contre le déni de celle-ci par le duo infernal Macron-Castaner, bien servi par les médias du système, cela apparait à tou.te.s comme une tâche prioritaire.
Ces deux premiers points figuraient sur le flyer distribué ce week-end et invitant la population locale à participer à la prochaine réunion, qui se tiendra une semaine seulement après l’émergence de ce collectif. On pouvait y lire : « halte à la répression des Gilets jaunes », ainsi que « le Grand débat c’est du bidon ».
On note dans le collectif une forte volonté d'action : débattre oui, mais pour agir. On remarque beaucoup d'enthousiasme et de volonté de ne pas lâcher face à Macron, de la part de gens qui pour une part sont mobilisés depuis le début du mouvement, le 17 novembre.
L’assemblée des assemblées qui se tiendra les 26 et 27 janvier à Commercy suscite beaucoup d'intérêt, et il a d’ores et déjà été décidé d’y envoyer une délégation selon les critères définis par les Gilets jaunes meusiens : une femme et un homme. La prochaine réunion du collectif nanterrien décidera de la composition de cette délégation et de son statut : observateur ou délégation mandatée. Le débat à Nanterre devra donc nécessairement définir les points qui font consensus afin d’en faire la base d’un mandat, si mandat il y a.
Dans l’immédiat, afin de massifier le collectif des Gilets jaunes à Nanterre, deux apparitions publiques sur les marchés de la ville ont eu lieu, le samedi avant la manifestation parisienne, ainsi que le dimanche matin. Samedi, une partie des membres du collectif s’est rendue ensemble aux Invalides pour participer à la manifestation parisienne de l’Acte 10.
Après les premiers rendez-vous, on peut déjà vérifier qu’aux revendications en termes de pouvoir d’achat et l’exigence de plus de démocratie, les participant.e.s sont très sensibles au problème posé par la casse des services publics, et notamment les attaques de Blanquer sur le droit à l’éducation. Dans ce cadre, un discours de classe, anticapitaliste, clair et offensif, a tout à fait sa place au sein du collectif.