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Mener les débats pour refonder le NPA
Tribune pour le journal "L'Anticapitaliste" du 18 janvier
La majorité sortante dépolitise les débats : elle cherche à faire croire qu'une majorité arithmétique (qu'elle a déjà au CPN et au CE) permettra au parti de se relancer. Pour cela, elle esquive les débats politiques. Elle ne veut pas discuter du programme. L'enjeu du congrès serait juste de « réaffirmer » le NPA, c'est-à-dire en fait de reconduire la majorité sortante. On ne construit rien de solide en refusant de mener les débats. En 2012, la majorité (relative) sortante a explosé en plein vol, avec des départs massifs au Front de gauche. En 2015, la P2 s'est placé au « centre » du parti... pour mieux exploser quelques mois plus tard.
Un congrès devrait servir à discuter de nos faiblesses et à les corriger. Nous inspirons la sympathie, mais nous ne sommes pas crédibles. Au lieu de verser dans l'autosatisfaction ou dans la lamentation sur la situation difficile, nous ferions mieux de travailler nos réponses politiques. Notre critique de l'antilibéralisme de Mélenchon est faible. Mais il ne suffit pas de dire qu'il faut « clarifier » notre délimitation par rapport aux réformistes, il faut le faire en positif, en mettant en discussion un programme communiste du 21e siècle.
Nous sommes les seuls aujourd'hui à vouloir discuter du programme, ce qui permettrait de sortir des débats sclérosés et appauvrissants. Nous devrions systématiquement articuler nos mesures à la nécessité de rompre avec la propriété et les institutions capitalistes. Nous défendons par exemple l'interdiction des licenciements, non pas par une loi, mais par l'expropriation des grands groupes capitalistes. Nous défendons le salaire à vie et la socialisation de l'investissement via des caisses autogérées de salaires et d'investissement. Nous devons aussi expliquer que la rupture avec ce système pourri passe par une rupture immédiate avec l'UE, par une planification démocratique qui permettrait de rompre avec le productivisme et de faire baisser fortement la consommation d'énergie.
Nous voulons aussi sortir de cette fausse alternative entre ceux qui refusent d'interpeller les directions réformistes sous prétexte que cela nous salirait les mains, et ceux qui capitulent devant les réformistes au nom de l'unité. Le texte programmatique signé en commun par nos porte-parole avec des dirigeants de la France insoumise (Les défis de la gauche dans la zone euro) a été une grave faute politique qui sème la confusion et réduit l'anticapitalisme à une posture. Une véritable politique de front unique impliquerait de s'adresser aux directions réformistes tout en les critiquant et en organisant les secteurs les plus combatifs. Mais la majorité a refusé de construire le Front social.
Un autre chantier est urgent : la démocratisation du parti et son oxygénation. Le congrès fondateur avait voté le principe de la rotation des mandats avec entre 2 et 4 mandats consécutifs maximum. En 2013, le congrès avait voté pour 4 mandats consécutifs. Et maintenant les chefs de tendance nous expliquent qu'il faudrait compter à partir de 2013, ce qui leur permettrait de faire 6 mandats consécutifs. Bonjour le renouvellement !