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Réunion publique sur l’état d’urgence, à Rouen
Hier se tenait une réunion à Rouen sur l'état d'urgence et la déchéance de nationalité, à l'initiative du Collectif de défense des libertés fondamentales rouennais (NPA, EELV, PG, Ensemble, JC, Ras l'Front, Attac, LDH, DAL, CGT, Solidaires, FSU, SGEN-CFDT...)
Étaient invités Edwy PLÉNEL, journaliste, et Vincent SOUTY, juriste.
La salle de la Halle aux toiles était comble, il y avait au moins 200 personnes.
De nombreux jeunes étaient présents, c'était notable. Sinon, les habitués des manifs rouennaises étaient aussi au rendez-vous.
Commencèrent plusieurs interventions assez longuettes et pénibles qui ne rentraient pas vraiment dans le vif du sujet, notamment celle d'une militante d'Alternatiba qui a juste décrit son arrestation lors d'une manif rouennaise le 28 novembre dernier.
Aucun intérêt, j'ai connu pire pour moins que ça et hors état d'urgence..
Puis vint celle de SOUTY qui, bien que très technique et fournie, fut longue et, surtout, trop périphérique au problème politique de l'état d'urgence et de la déchéance de nationalité.
Son ton de voix et sa nonchalance n'ont pas arrangé l'affaire.
Puis vint le prêche de PLÉNEL !
En fait, en bon soc-dem old school et indéniablement sincère, il concainc très facilement de la crapulerie des membres du gouvernement et sur l'islamophobie sous-jacente de toutes les mesures prises par ce gouvernement depuis le 13 novembre.
Ce qui était opportun, d'ailleurs, notamment pour le faire reconnaître à plusieurs membres d'organisations qui ne se sont jamais prononcés pour dénoncer cette islamophobie dans les tracts et publications communes à ce collectif.
Mais se sont-ils reconnus dans ceux que PLÉNEL dénonçait implicitement ?
En effet, d'après un camarade présent lors des premières réunions unitaires, ce fut la croix et la bannière pour leur faire admettre cette vérité et d'âpres débats avaient même fusé... sans résultat.
Des "catholiques zombies" comme dirait Todd !
PLÉNEL a donc un discours très clair sur ça mais, le problème, c'est que s'il ait un jour approché le marxisme (LCR de 76 à 80), il n'eut aucune référence hier soir aux causes réelles de cet état d'urgence qui n'est qu'une opportunité politique pour la bourgeoisie d'écraser préventivement toute source de dégénérescence d'une situation sociale qui se crispe de jour en jour.
Bref, Edwy est un parfait fétichiste de la République qui pense qu'elle est juste malmenée et mal gouvernée et son discours était un discours de morale républicaine.
Pire : la question du vote des FdG et EELV pour l'état d'urgence ne fut jamais abordée... C'eut été pourtant absolument sain de parler de ça dans cette réunion unitaire alors que des militants sincères de ces organisations étaient dans la salle.
Mais rien !
Vinrent alors les débats et le départ de dizaines de personnes dont beaucoup de jeunes... Dommage !
Deux intervenantes, dont une musulmane, ont insisté sur l'urgence à ce que la "gauche historique" revienne dans les quartiers populaires et retisse les liens perdus avec la jeunesse des quartiers. PLÉNEL commenta après et à juste titre en disant que si ce n'est pas fait dès maintenant le problème deviendra alors religieux et il sera devenu le problème de tous.
Mais surtout l'intervention très remarquée du délégué de la CGT 76 qui fit parfaitement le pont entre l'état d'urgence et l'impunité organisée des employeurs, par le projet de loi El-Khomri, concernant leur responsabilité dans les atteintes à la santé au travail et les sanctions absolument ridicules auxquelles sont condamnés des employeurs peu regardant sur la sécurité de leurs salariés.
Cependant, même si ce discours était limpide, absolument en phase avec le débat et complétant de manière classiste le sermon de PLÉNEL, des remarques négatives de la part de participants ont été rapportées par des camarades restés à l'extérieur de la salle.
Certains disaient que c'était agressif, d'autres que c'était hors sujet...
C'est le piège de ce genre de collectif qui dépasse le cadre du mouvement ouvrier.
Cependant, il est nécessaire d'y participer mais, plus que jamais, d'y heurter les sensibilités petites bourgeoises pour que le discours d'émancipation réelle commence à redevenir un leitmotiv.