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Syndicalisme étudiant : pour la construction d’une grande organisation étudiante de lutte unifiée
Texte paru dans le bulletin de discussion de préparation de la deuxième CNJ en avril 2011
L’intervention dans les syndicats étudiants est une question qui divise le secteur jeune du NPA. Certains pensent que ce n’est pas une question importante et qu’il n’y a pas lieu d’y militer. Aucune des deux plateformes issues du SNJ ne propose de position tranchée.
Selon nous, la CNJ doit être l’occasion de mener collectivement ces débats. L’UNEF n’est ni un syndicat de masse, ni « La » référence auprès des étudiants ! La direction de l’UNEF est étroitement liée au PS quoiqu’il existe encore localement des sections tenues par le PCF. Elle a une ligne réformiste qui la mène à collaborer avec le gouvernement. A plus petite échelle, elle assume un rôle de cogestion avec les administrations des universités (vote les budgets, applications des réformes, occupation de postes de vice-présidence, etc.). Néanmoins, cela n’est pas une raison suffisante pour ne pas y militer. En effet, chez les travailleurs, nous expliquons qu’il faut se battre dans les syndicats majoritaires pour en arracher la direction aux traîtres. Mais ce schéma ne vaut pas dans le cas de l’UNEF. Contrairement à la CGT, l’UNEF n’est pas une organisation de masse dans laquelle des militants combatifs auraient intérêt à se battre contre une direction bureaucratique. Ici, les bureaucrates de l’UNEF ont beau se présenter dans les AG ou auprès des étudiants comme « LE » syndicat étudiant, il n’en reste pas moins que les quelques milliers de cartes qu’elles revendiquent ne se font sur aucune base politique. En effet, leur but est de « faire » des cartes avec n’importe quelle méthode ! Dans les mouvements, il est faux de considérer que l’UNEF joue un rôle majeur. Même si sa force matérielle, institutionnelle et médiatique lui donne un certain poids, très vite, dans les facs massivement mobilisées, ses militants se font huer (non seulement par les « gauchistes », mais par une large avant-garde d’étudiants). Les derniers mouvements n’ont pas été déclenchés à l’appel de l’UNEF (celui de 2007 l’a été par un regroupement de militants de la FSE, de SUD étudiants, de la TUUD et de l’UEC, celui de 2009 par le mouvement des profs). En ce qui concerne le mouvement des retraites de cet automne, l’UNEF a été à l’initiative d’un collectif jeune « la retraite, une affaire de jeunes » dont l’appel stipulait que «les jeunes refusent d’être les grands oubliés du débat qui s’ouvrent et exigent du gouvernement qu’il renonce à l’allongement de la durée de cotisation. Nous demandons à être associés aux discussions en cours». Ce cadre a pu permettre de sensibiliser les jeunes sur la question et d’organiser des AG dans les facs dès la rentrée, mais la perspective de l’auto organisation des jeunes était clairement freinée par cette structure dirigée par l’UNEF ne recherchait, à l’instar des directions syndicales CGT, CFDT, SUD, qu’à négocier avec le gouvernement sans construire véritablement la grève générale.
C’est pourquoi, militer en tendance à l’UNEF comme les camarades de la TUUD le font, nous paraît erroné. En effet, toute l’énergie consacrée au combat interne contre une direction bureaucratique ne mérite d’être mené que dans les syndicats de masse, mais c’est du temps perdu quand il n’y a presque personne à gagner !
SUD étudiant et la FSE, des syndicats de lutte !
SUD-Étudiant, la FSE et quelques groupes locaux se montrent à l’avant-garde des luttes. Ils font un travail méticuleux d’information sur les réformes, mettent toutes leurs forces au service de l’auto-organisation pendant les mouvements et, en périodes « creuses », font un travail syndical de base pour aider les étudiants à défendre leurs intérêts matériels et moraux et à progresser dans leur conscience politique. Il ne s’agit pas de nier les limites politiques de ces organisations, mais de voir qu’elles ont avant toute chose un rôle positif et vital dans les mobilisations et dans l’avancée de la conscience étudiante.
Cependant, si la progression de SUD et de la FSE est significative, elle se heurte à la faiblesse de ces organisations (qui décourage beaucoup d’étudiants participant aux mouvements) et dans leur sectarisme d’organisation (après chaque mouvement chacune croit pouvoir se développer grâce à la seule ligne qu’elle y a défendue, mais doit rapidement déchanter). Ce sectarisme fait que, s’il y a eu plusieurs tentatives et rapprochements entre les deux organisations, elles ont pour le moment systématiquement échoué. Toutefois, depuis la fin 2010 le processus de fusion a été relancé.
Unifier les syndicats de lutte et construire une grande organisation étudiante de lutte
Constatant les échecs des mouvements étudiants de ces dernières années, de l’ampleur de la division syndicale et l’absence de véritable perspective de construction pour le syndicalisme étudiant de lutte dans ces circonstances, il est central qu’une unité organisationnelle du syndicalisme étudiant de lutte se construise rapidement. En effet, les mouvements étudiants se sont heurtés à l’absence d’un syndicat national étudiant de lutte assez puissant pour contrecarrer les man?uvres et les trahisons de l’UNEF, notamment au sein des coordinations nationales (encore flagrantes pendant les mouvements des retraites).
Les étudiants souffrent du manque d’une véritable syndicat de lutte capable d’organiser les étudiants nationalement, de les aider tant au quotidien que dans les mouvements. L’UNEF est pourrie jusqu’à la moelle, exception faite évidemment de la TUUD, les étudiants mobilisés ne se tournent pas vers elle car il n’ont pas d’illusions à son égard, mais ni SUD, ni la FSE ne constituent à ce stade des noyaux suffisamment forts pour offrir une alternative à l’échelle nationale. La seule solution est donc de fusionner la TUUD, SUD, la FSE et les étudiants qui ont été à l’avant-garde des mouvements.
En tant qu’anticapitalistes et révolutionnaires, il nous faut être audacieux : nous sommes présents dans la TUUD, la FSE et SUD-Étudiant. Si nous décidions d’unifier tous nos efforts pour construire ce grand syndicat national étudiant de lutte, nul doute que nous parviendrions à en convaincre la majorité des militants de la TUUD, de la FSE et de SUD-Étudiant et que nous aurions la force d’impulser ce processus. L’UNEF en serait immédiatement affaiblie et pourrait être marginalisée en quelques années. Et surtout, un tel processus susciterait à l’évidence un large enthousiasme dans l’avant-garde étudiante qui est apparue au cours des mouvements de ces dernières années et qui se doterait ainsi, enfin, d’un véritable instrument syndical pour les prochaines luttes inévitables.