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Pour que la jeunesse du NPA soit clairement révolutionnaire !
Texte paru dans le bulletin intérieur de préparation de la première conférence nationale jeune en octobre 2009
Le débat sur l’autonomie de la jeunesse a fait l’objet de nombreuses contributions dans le Bulletin de Discussion numéro 1 et, vraisemblablement, il sera un des points centraux à l’ordre du jour de la Conférence Nationale Jeune. En revanche, la question du programme que devra adopter la structure de jeunesse du NPA – qu’elle soit une véritable organisation autonome ou un simple “secteur” dans le parti – a pour l’instant été comparativement peu abordée. Or s’il est crucial, à notre avis, que les jeunes du NPA disposent d’une organisation autonome, il est tout aussi important qu’ils adoptent un programme clairement révolutionnaire.
En effet, notre insistance pour un programme révolutionnaire n’est pas une lubie, mais correspond à une nécessité objective pour l’intervention concrète. Ainsi, chaque choix programmatique débouche sur une orientation concrète et réciproquement, chaque choix d’intervention présuppose une ligne programmatique claire sans laquelle l’intervention serait confuse et en dernière instance inefficace. Cette relation organique pourrait se vérifier plus concrètement à travers les axes suivants :
1) La centralité du prolétariat et l’intervention en direction des travailleurs
Une des faiblesses majeures des “Principes Fondateurs du NPA” consiste en ce qu’ils ne définissent pas le NPA en tant que parti ouvrier, c’est-à-dire défendant les intérêts historiques du prolétariat. En effet, selon nous, c’est le prolétariat – la classe des travailleurs salariés du capital ouvriers ou employés, manuels ou intellectuels, non qualifiés ou qualifiés, travaillant dans les entreprises privées ou nationales – qui joue un rôle central dans le renversement du système capitaliste et l’édification du socialisme : en raison de sa place dans les rapports de production, il peut, par sa lutte de classe, bloquer l’économie et, au lendemain de la révolution, la réorganiser sur des bases socialistes.
Une des conséquence de cette faiblesse programmatique est que, pendant les premiers mois de son existence, le NPA n’a pas fait de son implantation dans les entreprises une tâche centrale (par exemple en donnant la priorité à la mise en place des comités sur les lieux de travail).
Or, avec la montée da la lutte de classe liée à l’approfondissement de la crise capitaliste, on peut voir aujourd’hui à quel point un travail préalable d’implantation dans les entreprises aurait pu donner au NPA des possibilités d’intervention bien plus importantes en direction des travailleurs en lutte.
Nous proposons donc que la structure de jeunesse du NPA affirme dans son programme qu’elle est une organisation de la classe ouvrière, visant à organiser des jeunes travailleurs (effectifs ou en cours de formation comme les apprentis mais aussi lycéens et étudiants) et défendant les intérêts du prolétariat. Cette ligne programmatique s’accompagnerait des orientations pratiques suivantes:
- Priorité à la mise en place de comités dans les Centres de Formation d’Apprentis
- Soutien systématique (matériel, logistique, financier...) aux luttes des travailleurs dans le voisinage
- Recherche systématique de convergences interprofessionnelles lors des mouvements lycéens et étudiants (envoi réciproque de délégués dans les AG respectives, AG communes étudiants-travailleurs en lutte, caisse de solidarité pour soutenir les travailleurs en grève...). Cette orientation a été mise en oeuvre dans certaines universités lors des derniers mouvements, il s’agit d’en faire un axe principal et systématique de l’intervention des jeunes du NPA.
- Chaque comité lycéen ou étudiant met en place un travail régulier en direction d’une entreprise voisine (par exemple à travers une diffusion régulière de tracts NPA). Par cette intervention,nous pourrions d’une part nous lier avec les travailleurs de l’entreprise, favorisant ainsi les futures convergences. D’autre part, en proposant à nos sympathisants de faire ce travail avec nous, nous pourrions les sensibiliser, par la pratique, à la cause prolétarienne.
2) La nécessité de s’affronter à l’État bourgeois et de le détruire et l’intervention en direction des jeunes des quartiers populaires
Les “Principes Fondateurs” soulignent à juste titre que “l’oppression capitaliste est particulièrement présente dans les quartiers populaires où sont concentré-e-s des habitant-e-s défavorisé-e-s souvent en partie d’origine immigrée, discriminé-e-s, stigmatisé-e-s, victimes de violences policières, et pas seulement les jeunes” et proposent que le NPA soit “présent [...] dans les quartiers populaires”. Cependant, ni les “Principes Fondateurs”, ni aucun document ultérieur du NPA, ne disent sur quels axes il faudrait intervenir. Or à notre avis, la révolte des jeunes des quartiers populaires en 2005 et les multiples affrontements entre ces jeunes et la police ces dernières années traduisent fondamentalement leur rejet de l’État capitaliste. Ainsi, notre intervention politique en direction de ces jeunes doit mettre au centre la nécessité de s’affronter à l’État capitaliste et l’objectif de le détruire par la lutte de classe révolutionnaire du prolétariat allié aux autres classes populaires. Toute autre position ne serait pas à la hauteur des attentes de ces jeunes qui se sont affrontés, physiquement, à l’État capitaliste.
3) Le marxisme et la lutte idéologique à l’Université
Une grande partie des comités jeunes NPA est implantée dans les Universités, lieux de production et de diffusion non seulement de savoirs et de rudiments d’esprit critique, mais aussi de l’idéologie dominante, l’idéologie de la bourgeoisie. Or s’il est indispensable d’aider les jeunes et les travailleurs dans leur lutte économique et politique contre la bourgeoisie et son État, on ne saurait négliger la lutte idéologique contre l’idéologie bourgeoise là où elle se produit et se diffuse. Dans ce contexte, les comités étudiants ont un rôle essentiel: nous devons avoir pour ambition de concurrencer la bourgeoisie et ses sbires (enseignants “de droite” ou sociaux-démocrates) sur son propre terrain, l’Université.
Nous devons également mener la lutte idéologique contre le courant autonome qui a connu un essor important ces dernières années. Ce courant, en développant une orientation radicale (actions coups de poing, critique radicale du “système” : l’État, les patrons, les médias, mais aussi les syndicats qu’ils considèrent comme traîtres...), a pu attirer vers lui une partie des étudiants radicalisés pendant les mouvements et déçus par les organisations traditionnelles. Cependant, niant la centralité du prolétariat et théorisant le rejet de toute organisations (syndicale ou politique), il représente un obstacle objectif pour la construction du parti révolutionnaire.
Dans ces luttes, nos armes essentielles doivent se forger dans l’appropriation et le développement du marxisme. En effet, s’il est nécessaire, comme affirment les “Principes Fondateurs”, d’intégrer les acquis de l’écologie, du féminisme, etc., on ne saurait nier que seul le marxisme a fourni une analyse scientifique et systématique du capitalisme. Ainsi notre objectif doit-il être, d’une part, de
former l’ensemble des jeunes du NPA à la théorie marxiste, et d’autre part, d’utiliser cette dernière comme outil fondamental dans la lutte idéologique à l’Université. À travers cette lutte, l’objectif serait également de gagner et de former des intellectuels de haut niveau pour le parti.
Nous proposons donc de :
- Mettre en place de manière systématique des formations marxistes dans les comités jeunes ainsi qu’à l’échelle régionale et nationale
- Organiser dans les Universités des séminaires marxistes (en économie, sociologie, histoire, philosophie... en fonction des compétences disponibles)
- Développer des “Associations Marxistes Universitaires” que nous dirigerions mais qui regrouperaient plus largement des étudiants et des enseignants intéressés par le marxisme dans le but d’organiser des séminaires, des projections...
Sur le lien entre l’organisation “adulte” et la structure de jeunesse : nous devons aider le NPA à faire la clarté sur son programme !
Le NPA s’est revendiqué au moment de sa fondation comme un parti pluraliste, regroupant en son sein plusieurs sensibilités : révolutionnaires, communistes, libertaires, éco-socialistes, etc. Son programme reflète cette hétérogénéité dans le sens où il ne tranche pas un grand nombre de questions, pourtant fondamentales. Nous pensons pour notre part que cet état ne saurait qu’être provisoire : avec la montée de la lutte de classe liée à la crise capitaliste, les différentes orientations existant dans le Parti s’opposeront nécessairement, débouchant sur une clarification politique et programmatique.
Dans cette perspective, la jeunesse du NPA a évidemment une responsabilité fondamentale. En effet, l’Histoire a prouvé à maintes reprises que c’est dans la jeunesse que se forment les plus gros bataillons de révolutionnaires. Comme le soulignait Trotsky dans La Révolution trahie :
“Tout parti révolutionnaire trouve de prime abord un appui dans la jeune génération de la classe montante. La sénilité politique s’exprime par la perte de la capacité d’entraîner la jeunesse. Les partis de la démocratie bourgeoise, éliminés de la scène, sont contraints d’abandonner la jeunesse à la révolution ou au fascisme. Le bolchevisme, dans l’illégalité, fut toujours le parti des jeunes ouvriers. Les mencheviks s’appuyaient sur des milieux supérieurs et plus âgés de la classe ouvrière, non sans en tirer une certaine fierté et considérer de haut les bolcheviks. Les événements montrèrent impitoyablement leur erreur : au moment décisif, la jeunesse entraîna les hommes d’âge mûr et jusqu’aux vieillards.”
De la même manière, nous, jeunesse du NPA, devons jouer notre rôle de “locomotive” tirant en avant l’ensemble du parti. Ainsi, il serait gravement erroné que nous reproduisions dans notre propre orientation la confusion présente dans le programme du Parti “adulte”. Au contraire, notre tâche est de constituer un pôle radical, révolutionnaire, afin d’entraîner le NPA – à la fois par la lutte sur le programme et par l’action sur le terrain – vers une politique clairement révolutionnaire.