Regrouper les travailleurs qui refusent de payer la crise et construire une alternative révolutionnaire
Face
aux attaques brutales des capitalistes, face à la passivité et à
la complicité des chefs de la « gauche » et des
centrales syndicales
Regrouper les travailleurs qui
refusent de payer la crise
et construire une alternative
révolutionnaire
Quel bilan
du
sommet
européen des
8 et 9
décembre ?
Mois
après mois, la crise capitaliste mondiale s’approfondit. Les
plans d’austérité succèdent aux plans d’austérité, les
vagues de licenciements aux plans de restructuration, les attaques
contre les travailleurs immigrés aux mises en cause des droits
démocratiques. Pourtant, la tonalité dominante des grands médias
et des dirigeants politiques en France consiste à faire croire que
le plus dur serait passé. Est-ce vrai ?
Des
appréciations
divergentes
Sans
nier que « l’Europe
[soit] encore très vulnérable et que les soubresauts [soient]
jugés inéluctable »,
Le
Monde
soutient que le « pire
est passé »
(sous la plume d’Arnaud Leparmentier, le 10/12/2011). Le
Figaro
(du 09/12, sous la plume de Marie Visot) renchérit, parlant d’une
« great
night for Europe »
(une formidable nuit pour l’Europe), expression qui aurait circulé
dans les sommets de l’UE juste après le sommet. Cependant,
Sarkozy lui-même, interrogé sur la capacité de l’accord à
endiguer la crise, se montrait beaucoup plus prudent :
« J’aimerais
penser que cet accord va calmer les marchés… J’aimerais vous
dire que je ne ferai plus de conférence de presse en pleine nuit…»,
a-t-il répondu, semblant plutôt croire le contraire. Le Financial
Times Deutschland
va dans le même sens, mais parle plus franchement : « Ce
sommet s’est pourtant déroulé comme beaucoup d’autres sommets
de crise par le passé : il y a eu des décisions sensées, on
a sorti les parapluies anti-crise et pour le reste on s’en remet
au principe "espérance" : cette fois-ci, on va
réussir à passer l’épreuve des marchés et des citoyens. Ce
serait bien beau ! Malheureusement, il est très probable que
la crise se poursuive, surtout dans les économies aux fondamentaux
les plus dégradés, et qu’il faille à nouveau corriger le tir
dans quelques mois. (…) En résumé : l’euro ne va pas
disparaître, mais la crise n’est pas terminée. La note AAA pour
la dette de la zone euro reste menacée. Il y aura un prochain
sommet de crise, c’est certain. »
(« Sauvetage de l’euro avec de gros dégâts collatéraux »,
09/12). Mais Georges Ugeux, un banquier d’affaires tenant un blog
pour Le
Monde,
est encore plus alarmiste : « Quand
on dérive, les actions perdent toute cohérence. Il est important
de travailler sur un projet de stabilisation à long terme de la
zone Euro, voire de l’Union Européenne. Mais le
forcing
de la nuit du 10 au 11 décembre laisse pantois. Aboutir à un
pseudo-accord
qui divise
ne justifie pas le battage médiatique de la "dernière
chance". Le 16e
sommet européen n’aura rien apporté à la solution de la crise
européenne, comme ses 15 prédécesseurs.
(…) Certes,
l’eurozone risque l’implosion, et doit être mise d’urgence
sous contrôle. Comme chaque fois, on nous abreuve de rodomontades
plus enflées les unes que les autres : l’euro est sauvé,
c’est un sommet historique, les Britanniques sont les mauvais. En
fait l’accord est très relatif. »
Et après avoir montré toutes les limites de l’accord, il cite
l’avis du Wall
Street Journal,
selon lequel « l’euro
ne semble pas devoir être durablement soulagé par le résultat
d’un sommet européen, très largement anticipé ; et les
investisseurs restent sceptiques sur le fait que l’accord atteint
à Bruxelles mettra un terme à la crise de la dette dans la
région »,
avant de conclure : « Est-il
imaginable qu’un sommet européen puisse aboutir à des actions
concrètes? Après 16 exercices peu convaincants, on est en droit
d’en douter. »
Un
accord qui ne règle rien
Il
s’agit encore à ce stade d’un simple accord
intergouvernemental. En clair, il n’a, même sur le plan purement
juridique, aucune force contraignante. Les pays non membres de la
zone euro ne se sont pas du tout engagés : « Les
chefs d’État et de gouvernement de la Bulgarie, du Danemark, de
la Hongrie, de la République tchèque, de la Lettonie, de la
Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie et de la Suède ont évoqué
la possibilité de rejoindre ce processus après consultation de
leur Parlement le cas échéant. »
Sa transformation en traité en bonne et due forme suppose un
processus de ratification très long (et dont l’aboutissement
serait très hypothétique) par rapport à la vitesse à laquelle
les soubresauts de la crise frappent l’UE. Cependant, le sens
politique de la décision est clair :
les
mécanismes de contrôle accru sur les budgets des États en
difficulté, dirigés contre les pays les plus faibles, et la mise
en place de sanctions automatiques, prévue dans l’accord, servent
à faire pression de façon accrue pour la mise en place de plans
d’austérité. De plus, la volonté de passer à la prise de
décision à la majorité qualifiée, en donnant un droit de veto de
fait à la France et à l’Allemagne, va dans le sens d’une
aggravation de la semi-colonisation des pays les plus faibles. Mais
il serait compliqué d’appliquer les sanctions à la lettre, car
il serait absurde, du point de vue de ceux qui veulent éviter le
défaut de paiement d’un pays au bord de la faillite pour éviter
l’explosion de la zone euro, d’aggraver sa situation par des
sanctions. La menace ne fera donc peur à personne. De plus, sur la
question principale, l’augmentation réelle des ressources du fond
de stabilité, les décisions sont repoussées à mars 2011. Un
accord de principe a été donné pour qu’à cette date ses moyens
soient portés à 500 milliards d’euros, mais même cette
concession verbale de Merkel a été vertement critiquée en
Allemagne comme irresponsable ; selon le Financial
Times Deutschland,
Merkel a même affirmé lors d’une réunion de parlementaires de
la CDU (droite allemande) qu’en réalité elle était contre une
telle augmentation — information qui a immédiatement fait
baisser les marchés... En effet, le poids supporté par l’Allemagne
dans ce fonds est proportionnellement le plus lourd. Enfin, le
sommet a obtenu le choix de la BCE de faire des prêts aux banques
de façon continue au taux d’1%. Cependant, cela ne peut qu’éviter
une crise de liquidités, mais non résoudre les problèmes de
solvabilité. Sarkozy a accepté de reconnaître, comme l’exigeait
Merkel, que faire fonctionner la planche à billets de la BCE ne
pouvait être un moyen de résoudre la crise.
Bref,
aucun saut qualitatif n’a été accompli au sommet. À moins que
le veto de la Grande-Bretagne, tenue à l’écart par tous les
autres, ne doive être lu comme le premier pas dans la
désintégration de l’UE. Le
chef économiste de Standard & Poor’s pour l’Europe,
Jean-Michel Six, estime que le sommet pourrait viser à préparer
les conditions d’une transformation de la BCE en prêteur en
dernier ressort, acte qui permettrait de contenir la crise de la
dette, mais reviendrait à faire payer la crise aux travailleurs
sous une autre forme, l’inflation. Mais, pour le moment,
les agences de notation ont annoncé maintenir leur perspective
négative sur la note des dettes de tous les États de la zone euro,
Allemagne incluse. Moody’s a réagi au sommet en déclarant :
« Le
communiqué des chefs d’État et de gouvernement offre peu de
nouvelles mesures, donc cela ne change pas notre analyse : la menace
sur la cohésion de la zone euro grandit et elle reste exposée à
des chocs futurs. »
Nouveaux
plans d’austérité et
menace d’explosion de la zone euro
En
tout cas, les gouvernements, représentants les intérêts des
différentes bourgeoisies européennes, retrouvent tous parfaitement
d’accord pour faire payer la crise aux travailleurs. C’est
pourquoi partout sont annoncés ou en préparation de nouveaux plans
d’austérité. En effet, pour relancer la machine, les
capitalistes doivent réussir à relever le taux profit. Cela
suppose d’imposer une brutale baisse du niveau de vie aux
travailleurs, mais aussi de provoquer la faillite des entreprises
les plus fragiles, tout en tentant d’éviter des faillites en
chaîne. Bref, une équation très délicate à réussir. Cela est
d’autant plus difficile que la crise de la dette continue à se
développer. Elle frappe la zone euro de façon particulièrement
brutale, car l’UE n’est pas un État, mais reste traversée par
de fortes contradictions entre les États qui la composent. En
effet, d’une part, le principe même des traités régissant l’UE
est qu’il n’y a aucune solidarité financière entre les
pays (contrairement à ce qui vaut pour les différents États
qui constituent les États-Unis d’Amérique) ; d’autre
part, il n’y a pas de gouvernement économique unique ;
enfin, tout l’édifice repose sur des économies encore largement
divergentes. C’est pourquoi ces pays sont fortement exposés à la
spéculation contre leur dette, phénomène qui n’est pas un excès
corrigeable du capitalisme, mais l’expression de la logique même
de son fonctionnement : les capitaux se placent de façon à
maximiser leur profit.
Les
banquiers à la tête des gouvernements d’union nationale :
une poignée de capitalistes décide, même pas les électeurs
La
gravité de la crise s’exprime aussi dans la manière dont la
bourgeoisie gère ses affaires. En Grèce, elle a jugé usée la
solution d’un gouvernement dirigé par de prétendus socialistes ;
elle n’a pas estimé un gouvernement d’union nationale suffisant
en lui-même pour redresser la situation ; elle a dû aller
jusqu’à un gouvernement dont les principaux ministres sont des
agents directs du capital financier et non ses représentants
politiques habituels. De même, en Italie, la bourgeoisie a débarqué
Berlusconi, pourtant lui-même un puissant capitaliste, pour le
remplacer à son tour par un banquier et ancien dirigeant de l’Union
européenne. Il apparaît au grand jour que le programme des
gouvernements est écrit dans les conseils d’administration des
grandes banques, où se retrouvent tous les grands capitalistes,
qu’ils appartiennent eux-mêmes au secteur proprement financier ou
au secteur industriel, vu que, depuis longtemps, le capital bancaire
et le capital industriel ont fusionné pour donner naissance au
capital financier. Peu à peu, la « démocratie » qu’on
nous vante tant comme un succès du capitalisme apparaît pour ce
qu’elle est en vérité : la dictature du capital. Les
élections ne sont l’occasion pour les travailleurs que de choisir
quel sera le bourreau parmi les différents représentants
capitalistes Car tous ces gouvernements directs des marchés ne
peuvent se mettre en place que parce qu’ils reçoivent le soutien
de la plupart des partis politiques, lesquels manifestent ainsi
quels sont leurs vrais maîtres : pas les
travailleurs-électeurs, comme ils essayent de le leur faire croire,
mais la poignée de capitalistes qui mène le monde. La Grèce est
l’exemple le plus parlant, vu que sa situation est la plus
désespérée. Le gouvernement y intègre, aux côtés du PASOK
(parti socialiste ouvrier grec) et le la Nouvelle Démocratie
(droite), le parti d’extrême droite LAOS, qui a voté tous
les plans d’austérité présenté depuis deux ans par le
« socialiste » Papandréou. Les travailleurs de tous les
pays d’Europe doivent en prendre bonne note : les discours de
l’extrême droite contre les immigrés ou l’Europe ne sont qu’un
autre moyen pour justifier le paiement de la dette et l’austérité.
Mais ils devraient aussi prendre bonne note du fait que, lorsque le
pouvoir de la bourgeoisie est menacé, ceux qui poussent en temps
habituels des cris d’orfraie contre l’extrême droite n’ont
aucun mal à gouverner avec elle : quand le capital est en
danger, les PS renoncent au prétendu « front républicain »
contre l’extrême droite pour passer à l’union nationale avec
tous les autres partis politiques au service du capital dans un
gouvernement d’union nationale dirigé par un homme du capital
financier.
Les
prolétariats d’Europe ont montré leur puissance et leur
disponibilité
au
combat...
Les
prolétariats d’Europe montrent chacun à leur tour toute leur
puissance. Comme ils font tourner l’économie, ils peuvent la
paralyser. Le prolétariat espagnol a paralysé le pays le
27/09/2010, cela a été au tour du prolétariat portugais le
24/11/2010 puis le 24/11/2011 ; le prolétariat grec a réalisé
de nombreuses journées de grève interprofessionnelle massive,
conduisant à la démission de Papandréou ; en France, les
salariés ont mené une lutte très large de deux mois contre la
réforme des retraites ; en Grande-Bretagne, les travailleurs
de tous les services publics ont massivement fait grève le
30/11/2011, rejoints par un nombre significatif de travailleurs du
privé ; en Belgique, le 02/12/2011, des centaines de milliers
de travailleurs ont fait grève et environ 80 000 ont manifesté.
Mais ces journées d’action isolées ne peuvent permettre
d’arrêter l’austérité, les licenciements et suppressions de
postes, etc. On est en droit de se poser la question suivante :
pourquoi les dirigeants syndicaux ne préparent-ils pas et
n’appellent-ils pas à des mouvements de grève suffisamment
puissants et longs pour gagner ? Pourquoi ne se donnent-ils pas
l’objectif d’une grève générale pour virer les gouvernements
au service de la bourgeoisie qui appliquent les mesures d’austérité
qui brisent tant de vies de travailleurs et de jeunes ? Selon
certains, cela s’expliquerait par une prise en compte de la
disposition réelle des travailleurs à se mobiliser, qui serait
faible ; selon d’autres, il faudrait y voir la prudence dans
la construction d’un rapport de forces. Mais la raison
fondamentale est bien différente. Pour les chefs syndicaux, il
s’agit simplement de trouver la meilleure solution au service du
prétendu « intérêt général » car leur ralliement à
l’« horizon indépassable » du capitalisme les
contraint à proposer une politique qui en respecte les exigences,
en l’occurrence la soi-disant nécessité de faire des sacrifices
pour résoudre la crise.
... mais
les chefs
syndicaux
veulent un pacte social pour sauver l’euro, au lieu d’un plan de
mobilisation
vers la grève générale pour sauver
les
travailleurs !
C’est
ce qu’écrivent les dirigeants des principales centrales
syndicales d’Allemagne (Sommer pour le DGB), de France (Thibault
pour la CGT et Chérèque pour la CFDT), d’Espagne (Toxo et Mendez
pour l’Espagne) , d’Italie (Camusso pour la CGIL) et de Belgique
(Demelenne pour la FGTB et Rolin pour la CSC) dans une hallucinante
tribune commune (mise en une sur le site de la CGT). Ils ne sont pas
préoccupés par les coups qui s’abattent sur les salariés, mais
par le risque de disparition de l’euro : « Qui
aurait pensé, il y a deux ans à peine, que tant de voix, parfois
qualifiées, pourraient envisager une rupture de l’euro ? Un
tel scénario, nous le savons, lui ferait perdre tout son sens,
voire détruirait le projet européen lui-même qui constitue sans
doute une des constructions politiques les plus importantes du XXe
siècle. »
Pour ces gens-là, la mise en place de l’UE capitaliste,
instrument des bourgeoisies d’Europe dans leur lutte sur le marché
mondial et outil pour renforcer le poids des capitalistes de chaque
pays face à leurs prolétaires respectifs, serait un grand pas en
avant ! Face à cette situation, voici leur approche générale :
« Le
mouvement syndical européen ne défend pas une position partisane :
nous cherchons à défendre l’intérêt général et à contribuer
à la recherche de solutions à la très grave crise politique de
l’UE. »
À force de fréquenter les palais présidentiels et les bureaux du
patronat, ces grands dirigeants semblent avoir oublié qu’il n’y
a pas d’intérêt commun entre le patron qui licencie et le
travailleur licencié, entre le patron imposant le gel des salaires
et le salarié n’arrivant plus à boucler la fin du mois, entre le
patron qui emploie les sans-papiers la nuit tout en les pourchassant
le jour et l’ensemble du prolétariat visé par ces attaques
contre l’une de ses catégories. À force de fréquenter Merkel,
Papandréou, Zapatero, Sarkozy et consorts, ils adoptent leurs
objectifs, la réduction des déficits, tout en différant sur la
méthode : « Le
syndicalisme européen, lui aussi, est vivement préoccupé par la
stabilité des finances publiques. Mais on ne peut atteindre les
objectifs de réduction des déficits et des dettes en anéantissant
les économies. »
On pourrait leur retourner : mais comment pourrait-on
satisfaire les revendications des travailleurs en continuant à
payer la dette ?
Quelle
est donc leur solution face à la crise ? Sur le plan
économique, ils plaident pour « l’émission
d’euro-obligations et la transformation de la BCE en prêteur en
dernier ressort »,
la solution préconisée par certains capitalistes. Sur le plan
politique, ils se prononcent pour une « véritable union »,
veulent pour y parvenir une révision des traités qui « ne
peut avoir pour seuls objectifs d’exercer une pression constante
sur les budgets nationaux et le renforcement de l’austérité »,
c’est-à-dire qu’il doit bien avoir cet objectif, mais aussi
d’autres, comme celui d’y intégrer « une
dimension sociale ».
Bref, des plans de licenciements, du gel des salaires, des
privatisations, des privations, soit, mais s’il vous plaît, avec
un peu de pommade adoucissante. Comment y parvenir, car cela semble
compliqué de faire avaler tout cela aux travailleurs ? Les
chefs des syndicats font leurs offres de service : « Il
faut établir un nouveau contrat social et économique avec la
participation active des partenaires sociaux. Un contrat social
européen novateur
ayant comme grands chapitres, entre autres : l’emploi, les
salaires — que les partenaires sociaux doivent négocier de
façon autonome — les retraites, les allocations de chômage,
l’éducation et la santé.
» Puisqu’ils prennent acte du fait que la crise signifie la
destruction du pacte social des « Trente Glorieuses »,
concédé au sortir de la guerre par les bourgeoisies face à la
menace de la révolution, ils proposent en fait aux patronats et à
leurs gouvernements leur aide pour casser les conquêtes sociales,
tout en les mettant en garde contre des situations où la « cohésion
sociale »
serait rompue, bref contre les risques de polarisation sociale
difficile à contrôler comme en Grèce, pouvant à terme ouvrir la
voie à des processus révolutionnaires, balayant les pouvoirs,
comme en Tunisie, en Égypte, etc. C’est
dans ce cadre que l’on comprend mieux pourquoi le gouvernement de
Sarkozy peut en toute tranquillité, en France comme ailleurs,
continuer à saigner les travailleurs.
Sarkozy-Fillon
redoublent de coups contre les
travailleurs...
le PS, le Front de gauche et les chefs des syndicats laissent faire
Budget
d’austérité et
attaques patronales
Suite
au plan d’austérité de 12 milliards d’euros au mois d’août,
le gouvernement fait passer une nouvelle pilule amère de 8
milliards d’euros. Pour dégager les 190 milliards dédiés au
remboursement de la « dette », à verser aux
capitalistes qui ont prêté de l’argent à l’État, lequel
s’est endetté dans le contexte de crise rampante précisément
parce qu’il a abaissé l’imposition des mêmes capitalistes et
leur a offert des montagnes de subventions sous diverses formes
(exonérations de charges, marchés publics, etc.), ce sont à
nouveau les travailleurs qui payent l’essentiel de la facture :
plus de 30 000 postes supprimés dans la fonction publique (dont 17
000 dans l’Éducation Nationale), gel du point d’indice pour
tous les fonctionnaires (donc baisse du pouvoir d’achat, vu que
les prix augmentent), instauration d’un jour de délai de carence
pour les fonctionnaires en cas de maladie, baisse de divers
remboursements de la Sécurité Sociale (indemnité journalière de
maladie, médicaments, exigence de réduction des prescriptions...),
accélération de l’application de la réforme des retraites, etc.
Le pouvoir cherche à fractionner les attaques pour éviter une
riposte globale. Dans le privé, les plans de licenciements
continuent, mais se heurtent en plusieurs lieux à une résistance
des travailleurs, malheureusement dispersée et sans perspective.
Pourquoi ?
La
riposte des chefs syndicaux
face aux attaques du patronat et de Sarkozy : rassemblements
dispersés pour « interpeller
le gouvernement,
les élus et les responsables
d’entreprise »
L’attitude
des dirigeants syndicaux aide bien le patronat et le gouvernement.
Ces derniers, comme on vient de le montrer, partagent pour
l’essentiel les objectifs des dirigeants capitalistes. Ils ne
veulent donc surtout pas appeler les travailleurs à se mobiliser
contre le budget d’austérité, ni centraliser leurs luttes contre
les licenciements, ce qui pourrait contribuer non seulement à
déstabiliser l’actuel gouvernement, mais aussi risquer de
préparer une accession au pouvoir plus difficile pour son
successeur. La
bande des cinq (CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires) a décidé une
campagne de mobilisation et d’information, en décembre, pour
protester contre l’austérité du gouvernement. La CFTC et la
CFE-CGC ont décliné cette perspective et ne se sont même pas
rendues à la réunion. Quant à FO, bien que participante, après
avoir proposé une journée de grève interprofessionnelle qui a été
rejetée, elle a acté le refus et quitté la réunion.
L’axe
de cette campagne consiste à « interpeller
le gouvernement, les élus et les responsables d’entreprises dans
la période du 1er au 15 décembre
». Elle affirme ainsi «
agir ensemble pour s’opposer » aux
« plans
d’austérité et de rigueur décidés et imposés par le
gouvernement »
et assure que «
le 13 décembre sera un temps fort de mobilisations
interprofessionnelles, notamment avec des rassemblements ».
Chacun comprend que des « interpel-lations » et des
« rassemblements » ne vont pas ébranler la
détermination du patronat, de son gouvernement et de ses députés.
Alors, quel objectif principal poursuivent les chefs des
syndicats avec cet appel ? D’un part, ils ne peuvent pas
ne pas faire un minimum semblant de protester s’ils ne veulent pas
perdre absolument toute crédibilité auprès des travailleurs.
D’autre part, il est assez évident qu’ils sont en fait en train
de préparer la campagne pour l’élection du candidat du PS,
François Hollande : l’interpellation des députés a
précisément pour fonction de dénoncer les méchants députés de
l’UMP qui vont voter ce budget et de valoriser les gentils députés
PS qui vont voter contre. Pourtant, chacun sait aussi qu’Hollande
et le PS prépare, comme Papandréou, Zapatero et Socrates l’ont
déjà fait, des budgets d’austérité aussi brutaux, comme il l’a
officiellement annoncé en prétendant « donner du sens à la
rigueur » !
Pour
que la colère s’exprime, il faut des revendications claires et un
plan de mobilisation
sérieux
Les
chefs syndicaux tentent de se dédouaner en accusant les
travailleurs de ne pas être prêts à se mobiliser. Pour la CFDT, «
il faut se donner du temps pour tenter de toucher le maximum de
personnes et pas faire ça sur une seule journée ».
Pour l’UNSA, l’intersyndicale n’a pas appelé à la grève
parce que «
les salariés n’y sont pas prêts » et
qu’il faut donc d’organiser «
une vraie journée d’explication auprès des salariés ».
La CGT, toute honte bue, estime qu’avec ces actions, «
le syndicalisme a décidé de relever le défi »
et que le texte adopté montre «
la volonté de s’inscrire dans un processus d’action » ;
mais n’ayant pas perdu tout esprit elle nous révèle « qu’on
n’est pas à l’abri d’autres mesures ».
Quant à la FSU, elle essaye de vendre le pitoyable 13 décembre
comme « la
première étape qui permettra de construire le mouvement nécessaire
contre le rouleau compresseur du gouvernement ». Solidaires,
souvent présenté comme une organisation radicale, se borne à
affirmer qu’«
il faut absolument montrer aux salariés qu’il n’y a pas de
fatalité ».
FO
critique le texte de l’intersyndicale, en disant qu’il n’était
«
pas possible pour FO de s’associer à un texte qui ne demande pas
l’abandon des mesures des plans d’austérité, qui ne dit rien
contre l’accélération de la contre-réforme des retraites et qui
ne dit rien sur la dictature de la dette », mais
ne propose aucune alternative.
En
fait, n’en déplaise à ces chefs syndicaux, la colère commence à
monter parmi les travailleurs, comme le montre le nombre important
de grèves toute cette année, notamment dans les entreprises. Mais
pour qu’elle puisse s’exprimer, il faudrait proposer aux
travailleurs et aux travailleuses des objectifs qu’ils et elles
puissent faire leurs : non pas sauver l’euro, payer la dette
autrement ou encore trouver un pacte social rénové, mais défendre
leurs emplois, leurs salaires, leurs statuts, leurs conditions de
travail contre la barbarie capitaliste. Or cela implique d’offrir
en même temps, des perspectives de victoire avec un plan de lutte
sérieux, axé sur l’objectif de la grève générale.
Quant
aux partis de « gauche », ils ne font pas mieux. En
paroles, ils sont contre le budget d’austérité de
Sarkozy-Fillon. C’est pourquoi le NPA les a invités à juste
titre, ainsi que les syndicats, à une réunion pour discuter des
initiatives unitaires qui pourraient prises pour lutter contre ce
budget. En vain. Seule Alternative Libertaire s’est déplacée. Le
PS, le PG, le PCF ne semblent pas avoir envie de passer des paroles
aux actes. Ils préfèrent chercher à semer parmi les masses
l’illusion que les élections, présidentielle et législatives,
seraient la solution aux souffrances qu’elle endurent. Pourtant,
non seulement les travailleurs et travailleuses n’ont jamais rien
gagné par les seules élections, mais en outre l’UMP, le PS et
EELV, tout comme bien sûr le FN ne présentent que différentes
variantes capitalistes pour faire payer la crise aux prolétaires.
Quant aux prétendues solutions réformistes du PCF et du PG, elles
sont à la fois vaines pour mettre fin à la crise et subordonnées
à leur objectif de faire simplement pression sur le probable
prochain gouvernement du PS — voire d’y participer.
Sarkozy,
Hollande, Joly, Bayrou : les dociles exécutants des ordres
d’une poignée de capitalistes
La
meilleure preuve que, pour l’essentiel, les programmes de tous ces
partis sont compatibles, c’est l’existence ou la mise en place,
un peu partout en Europe, de gouvernements d’union nationale. Cela
a été le cas en Allemagne où la CDU et le SPD ont gouverné
ensemble de 2005 à 2009, c’est le cas en Italie où tous les
partis ont voté la confiance au gouvernement sauf la Ligue du Nord
(donc le parti de Berlusconi avec celui de Prodi), c’est le cas en
Grèce où cohabitent le PASOK, la Nouvelle démocratie (ND, droite)
et l’extrême droite.
Sarkozy :
le candidat à la poursuite de la saignée engagée
depuis cinq ans
Sarkozy,
candidat à sa réélection, ainsi que son parti, l’UMP, annoncent
la poursuite et l’accélération de sa politique de destruction
des conquêtes sociales, de chasse aux travailleurs immigrés,
d’agressions impérialistes, etc. Une partie de l’UMP cherche à
justifier idéologiquement cette politique en entonnant la petite
musique des « privilégiés d’en haut » et des
« privilégiés d’en bas ». C’est ainsi par exemple
qu’ils essayent de légitimer les mesures réduisant les
remboursements de médicaments et l’instauration d’un jour de
carence pour les arrêts maladie dans la Fonction Publique. Mais les
chiffres sont sans appel. Le trou de la Sécurité Sociale n’a
rien à voir avec des travailleurs qui prendraient des arrêts
maladie injustifiés aux yeux des comptables de la Sécu désignés
par le gouvernement. Il repose d’abord sur la fraude patronale
jamais dénoncée par ceux qui prétendent pourfendre tous les
« profiteurs ». Ainsi, selon les chiffres officiels, les
fraudes de la part d’assurés sociaux représenteraient entre 0,5
et 0,8 milliards d’euros, quand le montant des fraudes patronales
s’élèverait quant à lui entre 7 et 15 milliards. Il repose
ensuite sur les gigantesques exonérations de cotisations accordés
au patronat, aux alentours de 30 milliards d’euros cette année,
dont seule une partie est compensée. De même que les grands
groupes du CAC 40 ont dégagé environ 80 milliards de profits, mais
ont été imposés pour une somme dérisoire, voire n’ont pas payé
d’impôt comme Total, malgré ses 10 milliards de profits. Pendant
ce temps-là, les travailleurs et travailleuses, du privé comme du
public, sont écrasés sous les impôts directs et surtout indirects
(TVA, TIPP, etc). Il n’y a pas de « privilégiés d’en
bas », mais des exploité-e-s, et des « privilégiés
d’en haut », les exploiteurs et leurs valets.
Hollande :
un opposant « socialiste » qui promet plus de rigueur
Hollande
se borne pour l’essentiel à dénoncer le méchant Sarkozy. Mais,
vu qu’en même temps il affirme qu’il faut pays la dette et
qu’il annonce un plan de 50 milliards d’euros pour réduire
les déficits, on voit mal comment il pourrait mener une politique
très différente. D’ailleurs, lors de la présentation du budget,
le PS n’a pas proposé, par exemple, d’annuler toutes les
suppressions de postes prévues dans la fonction publique, ni
d’imposer lourdement Total, PSA, la BNP, Bouygues, etc., ni de
prendre des mesures pour stopper les licenciements dans le privé.
Hollande est même revenu sur l’engagement du PS de rétablir
l’âge légal de la retraite à 60 ans : pour lui, ce droit
ne devrait valoir que pour celles et ceux qui ont commencé à
travailler avant 18 ans !
Bien
sûr, beaucoup de travailleurs, travailleuses et jeunes, par haine
de Sarkozy, voteront pour Hollande, quoique sans le moindre
enthousiasme. Mais il ne faut pas se faire la moindre illusion sur
les intérêts représentés par la candidature du PS : ceux de
la bourgeoisie. Le patronat espère avoir ainsi un homme neuf, ayant
un vernis social, de bonnes relations avec les chefs syndicaux,
mieux à même de faire passer les plans d’austérité nécessaires
au sauvetage des capitalistes que le trop grillé Sarkozy. En
réalité, on ne gagne jamais rien que par la lutte.
Joly :
l’écologie soluble dans un groupe parlementaire
EELV
ne défend pas d’orientation substantiellement différente du PS
sur le plan économique. Sa différence officielle, c’est son
souci pour l’écologie. L’histoire de l’accord électoral
entre le PS et EELV a confirmé qu’on ne pouvait pas défendre
sérieusement l’écologie sans être aussi anticapitaliste. EELV
avait déjà renoncé à la sortie du nucléaire en dix ans,
pourtant possible et nécessaire. Mais pour obtenir assez de députés
pour former un groupe parlementaire, chose impossible sans le
soutien du PS, EELV a dû renoncer à presque tout : pas de
sortie du nucléaire même à moyen terme, pas d’arrêt des
réacteurs fonctionnant au MOX, pas d’arrêt de l’EPR de
Flamanville qui absorbe pourtant une quantité énorme
d’investissements qui pourraient permettre de faire progresser à
grande vitesse les technologies dans le domaine de l’énergie
renouvelable. Le PS a subi la pression d’Areva, grand groupe
capitaliste, qui s’apprête à supprimer 2500 emplois, pour
renoncer encore à quelques virgules fâcheuse et, en bon parti du
capital, s’est aussitôt exécuté. EELV a validé cette attitude
en apposant sa signature au bas de l’accord.
Bayrou :
l’austérité anti-ouvrière auréolée d’éthique
Quant
à Bayrou, il n’a rien d’original à proposer. Il veut lui aussi
l’austérité et il se met à défendre lui aussi le « consommons
français ». Il agrémente le tout d’un peu de morale
chrétienne et cherche à profiter de sa situation de relative
marginalisation depuis les présidentielles de 2007, qui peut
contribuer à le faire apparaître dans l’électorat comme un
homme intègre, ayant des convictions et qui ne se vend pas pour un
plat de lentilles. Mais ce n’est pas avec quelques gouttes
d’éthique dans la barbarie capitaliste que l’on peut résoudre
la crise d’une façon favorable aux travailleurs. En outre, il est
fort probable que cet homme qui est tout autant Sarko-compatible que
Hollande-compatible (lequel vient de lui offrir une place dans son
futur gouvernement à condition qu’il appelle à voter Hollande au
2e
tour) cèdera cette fois-ci aux sirènes des uns ou des autres, car
pour garder des soutiens, encore faut-il avoir des postes à leur
offrir un jour ou l’autre.
Le
Pen : une prétendue candidate des « oubliés » qui
tente de détourner la colère des travailleurs vers la haine des
étrangers... tout en étant elle aussi pour le paiement de la dette
et en refusant de se prononcer pour la hausse du SMIC
Quant
à Marine Le Pen, elle cherche à convaincre les travailleurs,
travailleuses et jeunes que la politique du FN serait la mieux à
même de les tirer de la crise. Elle s’appuie pour cela sur le
fait que le FN a toujours combattu l’Union Européenne et l’euro.
Mais ce ne sont pas les causes de la crise. La preuve : en
Grande-Bretagne, qui ne fait pas partie de la zone euro, les plans
d’austérité sont aussi durs qu’ailleurs (suppression de plus
de 230 000 postes dans le public, passage progressif de la retraite
à 67 ans, hausse des cotisations de 3%, réduction de la base
de calcul de la retraite, licenciements dans le privé, etc.). Le
fond de la crise, c’est la baisse du taux de profit ; la
seule façon de le rétablir, c’est l’austérité à outrance,
avec le rabaissement brutal du niveau de vie des exploité-e-s.
Bref, la cause de la crise, c’est la logique absurde du
capitalisme lui-même, auquel Le Pen ne veut pas toucher. La monnaie
unique sans État unique ne fait que l’accélérer et l’aggraver.
Sortir de l’euro sans sortir du capitalisme n’arrangerait pas la
situation des travailleurs. Car il faudrait continuer à payer la
dette. D’ailleurs, le FN ne cache pas son accord « pour
retrouver l’équilibre budgétaire en 2013 »,
comme
tous les autres partis au service du patronat, dont il cherche tant
à se distinguer. De même, interrogée au journal de 20h, elle a
refusé de se prononcer pour la hausse du SMIC, dont des millions de
travailleurs ont d’urgence besoin, mais à laquelle les patrons
sont hostiles.
Bref,
Le Pen est bien une candidate défendant des intérêts patronaux.
Mais son rôle particulier dans la bande des capitalistes, c’est
de mettre un zèle tout particulier à essayer de détourner la
colère des travailleurs du patronat français et de son
gouvernement, vers les étrangers, les autres gouvernements et l’UE.
Dans le même temps, elle cherche à mettre une partie des
travailleurs à la remorque des patrons les plus attardés et
réactionnaires dans la logique du « produisons
français, consommons français » — logique
qui commence à être dangereusement reprise aujourd’hui par les
autres partis de la bourgeoisie, à droite comme à « gauche ».
Mélenchon,
une fausse alternative : ses promesses sont irréalistes, car
il veut payer la dette et
refuse
de sortir du capitalisme, et même pas crédibles, car le Front de
gauche compte bien soutenir un gouvernement PS
Sur
le papier, le programme du Front de Gauche comprend beaucoup de
promesses alléchantes : un SMIC à 1700 euros bruts, puis 1700
euros nets, l’arrêt de la RGPP (Révision générale des
politiques publiques), la titularisation de tous les précaires de
la Fonction Publique, le remboursement à 100% des dépenses de
santé, le blocage des loyers, une hausse des impôts sur les
entreprises et les riches, etc. Cependant, on peut se demander
comment il va les financer, vu que, dans le même temps, il
reconnaît, avec quelques contorsions verbales, qu’il va continuer
à payer la dette. « Nous
agirons pour le réaménagement négocié des dettes publiques,
l’échelonnement des remboursements, la baisse des taux d’intérêts
les concernant et leur annulation partielle. Nous exigerons des
moratoires et des audits sous contrôle citoyen »
(Front
de Gauche- Programme populaire et partagé,
p. 31). Or, si la dette n’est que partiellement annulée,
cela signifie qu’elle est largement payée. En outre, le Front de
Gauche n’explique pas un instant comment il affronterait la
réaction capitaliste face à un simple moratoire, la fuite des
capitaux, à la démultiplication de la spéculation, etc.
En
effet, ce n’est pas nécessaire, car il n’a en réalité pas
l’intention d’un tel affrontement. Son projet est
essentiellement celui exposé par les dirigeants syndicaux
européens : transformer la BCE en prêteur en dernier ressort
(faire fonctionner la planche à billets) et créer des
euro-obligations. Bref, il s’agit d’une autre solution
capitaliste à la crise. Comme tous les autres, elle revient à
faire payer les travailleurs, quoique par un autre biais, celui de
l’inflation. Enfin, le Front de gauche ne conçoit pas d’appliquer
ses propositions autrement que par sa participation aux institutions
et, comme il sait bien que Mélenchon ne sera pas élu président en
2012, il prévoit clairement d’apporter au PS un soutien au moins
parlementaire, peut-être un peu critique, voire de participer à un
gouvernement de François Hollande à certaines conditions.
Populariser
un
programme
de transition face à la crise pour unifier les luttes et développer
la conscience que seul un gouvernement des travailleurs pourra
l’appliquer
L’approfondissement
de la crise et le durcissement des attaques patronales conduiront
tôt ou tard à des explosions de révolte des exploité-e-s et des
opprimé-e-s, comme on vient d’en voir les premières, en Tunisie,
en Égypte, dans le reste du monde arabe et, à un moindre niveau,
en Grèce. Que des soulèvements de ce type aient lieu ne dépend
pas fondamentalement de tel ou tel parti. En revanche, c’est de
l’activité politique menée pendant la période préparatoire que
dépend la capacité du parti à influencer le mouvement de masses
lorsqu’il est engagé, à l’aider à s’auto-organiser, à se
fixer des objectifs politiques. Dans ces premiers soulèvement nés
de la crise, on a vu que les masses savaient de quoi elles ne
voulaient plus, mais pas encore ce qu’elle voulaient mettre à la
place. C’est donc une perspective claire, anticapitaliste donc
révolutionnaire, indépendante de la gauche réformiste et des
bureaucraties syndicales, que nous devons tracer pendant cette
campagne électorale.
C’est
pourquoi l’orientation de la direction du NPA ne nous convient
pas : ses confusions politiques et son parasyndicalisme
empêchent que notre parti soit un instrument réellement utile pour
les milliers de travailleurs, travailleuses et jeunes qui veulent se
battre, qu’il puisse de nouveau les attirer. Bien évidemment,
nous combattons plus encore l’orientation de la droite du parti,
le courant Gauche anticapitaliste, qui voudrait subordonner notre
orientation à une tactique d’interpellation du Front de gauche et
des réformistes en général. Et nous participons activement à la
campagne Poutou qui, malgré ses importantes limites programmatiques
et stratégiques, a le mérite de chercher à exprimer de façon
authentique la colère des exploités et des opprimés, le soutien
aux luttes et l’idée que la solution à la crise pour les
travailleurs ne peut venir d’aucune sauveur suprême, mais
seulement d’eux-mêmes, de leur organisation et de leur
mobilisation collective.
Nous
devons montrer que nous sommes à l’avant-garde de la lutte contre
l’austérité en proposant aux partis et aux syndicats des
ripostes unitaires sur des mots d’ordre communs, à commencer par
la mobilisation contre le budget d’austérité de Sarkozy-Fillon.
Dans le meilleur de cas, cela peut contribuer à la mobilisation des
masses ; au minimum, cela permet de montrer aux travailleurs
encore hésitants que les partis qui refusent le combat pour rompre
avec le capitalisme ne peuvent que faire payer la facture aux
travailleurs. Dans le même temps, nous devons dénoncer haut et
fort les capitulations des chefs de la gauche et des dirigeants des
grandes centrales syndicales, au lieu de nous taire comme le fait la
direction du NPA, ce qui laisse les travailleurs mécontents de la
politique des chefs syndicaux sans espoir, sans boussole et sans
organisation pour se battre.
Enfin,
nous
devons populariser un programme de défense des travailleurs et des
classes populaires face à l’offensive des classes dominantes et
de leur État. Il articule les revendications immédiates avec
l’exigence de l’interdiction des licenciements, l’annulation
de la dette, l’expropriation sans indemnité ni rachat et sous
contrôle des travailleurs des banques et des groupes du CAC 40,
notamment du secteur de l’énergie pour assurer la sortie du
nucléaire en dix ans. Nous expliquons sans relâche que, pour
mettre en œuvre ce programme que nous portons, il faudra un
gouvernement des travailleurs, lié à des mobilisations de masse et
à leur auto-organisation. Pour illustrer cette idée, nous nous
appuyons sur toutes expériences les plus avancées de luttes
exemplaires, auto-organisées, ainsi que des premières
manifestations partielles de volonté d’autogestion ouvrière, qui
montrent que les travailleurs peuvent produire et gérer sans
patrons. Et c’est selon cette logique que nous intervenons dans
les luttes, pour leur victoire et leur coordination.
Voilà
les axes de la politique que la Tendance CLAIRE et ses
sympathisant-e-s s’efforcent de rendre majoritaire au sein du NPA
et que nous défendons auprès des travailleurs, travailleuses et
jeunes.
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