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Macron dit ce qu’il pense sur les migrant-e-s, les grands médias font la sourde oreille
Le mardi 6 novembre, Emmanuel Macron était en déplacement à Douaumont (Meuse), pour rencontrer des anciens combattants dans le cadre des commémorations officielles de la boucherie de Verdun. À son insu, il a été enregistré alors qu’il révélait sa véritable pensée sur les migrant-e-s. Étrangement, ce volet de la commémoration, un des moins hypocrites sans doute, est passé presque inaperçu1.
Dans la vidéo publiée sur le site d’information du service public francetvinfo.fr2, un ancien combattant lui demande : « Quand mettrez-vous les sans-papiers hors de chez nous ? ». Ce à quoi il répond : « Ceux qui n’ont pas de papiers et qui n’ont pas le droit d’asile, croyez-moi qu’on va les… On va continuer le travail. - Vous le ferez ? – Oui. » Dans la suite de ce sinistre dialogue, le président des riches nuance un peu son propos : il dit vouloir que l’État soit plus « efficace » dans l’accueil des personnes qui reçoivent le droit d’asile. Pour rappel, cela ne concernait, pour l’année 2017, que 31 964 demandes d’asile qui ont reçu une réponse positive.
« Mais ceux qui viennent alors qu’ils peuvent vivre librement dans leur pays, il faut les raccompagner. Voilà. Voilà ma réponse. » C’est sur ces paroles terribles que conclut Macron. Il n’y a donc pas grand monde, à ses yeux, qui a le droit d’immigrer en France.
Silence assourdissant des grands médias
À quelques exceptions près (Huffingtonpost, Les Inrocks…), ce document d’une immense valeur journalistique a été ignoré par les grands médias. Il contredit pourtant de manière flagrante le discours officiel du pouvoir, qui prétend être favorable aux migrant-e-s. Ce sont les mêmes qui osent reprocher à Jean-Luc Mélenchon et à la France Insoumise d’être « anti-migrants », alors que ce mouvement s’est prononcé pour l’accueil des migrant-e-s dans la dignité – une formule certes floue, mais qui va dans le bon sens.
Pour une réponse de la classe ouvrière
Face à cette hypocrisie, nous devons réaffirmer le droit à la liberté de circulation et d’installation pour tou-te-s. Il est souhaitable que l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, des organisations antiracistes et de soutien aux migrant-e-s s’unissent pour défendre cette revendication par un mouvement massif de solidarité. Notre classe ne doit pas se laisser diviser par le racisme et la xénophobie. Les travailleur-e-s français-e-s, en particulier, ont la responsabilité de se battre aux côtés de celles et ceux qui sont nés du mauvais côté de l’impérialisme.
Pour réaliser cette revendication centrale, à commencer par la régularisation immédiate des sans-papiers, il faudra réduire le temps de travail sans toucher aux salaires, ce qui permettra de donner un emploi aux migrant-e-s et en même temps aux chômeurs. Il faudra également réquisitionner les logements vides, ce qui permettra de loger les migrant-e-s aussi bien que les SDF. Faire tout cela, c’est s’en prendre frontalement au capitalisme, ce qui implique que les travailleur-e-s s’organisent pour prendre le pouvoir à tous les niveaux de la société.
1 Le lendemain, Emmanuel Macron qualifiait le maréchal Pétain de “grand soldat”. Le surlendemain avait lieu à Douaumont la traditionnelle messe en hommage au maréchal (https://www.estrepublicain.fr/edition-de-verdun/2018/11/08/petain-en-pleine-polemique-une-messe-en-hommage-au-marechal-a-douaumont-gexs). Troublante séquence ! On ne peut que se demander quels sont ces “autres” auxquels fait référence l’ancien combattant non identifié de la vidéo (“Puis-je le dire aux autres ?”)…
2 https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/video-on-va-continuer-le-travail-emmanuel-macron-repond-a-un-ancien-combattant-lui-demandant-d-expulser-les-sans-papiers_3024013.html