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Le mouvement historique contre la réforme des retraites confirme l’urgence d’un NPA révolutionnaire
Quel que soit son résultat immédiat, la lutte contre la réforme des retraites est d’une importance historique pour la reconstruction du mouvement ouvrier. Durant deux mois, elle a entraîné des millions de manifestants, des centaines de milliers de grévistes, un soutien continu de la majorité. Plus large et profond que les mouvements précédents, il a combiné leurs caractéristiques : grèves reconductibles de 1995 et 2003, lutte lycéenne et révolte de la jeunesse des quartiers de 2005, grève générale étudiante autoorganisée contre le CPE de 2006, entrée en scène du prolétariat industriel, partielle mais importante, qui avait marqué les grandes mobilisations de 2009. C’est un mouvement politique, charriant toutes les colères accumulées contre l’illégitime Sarkozy, marqué par l’effervescence et l’inventivité des masses (slogans, actions, auto-organisation...), les rapides progrès de la conscience de classe. Il a été suivi de près par les gouvernements, les médias et les travailleurs du monde entier car c’est la plus forte réponse à la crise du capitalisme depuis la grève générale antillaise, la préfiguration de 2009 en France et le printemps 2010 en Grèce.
En ce sens, c’est une défaite politique pour la bourgeoisie et Sarkozy : ils croyaient éviter la résistance grâce à la collaboration des directions syndicales et réformistes, a fortiori du PS ; mais ceux-ci ont été débordés par la levée des masses et ont dû la suivre pour mieux la canaliser par des journées d’action plus rapprochées. Ils ont ainsi pu passer pour combatifs et des milliers de travailleurs adhèrent aux syndicats. Pourtant, leur demande de « négociations », leur refus d’appeler à la grève générale ou même d’étendre les grèves reconductibles et de soutenir les blocages constituent une trahison, principal facteur de la défaite revendicative. C’est ce qu’a compris l’avant-garde élargie, notamment des équipes syndicales combatives (surtout des SUD et de nombreux syndicats ou militants CGT), qui ont cherché de toutes leurs forces la voie de la grève générale et se sont même auto16 organisés (jeunes scolarisés, AG dans les entreprises, AG interpro ou intersyndicales ouvertes dans près de 30 villes).
Cependant, malgré le fort investissement de nombreux camarades du NPA et de bien d’autres militants d’extrême gauche, on a manqué d’un parti clairement révolutionnaire. La politique de LO a été lamentable, considérant que c’était un petit mouvement et qu’il n’y avait rien à redire à la stratégie des DS. Le POI n’a soutenu ni l’objectif de la grève générale, ni les grèves reconductibles et les blocages, collant à la politique de FO qui prétendait gauchir superficiellement la ligne des autres DS. En revanche, la direction du NPA a appelé à la grève reconductible et au blocage et a parlé de la grève générale. Néanmoins, sa politique est restée comme toujours confuse et hésitante. La grève générale n’a pas été au centre de son orientation et a même disparu des tracts et du journal au moment clé, à partir du 10/10 ! Elle a refusé de mener le combat combinant dénonciation et interpellation des DS, nécessaire pour aider les masses à les déborder par la clarification politique. Cela laisse croire au pire que ce sont nos partenaires, au mieux qu’il serait possible de les contourner par le seul investissement dans les actions tous azimuts. Pire : quand ils ont été interviewés sur la stratégie des DS, O. Besancenot et A. Krivine ne l’ont pas critiquée, mais soutenue !
Les camarades de la position 2 (ex-B) liés au 92 N et au secteur jeunes, avec qui les membres du CTR se sont retrouvés dans la grève reconductible, les blocages et l’auto-organisation, ont en revanche eux aussi refusé d’affronter la politique des DS, croyant pouvoir la contourner par le seul volontarisme activiste, allant jusqu’à dépolitiser les AG et coordinations interpro (refus d’étendre les revendications et d’interpeller les DS, soutien sans critique à leurs journées d’action, cécité face au reflux dû précisément à la trahison).
Le bilan de la lutte doit être au coeur des débats du congrès, car c’est là que se sont concrétisées les différentes orientations proposées. Pour le CTR, tout confirme la nécessité que le NPA s’ancre en priorité dans le prolétariat et la jeunesse en défendant un programme et une stratégie clairement révolutionnaires, en théorie comme en pratique.