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Election de Trump : le rejet des élites ouvre la voie au populisme le plus nauséabond
C’est un coup de tonnerre d’autant plus fort qu’il était jugé à la veille de l’élection quasi-impossible. Du moins par la caste médiatique, les analystes bourgeois, les sondages, car Mickael Moore avait très bien perçu les ressorts de la percée de Trump et de sa probable victoire. Trump remporte une nette majorité de « grands électeurs » même si Clinton obtient globalement un peu plus de voix. Clinton incarnait l’oligarchie politico-financière des métropoles mondialisées, et elle fut le meilleur atout de Trump dans la campagne. Ce milliardaire raciste, sexiste, mégalomane a réussi le tour de force de se faire le porte-parole du petit peuple blanc précarisé et écœuré par le système en place. Alors que son programme est ouvertement au service des plus riches (avec des annonces de baisses d’impôt massives pour les plus fortunés et des attaques en règle contre la protection sociale), il a réussi à faire croire qu’il pourrait mener une politique au service des oubliés de la mondialisation.
Dans ce système capitaliste pourrissant, l’élection de Trump apporte un démenti à ceux qui pensaient que l’élection se gagnait au « centre ». Tout indique que Sanders aurait pu mobiliser la classe ouvrière blanche et battre facilement Trump. Mais les démocrates ont désigné une candidate répugnante qui incarne ce que le parti démocrate est devenu : le parti des classes supérieures qui ont bénéficié de la mondialisation. Les prolétaires noirs et hispaniques ont voté très largement pour Clinton. Mais ils l'ont fait moins que pour Obama en 2012 (en pourcentage et en voix) malgré le discours ouvertement raciste de Trump. Le clivage racial est profond aux USA, et il n'est pas apparu avec Trump. Il faut noter que l’abstention (46%) a augmenté par rapport à 2012 (45%) et 2008 (43%), particulièrement parmi les minorités raciales. Globalement, Trump progresse (par rapport au candidat républicain Romney en 2012) chez les plus pauvres et les moins diplômés, alors qu’il régresse chez les plus riches et les plus diplômés. Dans le nord industriel sinistré de la Rust Belt (Michigan, Pennsylvanie), Trump remporte la victoire alors que la dernière victoire républicaine date de 1988 dans ces deux États. C'est un indice du décrochage de la classe ouvrière blanche par rapport aux démocrates.
Trump a mené une campagne ouvertement raciste, mettant en avant la nécessité de construire un mur à la frontière mexicaine et s’en prenant violemment aux musulmans. Mais il ne faut pas assimiler tous les électeurs de Trump à des racistes décérébrés ou croire que Trump a gagné uniquement grâce à ce discours raciste. Non, il a su orienter la colère des blancs sur le terrain raciste, mais l’élection s’est aussi et surtout joué sur le terrain économique. Pour les électeurs, les questions économiques arrivent de loin comme la préoccupation majeure (pour 52%), loin devant le terrorisme (18%) et l’immigration (13%). Et les Américains ont été écœurés par le double discours de Clinton révélé par Wikileaks. Pendant la campagne, Clinton a pris un virage « social », mais Wikileaks a révélé le contenu de ses conférences devant des grandes banques (grassement rémunérées) où elle promettait de largement servir la finance capitaliste. Cela a été dévastateur. Trump a pu se présenter comme le candidat anti-finance, déterminé à défendre l’Amérique profonde contre les élites mondialisées et financiarisées. Il a aussi promis de s’attaquer aux traités de libre-échange. Un discours particulièrement efficace auprès de la classe ouvrière du nord industriel. Clinton a pris un virage protectionniste pendant la campagne, mais cela est apparu comme la preuve de son opportunisme. Sur les questions internationales, Clinton a promis la multiplication des interventions guerrières, estimant qu’Obama avait été trop frileux. Le discours isolationniste de Trump a trouvé un large écho auprès d’une population qui perçoit bien que la multiplication des guerres « pour la paix et la démocratie » alimente le chaos et le terrorisme en retour.
Après la victoire du Brexit, l’élection de Trump est une manifestation spectaculaire de la crise d’hégémonie des élites néolibérales. Les catégories populaires décrochent massivement des partis bourgeois de centre gauche ou de centre droit. Malheureusement, ce décrochage bénéficie surtout aux partis et aux démagogues populistes d’extrême-droite, qui orientent la colère populaire sur le terrain du racisme et de la restriction des libertés publiques. Leur succès tient aussi à l’incapacité de la gauche anticapitaliste à incarner une alternative possible alors que l’extrême-droite fait croire qu’elle a des solutions.
Trump a promis un retour rapide à la croissance et à la prospérité, promettant le retour de la « Grande Amérique », une forme de capitalisme nationalo-corporatiste vendu comme protecteur. La désillusion va être terrible et rapide. Car une nouvelle récession de grande ampleur s’annonce dans les trimestres qui viennent, et les pseudo remèdes de Trump consisteront en fait à en faire payer le prix maximal pour les travailleurs. La colère et le désespoir redoubleront, ouvrant la voie à une possible radicalisation à droite d’autant plus lourde de dangers qu’il s’agit de la première puissance mondiale. La seule alternative à la barbarie qui s’annonce est une mobilisation unitaire de la classe ouvrière, dépassant les clivages raciaux, qui s’attaque au système capitaliste et qui porte le projet d’une autre société. Les communistes révolutionnaires doivent mettre toutes leurs forces pour la construire, sans mettre leur drapeau dans leur poche, mais au contraire en osant populariser un programme communiste à la hauteur de la crise historique du capitalisme que nous subissons aujourd’hui.