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Crise du capitalisme, résistances immédiates, nécessité du parti révolutionnaire
Europe : la crise tend les relations entre les classes
La situation générale est marquée par la poursuite des effets de la crise économique, tout particulièrement marqués en Europe. C’est vrai d’abord en Grèce, où l’explosion des déficits publics fait planer le risque d’un défaut de paiement ; cela conduit le gouvernement socialiste à accepter une tutelle de l’Union européenne et à mener dans ce cadre, au service des banquiers et des spéculateurs des attaques terribles contre les travailleurs. Pour les bourgeoisies européennes, se joue ainsi en Grèce la « répétition générale » de ce qui pourrait devenir une stratégie générale pour tous les pays, consistant en une offensive frontale et particulièrement brutale pour faire encore plus payer la crise aux travailleurs. Mais la résistance de ceux-ci a été immédiate et massive et, si elle se heurte comme partout à la politique de collaboration des bureaucraties syndicales avec le gouvernement, elle porte des promesses de radicalisation qui inquiètent au plus haut point les sommets de tous les pays de l’UE.
En Italie, la situation économique commence aussi à inquiéter sérieusement la bourgeoisie et les élections régionales confirment une situation particulièrement difficile, marquée par la victoire de Berlusconi et des droites sur fond de crise profonde du mouvement ouvrier qui avait lié son sort au précédent gouvernement, celui de Prodi (centre-gauche). Cela conduit à un record d’abstentions qui exprime à la fois la colère et le désarroi des travailleurs, certains n’hésitant pas cependant à faire grève et à porter ainsi l’espoir d’un retour de la classe ouvrière sur le devant de la scène.
En Grande-Bretagne, une série de luttes, notamment la grande grève de British Airways, pourrait signifier qu’un tel retour de la classe ouvrière a déjà commencé quelques semaines avant les élections législatives, où la victoire annoncée des conservateurs pourrait conduire à une forte tension des relations sociales.
France : comment vaincre Sarkozy ?
En France, c’est un regain évident de luttes ouvrières, malgré ses limites, qui s’est invité dans la période pré-électorale (1) et qui semble se poursuivre depuis, avec des défaites et surtout des trahisons comme pour les Total, les Philips de Dreux ou les enseignants d’Île-de-France, mais aussi quelques victoires dans la résistance (par exemple pour les Goodyear Amiens Nord).
La défaite de Sarkozy et de l’UMP aux élections régionales, sans impliquer le moindre plébiscite pour le PS de la part des travailleurs, qui se sont massivement abstenus, prouve en tout cas l’illégitimité de ce gouvernement (2). La question d’inclure le combat pour le chasser, pour se débarrasser de Sarkozy, est maintenant posée comme une perspective pour les luttes, si elles arrivent à se centraliser et à se politiser.
Or, poussé par une situation économique difficile pour la bourgeoisie française (qui se trouve affaiblie notamment par rapport à l’Allemagne, son alliée mais non moins rivale), notamment par un déficit budgétaire qui devient inquiétant pour les actionnaires et les investisseurs, le gouvernement Sarkozy ne peut pas tergiverser : il est bien décidé à mener jusqu’au bout son plan de contre-réformes pour rétablir la compétitivité des entreprises françaises aux dépens des acquis des travailleurs. C’est ce que montre tout particulièrement le projet de contre-réforme des retraites, dossier majeur de la prochaine période, qui nécessité de la part des travailleurs et de leurs organisations la préparation déterminée, dès maintenant, d’un affrontement central avec le pouvoir. Cela suppose de combattre pour l’auto-organisation des travailleurs, pour imposer la rupture des « concertations » des directions syndicales avec le gouvernement et pour poser politiquement l’objectif de la grève générale comme seul moyen de vaincre Sarkozy.
Réflexions internationalistes et théoriques
Pour nourrir les luttes immédiatement, les faire avancer vers des victoires et préparer leur avenir révolutionnaire, les travailleurs et les jeunes ont besoin non seulement d’un programme immédiat et de méthodes efficaces pour les luttes, mais aussi d’une orientation fondamentalement internationaliste, de discussions théorico-politiques et d’un parti révolutionnaire.
Pour nourrir la réflexion internationaliste, nous publions dans le présent bulletin, outre les articles déjà mentionnés sur la Grèce, l’Italie et la Grande-Bretagne, une contribution sur la situation en Irak, marquée par la défaite de la stratégie états-unienne dont Obama cherche à se sortir en préparant le retrait progressif de ses troupes à partir d’août et en tentant — en vain pour le moment — d’accélérer la légitimation du gouvernement irakien à sa botte ; c’est le sens des élections qui ont eu lieu mi-mars sur fond d’exacerbation des tensions entre les fractions de la bourgeoisie et des religieux irakiens, prises entre la poursuite de leurs intérêts propres, la pression de l’impérialisme et la résistance nationale des masses. Nous publions également une contribution sur le Chili où, après le terrible tremblement de terre du 27 février, le gouvernement tente de profiter de la situation pour s’attaquer aux libertés démo-cratiques et renforcer le contrôle patronal, tandis que des phéno-mènes de solidarité et de résistance ouvrières et populaires annoncent peut-être une tension des relations sociales quelques mois après la victoire de la droite aux élections.
En ce qui concerne le débat théorico-politique, nous avons choisi de nous pencher cette fois sur la question de la prostitution, qui fait l’objet d’un débat contradictoire au NPA. Nous avons abouti à une position commune qui articule le refus anticapitaliste de la prostitution comme phénomène social combinant l’exploitation marchande et l’oppression machiste des femmes, avec le combat immédiat pour les droits des prostituées en tant que travailleuses du sexe. Nous publions également deux tribunes contradictoires sur l’hypothèse d’un « travail du sexe » socialement reconnu dans la société communiste à venir...
Pour un NPA clairement révolutionnaire
Quant aux délimitations stratégiques du parti révolution-naire que nous voulons, le débat est relancé au sein du NPA après son échec électoral. Celui-ci s’explique notamment par les choix gravement erronés de la direction, dont la politique mêle confusion program-matique et décisions opportunistes, conduisant aujourd’hui à la fois à une impasse politique et à une dérive réformiste. C’est pourquoi la Tendance CLAIRE amplifie ses efforts pour convaincre que notre parti doit maintenant faire le choix d’une orientation clairement révolutionnaire et d’initiatives concrètes immédiates pour aider les travailleurs en lutte à converger et à s’auto-organiser ; cela rend plus que jamais nécessaire la construction d’une grande tendance révolutionnaire capable de peser fortement dans le parti.
Il ne s’agit d’ailleurs pas d’inventer la poudre, mais de concevoir la construction d’un parti révolutionnaire, adapté bien évidemment à la période actuelle, en s’inspirant des principes fondateurs du mouvement ouvrier révolutionnaire, tels qu’ils furent formulés notamment par Marx dans l’Adresse inaugurale de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) en 1864. Nous reproduisons plus loin ce vieux texte parce qu’il a le mérite de montrer que la diversité des sensibilités au sein d’une organisation ouvrière n’empêche pas, après un débat franc et sans concessions, de trancher à la majorité dans le sens de la révolution, qui se concentre stratégiquement dans le combat pour la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière et qui peut ainsi s’assumer comme définitivement clair...
1) Cf. notre contribution sur les luttes ouvrières (25/02), http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=124
2) Cf. notre contribution sur les élections (17/03), http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=143