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Chronique de la campagne présidentielle – épisode 20
Chaque week-end, nous publions une chronique de la campagne présidentielle. En commentant les faits marquants de la campagne, de notre point de vue qui est celui de communistes révolutionnaires ayant décidé de faire campagne pour la victoire de Mélenchon en 2022. Vous pouvez retrouver les précédentes chroniques sur le site de la Tendance Claire.
Depuis quelques semaines, nous avons commencé à publier une analyse critique du programme de l’Avenir en commun. Nous invitons tous nos lecteurs à suivre cette série de billets publiés désormais chaque jour sur notre site jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle.
Nous dédions cette chronique à la mémoire de notre camarade Alain Krivine, grande figure du mouvement trotskyste. Alors que tant d’autres sont devenus ensuite des renégats, Alain Krivine est resté fidèle à ses combats, en refusant toutes les compromissions (et les « hochets » qui vont avec). Nous avons eu la chance de le fréquenter à l’intérieur du NPA depuis sa fondation et d’apprécier toutes ses qualités humaines. Tous les militant.e.s du NPA, quelle que soit leur sensibilité, sont forcément énormément affectés par cette disparition. Sa mémoire et son héritage devront être transmis aux nouvelles générations, car le combat pour le communisme révolutionnaire et démocratique est plus que jamais à l’ordre du jour.
Au sommaire ce week-end :
- Mélenchon se stabilise à 12 %, avant la dernière ligne droite de la campagne
- Macron : un éventuel second mandat serait un carnage pour les travailleurs/ses
- Roussel : plus dure sera la chute
Mélenchon se stabilise à 12 %, avant la dernière ligne droite de la campagne
Dans le tableau ci-dessous, nous avons compilé tous les sondages de la semaine et comparé les intentions de vote avec les sondages précédents des mêmes instituts. A un mois de l’élection présidentielle, Mélenchon se stabilise autour de 12 % après sa progression de la semaine dernière.
Mélenchon patit probablement de l’invisibilisation de la campagne présidentielle dont bénéficie de façon évidente Macron (« effet drapeau »). Il serait sans doute plus haut dans les sondages actuellement sans la guerre en Ukraine.
Cette semaine, Mélenchon a affiné son programme fiscal : le taux marginal de l’impôt sur le revenu devrait être fixé à 90 % ; le calcul de la taxe foncière devrait être revu avec un taux progressif en fonction du patrimoine du ménage ; et une taxe de 50 % serait mise en place sur les bénéfices exceptionnels des « profiteurs de crise ». L’évènement de la semaine pour la campagne de Mélenchon a été la présentation ce samedi du « chiffrage » du programme. Un exercice salutaire, et nous espérons que les détails de toutes les hypothèses et calculs effectués seront publiés dans un document public. Cela permettra la discussion la plus riche possible. De notre point de vue, nous estimons que l’application des mesures les plus progressistes du programme de Mélenchon implique la rupture avec la propriété capitaliste (retirer le pouvoir économique à une minorité d’exploiteurs), et également des mesures de protection sérieuses face aux pressions des marchés internationaux.
La campagne de l’Union populaire va monter en puissance dans les 4 dernières semaines :
▶️ Dimanche 20 mars (14h) : marche + meeting à Paris
▶️ Dimanche 27 mars (14h) : marche + meeting à Marseille
▶️ Week-end du 2 avril : meeting à Toulouse
▶️ Mardi 5 avril : meeting à Lille et en hologramme dans une dizaine de villes
Malgré le contexte difficile, Mélenchon peut encore progresser. La bataille pour le second tour se jouera certainement entre lui et Le Pen, parmi les catégories populaires. En ce sens, nous estimons qu’aucun compromis ne doit être conclu avec les forces de la gauche bourgeoise et que le succès de Mélenchon repose sur sa capacité à incarner auprès des catégories populaires un projet de rupture avec l’ordre existant.
Macron : un éventuel second mandat serait un carnage pour les travailleurs/ses
Macron est désormais candidat, même s’il n’a toujours pas daigné présenté un programme. Mais des éléments commencent à apparaître, et ils confirment notre analyse (développée par notre camarade Ludovic lors de son entretien sur Le Média : un second mandat de Macron sera beaucoup plus brutal pour les travailleurs/ses que son premier mandat. En effet, il n’aurait plus le souci de sa réélection, et surtout il compte bien faire payer aux travailleurs/ses la facture de la crise du Covid par un recul massif des dépenses sociales.
Sa mesure phare est désormais connue : le recul à 65 ans de l’âge de départ légal à la retraite (ainsi que la suppression totale des régimes spéciaux de retraite). On peut faire confiance à Macron pour respecter cette promesse car les dépenses de retraite sont le principale levier pour baisser massivement les dépenses publiques, comme il s’est engagé à le faire devant les institutions européennes. Mais cela ne suffira pas pour baisser autant les dépenses sociales que ce que prévoit Macron. L’économiste Sterdyniak indique que Macron devra taper dans d’autres dépenses : non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, gel de la masse salariale des agents publics, et désindexation des prestations sociales. D’autres mesures choc ont en outre fuité : un dynamitage des 35 heures (puisque le temps de travail varierait en fonction de l’âge), une hausse des frais d’inscription à l’université, etc. Macron serait en « roue libre », sans aucun scrupule. Sans oublier la fin de la redevance de l’audiovisuel public, qui préparerait sa privatisation au grand bénéfice des milliardaires macronards.
Alors que Macron refuse tout débat, et en fait refuse jouer le jeu de la campagne électorale, il promet, après son élection, « un nouveau grand débat permanent » s’il est élu ! Ou comment prendre les gens pour des cons…
Face à l’envolée des prix du carburant, Castex a annoncé une « remise de 15 centimes » par litre d’essence. C’est symptômatique de la politique de Macron : verser une aumône aux travailleurs/ses sans toucher aux profits des profiteurs de guerre. D’une part, les 15 centimes de remise ne pèsent pas grand-chose face à l’envolée des prix. D’autre part, ce sont principalement les travailleurs/ses qui financeront la remise dont ils bénéficieront, puisque ce sont principaux eux qui paient les impôts ! La mesure d’urgence qui s’impose est évidemment le blocage des prix, financé en ponctionnant les profits des profiteurs de guerre.
Roussel : plus dure sera la chute
La dynamique Roussel s’est enrayée. Cette semaine, Roussel est en recul dans les sondages, autour de 3,5 %, en baisse moyenne de 0,5 %. En outre, Roussel est désormais visé pour une enquête du parquet national financier (PNF) pour « détournement de fonds publics », suite aux révélations de Mediapart sur son emploi fictif d’assistant parlementaire. Roussel a préféré s’enférer dans le déni, alors que l’enquête de Mediapart laisse peu de place au doute.
Néanmoins, Roussel tente d’entretenir la flamme : il a animé ce jeudi 10 mars un meeting à Paris au Cirque d’hiver, n’hésitant à revendiquer « plus de 5 000 participants » alors que la salle a une capacité maximale de 1 600 places. Il y avait certes environ 300 personnes dehors, mais on est loin des chiffres avancés par Roussel. Roussel a obtenu ces derniers jours les ralliements suivants : le parti radical de gauche (un petit parti de notables à la droite du PS), la Gauche républicaine et socialiste de Maurel et Lienmann (qui avait soutenu Montebourg) et la Nouvelle gauche socialiste de Liêm Hoang Ngoc (ex de la France insoumise qui a rompu quand il n’a pas obtenu une place éligible aux élections européennes de 2019). Ce qui rassemble ces soutiens est assez rance : c’est la ligne franchouillarde, cocardière, de Roussel qui les séduit face à la soi-disant dérive « indigéniste » de Mélenchon, qui aurait rompu avec « la République » et « la laïcité ». Alors que Roussel n’avait pas hésité à rendre hommage à Charb au siège du PCF en compagnie de proches du « Printemps républicain », il a réitéré son soutien à la ligne de Charlie Hebdo : « quand on travaille à Charlie Hebdo, on est pas islamophobe ». Et par opportunisme et « effet drapeau », il a abandonné sa revendication de sortie de l’OTAN qui ne « serait pas d’actualité ».
La démagogie franchouillarde de Roussel, qui bénéficie du relais complaisant des médias les plus réactionnaires qui y voit un moyen d’affaiblir Mélenchon, atteint aujourd’hui ses limites.