[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

    Newsletter

    Ailleurs sur le Web [RSS]

    Lire plus...

    Twitter

    C’est l’histoire d’un film...

    Par Kolya Fizmatov (24 avril 2014)
    Tweeter Facebook

    _Tu la connais celle du vieux catho réac qui marrie ses quatre filles ?
    _Non, raconte.
    _La première épouse un arabe, la deuxième un juif, la troisième un chinois et la dernière un africain.
    _Trop fort ! Et après ?
    _Y'a des conflits et des malentendus.
    _Et puis ?
    _Et puis tout ce petit monde fini par s'accepter et former une famille super unie.
    _...
    _The end.
    _Elle est pourrie, ta blague.

    Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu est un mauvais film. Jusqu'à là, rien de grave ni de très exceptionnel. Mais c'est aussi un film hypocrite, et surtout un pur produit de la pensée dominante. Censé dénoncer l'intolérance et prôner l'ouverture aux autres, il se réduit à une impressionnante accumulation de clichés qui évacue in fine la question du racisme.

    La famille ivoirienne a le rythme dans la peau. La mère et sa fille dansent la zumba, le père le coupé-décalé. Ils sont toujours souriants, sauf le père mais c'est parce qu'il fait la gueule. A la fin, il nous offre un sourire éclatant. Les Noirs sont sympa.

    Le Chinois est très poli et fait tout son possible pour ne mettre personne mal à l'aise. Naturellement, une scène de bagarre vient nous rappeler qu'il pratique les arts martiaux. Les Chinois sont discrets, mais faut pas les chercher.

    L'arabe est avocat (haha ! Vous ne l'aviez pas vu venir, hein?). Au tribunal de Bobigny, il défend des petits délinquants noirs et arabes. Il est musulman, bien entendu. C'est à dire qu'il ne mange pas de porc (mais boit du vin et ne se préoccupe pas de la viande halal). Les arabes sont, somme toute, bien intégrés.

    Le juif... ah, dur, le juif. On n'est plus au temps de Rabbi Jacob et essayez donc de rigoler avec le conflit israelo-palestinien. D'un autre coté, il faut bien qu'il soit victime de préjugés. Sinon, c'est juste un Français comme les autres, presque un privilégié... Bon, il reste à faire de l'humour autour de la circoncision (un chien qui mange un prépuce, c'est drôle, non?). Les juifs sont comme nous, juste en plus bizarre.

    Aucune gêne à étaler les stéréotypes les plus éculés : c'est pour la bonne cause ! Et puis, tant que les Arabes ne sont pas voleurs, les Noirs stupides, les Chinois machiavéliques et les Juifs malhonnêtes, la morale est sauve.

    Preuve que le film n'est vraiment pas raciste, les seuls clichés négatifs concernent les Blancs: couple catho coincé, prétendant laid et ennuyeux, curé à l'ouest... Au final, les parents finiront par embrasser la diversité, sa chaleur et sa bonne humeur communicative. La remarque censée émaner d'un voisin persifleur résume en fait parfaitement l'esprit du film : « Voilà la famille Benetton ».

    Pas de racisme, que des racistes

    Dans un film où tout le monde (et surtout les Français « de souche ») se défendent de l'être, le racisme est le grand absent. Et pour cause : il n'existe tout simplement pas. Il y a bien des racistes, porteurs de préjugés par ignorance. Mais aucun système de domination n'en résulte. Aucun des quatre gendres n'est discriminé dans l'accession à l'emploi ou au logement, aucun n'a affaire à la police, ils ne sont pas sommés de prouver leur loyauté au « modèle républicain ». Le racisme est ici une affaire purement individuelle, curable par psychanalyse (!).

    Une fois réduit à cette seule dimension, il se combine à toutes les sauces : celui des Blancs vaut bien celui des Noirs, on trouve des gens obtus partout (on prend même la peine de mentionner que les Algériens n'aiment pas forcément les Marocains ; les Séfarades, les Askhénazes ; ni les Chinois... d'autres Chinois). Égaux dans le ridicule, le père français et le père ivoirien qui rechignent tous les deux aux unions mixtes incarnent cette belle et trompeuse symétrie. Leur récriminations sont d'une même mauvaise foi, donc « la France a pillé l'Afrique » vaut bien « les Noirs sont des feignants ». Évidemment, ils finiront par tomber dans les bras l'un de l'autre, imbibés de calva et avouant une mutuelle admiration pour De Gaulle...

    Au final, sans système raciste à abattre, que faut-il aux Français « de la diversité » ? De l'amour, voyons ! Une épouse blanche et une belle-famille accueillante.

    Le film a au moins le mérite de montrer, non seulement que le racisme ne se combat pas à coup de bons sentiments, mais justement que la morale politiquement correcte s'acoquine à merveille avec les clichés les plus imbéciles (on notera la présence au générique d'Elie Semoun, une des grandes figures du pseudo anti-racisme officiel). La seule chose à sauver est peut-être une réplique du père ivoirien pour qui cette profusion de mariages mixtes n'évoque pas Benetton mais... « une famille de communistes » !

    Télécharger au format pdf

    Ces articles pourraient vous intéresser :

    France

    Licenciements massifs, austérité et illégitimité de Macron/Barnier... Les appels à mobilisation doivent converger pour un grand mouvement social uni

    Les annonces sont tombées au début du mois de novembre : Auchan et Michelin, fleurons du capitalisme français, vont respectivement supprimer 2 500 et 1 250 emplois en France. Ce n’est que le début : le ministre de l’Industrie dit s’attendre à « de nouvelles annonces de fermetures de sites industriels » et le Ministère du Travail a recensé plus de 50 000 « procédures collectives ouvertes par les entreprises en difficulté »

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    Agriculture

    Le mouvement des agriculteurs/trices à un tournant. Une seule solution : l’auto-organisation contre la direction des grands propriétaires et des capitalistes de la FNSEA !

    En moins de 10 jours, le puissant mouvement de colère des agriculteurs/trices a réussi à contraindre Attal à annoncer une série de mesure immédiates pour tenter d’éteindre le risque d’incendie généralisé. Initié d’abord par une base d’agriculteurs/trices regroupé.e.s notamment dans la « coordination rurale », le mouvement a rapidement été tiraillé entre deux pôles : l’un radical, avec des actions visant directement l’État, les flux et les grands groupes de l’alimentation et l’autre qui s’est posé comme « raisonnable » et « constructif » incarné et dirigé par la FNSEA, le plus gros syndicat agricole de France.

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    Culture

    Andromaque ou la victoire d’une résistante à l’oppression

    L’Andromaque de Racine est une pièce très politique. C’est ce qu’a bien compris Stéphane Braunschweig qui en propose une version remarquable, avec d’excellent-e-s comédien-ne-s, au théâtre de l’Odéon à Paris (16 novembre-22 décembre). Alors qu’elle est présentée généralement comme une grande tragédie d’amour (« Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector, qui est mort »), le metteur en scène voit là une manière de « déconnecter la situation affective des personnages de leur contexte historico-mythologique : la fin de la guerre de Troie avec toutes ses atrocités et ses conséquences ».

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    social

    Grève du 3 juin 2021 : les crèches, malgré une mobilisation de deux ans, toujours dans le collimateur du gouvernement

    Malgré les fortes mobilisations des salarié·e·s du secteur de la petite enfance, depuis maintenant plus de deux ans, le gouvernement de Macron s’obstine à vouloir passer en force et imposer son projet de réforme des établissements d'accueil des jeunes enfants (EAJE), initié par le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles, Adrien Taquet. Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook