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Alain Minc, lauréat du prix du livre politique et toujours aussi bourgeois
Quelle belle victoire remportée par M. Minc ! Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, rappelons le parcours de l'ancien loup aux dents si longues qu'elles rayaient le parquet, devenu parfait chien de garde, aux dents toujours aussi longues et affûtées.
Alain Minc fait partie de la fine fleur des capitalistes qui, après avoir quitté le public pour passer au privé, est devenu un des pires (ou meilleur, ça dépend du point de vue) promoteur de l'ultra-libéralisme : anciennement membre du conseil d'administration de Vinci, il est aujourd'hui membre entre autre des conseils de la Fnac, Yves Saint Laurent, Poewo. Il est président de la Sanef, l'une des principales sociétés d’autoroutes de France. Avec son entreprise AM conseils, il donne des conseils : aux membres de gouvernement (c'est un ancien proche de Sarkozy), aux gérants d’entreprises etc. Accessoirement, il est président de la société des lecteurs du journal Le Monde, ainsi que président du conseil de surveillance du journal Le Monde depuis 1994. Il est aussi éditorialiste et animateur de l'émission « Face à : Alain Minc » sur la grande chaîne culturelle D8. Accessoirement, il est aussi écrivain : 37 livres publiés, dont deux qui lui ont valu des procès pour plagiat, et le dernier, « Un français de tant de souches », qui lui à valu sa décoration de l'année qu'il mettra sûrement à côté de la légion d'honneur qu'il à reçu en 2008.
Le prix du livre politique est l’événement de l'année dans la sphère médiatico politique : tou-te-s les journalistes « d'influence » s'y précipitent, afin, une fois n'est pas coutume[1], de se retrouver pour tailler le bout de gras, savoir qui change de journal ou d'antenne, qui sera à la place de qui, qui présentera quoi.
Ainsi, le festival de Cannes du journalisme politique réuni depuis 1995 un jury qui devra accorder le Graal à un-e quelconque auteur/autrice. Cette année, le président était Costa Gavras (mais si, vous savez, le cinéaste engagé qui avait déclaré en 2015 « Tsipras fait tout pour tenir ses promesses »[2]). Dans le reste de la marmite, en tant que membres du jury, on trouve pèle mêle Arlette Chabot, Laurent Joffrin, Brice Teinturier[3]. Bref, nous retrouvons tou-te-s celles et ceux qui font le journalisme de masse tel qu'il est aujourd'hui.
Ainsi, après avoir lu et discuté, ces collègues de travail décident de qui sera le grand gagnant de l'année (en général un ancien de chez eux-elles : Joffrin et Bazin ont déjà remporté un prix.). Notons tout de même que certaines femmes ont aussi été lauréates : citons, sur les cinq, Fadela Amara ou encore Caroline Fourest...
Bref, revenons-en à l'actuel lauréat. Si ce personnage aux multiples casquettes mérite que nous nous intéressions un peu à lui, ce n'est pas pour le fond de son livre. Comme d'habitude, il s'agit d'un éloge du système, du meilleur des mondes possibles, etc. Non, il s'agit d'autre chose. Aujourd'hui sur France Info[4], Minc à été interviewé pour discuter un peu de la situation actuelle : la loi travail, la montée du FN etc. Cela semble pertinent que le gagnant du prix du livre politique donne son point de vue sur la situation politique actuelle. Ce sont donc ses réponses qui nous intéressent.
Lorsque la journaliste lui demande ce qu'il pense de la loi El Khomri, Minc répond « je la trouve très bien et nécessaire, bien qu'elle mérite d'être approfondie ». Évidemment, du point de vue d'un patron de plusieurs grand groupe, comment ne pas être heureux de ce torchon qui multiplie les cadeaux à votre égard.
Mais ce n'est pas tout, car Alain est engagé contre le FN. Pour ne pas voir Marine Le Pen présidente en 2017, il fait son deuxième boulot : il conseille « Je suis pour Juppé car s'il se retrouve face à Le Pen en 2017, les Français de gauche voteront pour lui pour faire barrage. ». Selon lui, ça ne sera pas le cas si Hollande ou Sarkozy sont présidentiables : la gauche ne voterait pas pour Sarkozy, de même que la droite ne voterait pas pour Hollande. Il demande aussi aux centristes de ne pas présenter de candidat-e-s afin de ne pas diviser les votes.
Il faut donc le souligner, Alain Minc n'a que faire de la gauche ou de la droite. Pour lui, il s'agit simplement de faire barrage au FN en plaçant sa confiance dans les electeurs/electrices, ou plutôt dans les représentants politiques qu'il connaît bien.
Cette position, qui peut sembler confusionniste, est simplement opportuniste : en tant que parfait capitaliste, il préfère logiquement quelqu'un comme Manuel Valls et son discours « je suis pro business » que Marine Le Pen qui préfère faire de la démagogie en prônant un retour au protectionnisme.
Finalement, le fond du problème ne vient pas des opinions de M. Minc mais bien de la connivence entre « grands » médias, politiques, et intérêts privés. Cette connivence met au grand jour l'organisation de la bourgeoisie et la nécessité de la lutte des classes.
Il est temps pour nous de nous organiser à grande échelle pour empêcher ces apôtres du tout capitalisme d'occuper chaque espace médiatique pour nous servir chaque jours la même soupe infecte.
Disons le nous : ces gens font partie de la même famille, la bourgeoisie, qui en occupant les conseils d'administration des grands groupes, les postes gouvernementaux et les directions médiatiques contrôle dans ses propres intérêts les rouages de la machine capitaliste.
A bas ces chiens de gardes du capitalisme (et tou-te-s les capitalistes ) !
[1] Voir Les nouveaux chiens de garde https://www.youtube.com/watch?v=PLE4j9LeLqM
[2] http://www.lefigaro.fr/cinema/2015/07/02/03002-20150702ARTFIG00110-costa-gavras-tsipras-fait-tout-pour-tenir-ses-promesses.php
[3] http://www.lirelasociete.com/lire-la-politique/journee-du-livre-politique-2016/182-jury-du-prix-du-livre-politique-2016
[4] http://www.franceinfo.fr/fil-info/article/le-prix-du-livre-politique-decerne-alain-minc-pour-un-francais-de-tant-de-souches-773745