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Primaires socialistes : stade terminal d’un parti à l’agonie
Les dirigeants du parti socialiste auront essayé de nous faire croire que leur primaire était un joli succès populaire ! En magouillant les chiffres de participation pendant la journée de dimanche, ils nous ont fait croire que la participation approchait les 2 millions. Le margoulin Cambadélis a essayé de sauver les meubles en distillant les « éléments de langage ». Mais en réalité, elle sera nettement inférieure, bien loin de la participation de la primaire de 2011, et encore davantage de celle de la droite de l’automne dernier. Les Français, et encore davantage les catégories populaires, ont boycotté ce sinistre spectacle destiné à recréer l’engouement autour du PS. Malgré cette faible participation et le soutien de l’appareil du PS, Valls subit une lourde défaite, et, sauf miracle ou bourrage d’urnes, il sera balayé dimanche prochain, ce qui va ouvrir une crise sans précédent du parti socialiste.
Hamon : la victoire de la « gauche bobo »
La victoire de Hamon (36%) n’est pas la revanche de l’électorat populaire contre les politiques d’austérité de Valls. De façon « habile », Hamon a pris acte de la coupure entre les catégories populaires et le PS. Il a donc, soit abandonné, soit mis au second plan, le programme traditionnel de la gauche social-démocrate. Il s’est présenté en candidat de la « modernité », de la « révolution numérique », et des réformes sociétales (légalisation du cannabis, droit à l’euthanasie, etc.). Il s’est adressé à une « niche » : les milieux aisés, diplômés, urbains, la France des métropoles qui profite de la mondialisation, mais qui a le cœur à gauche. Paradoxe apparent mais révélateur de ce qu’est devenu le PS: c'est son électorat le plus aisé qui en constitue désormais la frange un tant soit peu progressiste.
Ne nous trompons pas : ce n'est pas parce que la majorité des éditorialistes crapuleu.x.ses voient en Hamon soit « davantage comme un chef de l’opposition que comme un présidentiable », soit comme un « social-populiste » soit selon un proche de l'islamophobe Valls comme « le candidat des Frères musulmans » que nous devons a notre tour le considérer comme sympathique et être compatissant.e.s à son égard. Hamon, dans sa grande fougue contre la loi travail n'a jamais voté la motion de censure qui aurait fait tomber le gouvernement de Hollande. En restant au PS tout en protestant mollement contre Valls et compagnie, il n'a fait que préparer son rôle de « candidat de gauche » d'un parti de droite[1][2].
Certes, Hamon s’est positionné contre la loi travail. Mais il entretient le flou sur le CICE/Pacte de responsabilité et ne propose pas de réduire le temps de travail sans perte de salaire. Sa réponse à ce qu’il appelle la « raréfaction » du travail est le revenu universel et la baisse des cotisations sociales pour inciter les patrons à réduire le temps de travail. Son modèle est la loi de Robien, la réduction de la durée légale du temps de travail étant jugée trop rigide. Au lieu de défendre la Sécurité sociale, la socialisation du salaire, les droits collectifs des travailleurs, il préfère séduire les bobos avec un « revenu de base », dans une logique libérale et individualiste.
Montebourg : pas crédible dans le rôle de défenseur des catégories populaires !
Montebourg a subi une lourde défaite (17,5%), écrasé par Hamon qui a incarné l’opposition à Valls. Il paie un positionnement ambigü. Dans un premier temps, il s’est présenté sur le terrain de Macron, en se présentant comme le candidat de la « gauche entrepreneuriale ». Son slogan de campagne était « Libérer des Français », un slogan digne du Medef. Epaulé par son directeur de campagne François Kalfon, un ex supporter de DSK, il s’est présenté comme le candidat de la gauche de la production (et pas seulement de la redistribution), soucieux des demandes des entreprises. Il s’est revendiqué du « gaullisme ». Tout ceci est d’ailleurs dans la continuité de sa sale besogne de ministre. Puis, il s’est positionné comme le candidat de la « feuille de paie » et a pris un tournant à gauche : pour taxer les banques, pour nationaliser si besoin certaines entreprises, pour redistribuer une partie du CICE/Pacte de responsabilité aux ménages, pour abroger la loi travail, etc. Il a repris le programme keynésien traditionnel de la gauche sociale-démocrate et a cherché à s’adresser aux catégories populaires. Grâce à ce positionnement, il a rallié la plupart des frondeurs (dont leur chef de file Christian Paul), les principaux dirigeants du courant de Lienemann (Jérôme Guedj, Emmanuel Maurel), et Gérard Filoche. Mais il a fait face à un double problème : d’une part, il n’a pas été jugé crédible pour incarner cette gauche populaire anti-austérité ; d’autre part, il n’a pas compris que les classes populaires ne reviendraient pas vers le PS, durablement dégoûtés par ce parti. Il a voulu s’adresser à la « France périphérique », mais il n’avait pas de quoi la ramener vers le PS. Quelques mesures sociales, des incantations abstraites contre l’Europe, ne font pas un projet politique, et il ne pouvait pas concurrencer Le Pen et Mélenchon sur ce terrain là.
Valls : après la gifle, un gros coup de poing en attendant le KO dimanche prochain
Valls a réussi l’exploit de recueillir moins d’un tiers des voix (à peine 500 000 voix) alors qu’il disposait du soutien d’une grande majorité des élus et de l’appareil socialiste. La faiblesse de la participation lui a évité une déconvenue encore plus importante. Valls apparaît de plus en plus comme un personnage pathétique, qui n’a rien à proposer et qui se contente de parler de façon mécanique d’autorité et de république, en pensant qu’il suffit d’avoir l’air présidentiable pour le devenir. Même si les catégories populaires ne se sont pas mobilisées, les bobos ne veulent plus de lui non plus. Dimanche prochain, il subira une lourde défaite. Quelques poids lourds du PS, comme Aubry, ont attendu qu’il ait un genoux à terre pour sonner la charge et appeler à l’éliminer pour de bon dimanche prochain. Seule Pinel s’est reporté sur lui… un maigre renfort !
Vers l’explosion du parti socialiste
La victoire de Hamon va probablement faire exploser le PS. Même si Valls ne pourra, au moins dans un premier temps, que le soutenir du bout des lèvres, la plupart de ses soutiens basculeront vers Macron. Ce n’est pas tant que Hamon est « inacceptable » pour eux. C’est un pur produit de l’appareil socialiste, petit bureaucrate depuis son plus jeune âge. Mais ils préfèreront essayer de sauver leur peau en profitant de la dynamique autour de Macron. Ce sera le sauve-qui-peut. Les députés chercheront l’investiture de « En marche » pour essayer d’éviter de sombrer. Mais Macron fera le tri : pas question de prendre les « crevards » a averti récemment un animateur de la campagne de Macron.
Cette primaire pathétique, avec une faible participation et des magouilles sur le nombre de participants, est à l’image du parti socialiste : la décomposition atteint aujourd’hui son stade terminal. Hamon a gagné en mobilisant une « niche » électorale significative de ce qu’est devenu le PS, un parti totalement coupé des ouvriers et des employés. Il ne pourra pas se frayer une place entre Mélenchon et Macron. Au mieux, sa candidature aura pour fonction d’empêcher Mélenchon d’accéder au second tour, mais il est condamné à un destin à la Gaston Defferre (candidat de la SFIO à l’élection présidentielle de 1969), qui a réuni autour de 5%.
Nous nous félicitons de la crise terminale de ce parti, qui est passé totalement du côté de l’ordre bourgeois, et qui a totalement perdu ses racines ouvrières depuis bien longtemps. Ce parti nauséabond usurpe depuis bien trop longtemps le joli mot de « socialiste ».
Vive la mort du parti socialiste !
[1] https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/soiree-electorale-comment-les-editorialistes-se-sont-dechain
[2] http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/01/23/manuel-valls-faire-autorite-ou-jouer-le-social_1543579