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Gilets jaunes et syndicats : après les manifestations du 5 février, il faut un appel clair des directions syndicales à la grève générale et au blocage de l’économie
Les manifestations du 5 février étaient appelées par la CGT et Solidaires, plus timidement et localement par FO et la FSU. Elles étaient aussi appelées par la coordination des AG de gilets jaunes de Commercy et par des figures du mouvement (Eric Drouet, François Boulo, etc.). Une vraie convergence s'est opérée dans les cortèges qui regroupaient syndiqués et gilets jaunes indifféremment. C'est très positif.
Les manifestations ont été significatives : 137.200 selon la police, près de 300.000 personnes ont manifesté en France selon la CGT, un niveau similaire à celui du 9 octobre dernier. C'est beaucoup plus que le 14 décembre dernier. Le fait que la plupart des groupes de gilets jaunes aient appelé aux manifestations, en y donnant un autre contenu (l'objectif de la grève générale, du blocage de l'économie), a contribué à l'ampleur des manifestations.
A Paris, entre 14.000 et 30.000 personnes ont manifesté, avec un immense cortège de tête regroupant environ le tiers de la manifestation (voir aussi les compte-rendus de nos correspondants à Orléans, Auxerre, Nantes et Nancy). Sur la place de la Concorde, les CRS ont violemment attaqué les manifestants pacifiques, à coups de matraques, de gaz, et de tirs de flashball. La répression continue, le gouvernement ne changea pas d'un iota sa fuite en avant répressive.
Cette journée de mobilisation n'était pas ordinaire. Elle s'est accompagnée de très nombreux blocages de routes. Dans la nuit du 4 au 5 février, des centaines de gilets jaunes et de militants CGT ont bloqué des entrées de Rungis. De nombreuses universités étaient également bloquées.
Malgré les aspects positifs de cette journée, cela n'a pas été la déferlante. La responsabilité en incombe totalement aux directions syndicales. Au lieu de s'appuyer sur les appels des gilets jaunes pour lancer à leur tour un appel clair à la grève générale et au blocage de l'économie, elles ont bien précisé que ce devait être une journée de mobilisation comme toutes les autres. Martinez, qui au bout de trois mois de mobilisation, dit avoir en fin « fait connaissance » avec les gilets jaunes (après leur avoir bien craché à la figure...), a indiqué avant cette journée que la prochaine journée de mobilisation serait dans plus d'un mois, autour de la mi mars. Il a également précisé que la grève générale était un « mythe » « qui ne voulait rien dire » ! Martinez persiste donc à borner son horizon syndical à des journées d'action dispersées qui ont prouvé leur totale inefficacité ! De son côté, Solidaires affiche la nécessité de dépasser le cadre des journées d'action, sans toutefois interpeller clairement la direction de la CGT sur la question de l'appel à la grève générale.
Beaucoup de travailleurs/ses seraient prêt.e.s à s'engager pleinement dans la bagarre si un plan de bataille concret et crédible était organisé par les directions syndicales. Mais ils ne veulent plus des journées d'action bidons des bureaucraties syndicales. La force du mouvement des gilets est d'avoir bousculé et ringardisé les routines des bureaucrates, englués dans le dialogue social et les manifestations routinières. Mais pour réellement vaincre Macron, il faut bloquer le pays, et cela passe nécessairement par une grève de masse.
Partout sur nos lieux de travail, dans les AG de gilets jaunes, nous devons discuter de la situation et poser toutes les questions sans tabou. Il faut mener le combat pour imposer à nos dirigeants syndicaux un plan de bataille pour qu'ils organisent une grève qui bloque les profits. Les appareils syndicaux devraient servir à mettre en place des blocages stratégiques en lien avec les AG de gilets jaunes. Nous n'avons pas d'autre alternative que de développer l'auto-organisation sur nos lieux de travail pour rassembler syndiqués et non syndiqués, construire des liens avec les AG de gilets jaunes, et décider d'actions qui contribuent à massifier le mouvement.
La convergence qui s'est opérée le 5 février entre gilets jaunes et syndicats ne doit pas être un coup d'épée dans l'eau. Elle doit notamment se renouveler à toutes les échéances du samedi : il faut renforcer la mobilisation pour les actes 13, 14... en obligeant les directions syndicales à mobiliser pour les manifestations et actions du samedi. Et il faut surtout faire franchir un seuil dans la mobilisation, au-delà de la répétition des manifestations du samedi.
Macron dégage ! Dehors le gouvernement du Medef !
Continuons le combat pour la grève générale et le blocage de l'économie !
Crédit photo : Libération